La montée des nationalismes et le printemps des peuples en Europe. Possibilité de traiter du rôle de la France dans les questions d’unité des États notamment l’État allemand en formation et l’Italie. Étude des nationalismes italiens et allemands au programme.

Introduction

Suite à la défaite de Napoléon Ier à Waterloo, l’aventure impériale s’achève et la France entre dans la Seconde Restauration. Dès lors, les pays vainqueurs de la France instaurent un nouvel ordre européen avec le Congrès de Vienne sous l’Egide du chancelier Metternich.

Ce congrès a pour but de construire une Europe fondée sur un certain équilibre des puissances occidentale. Tout cela se fait dans le cadre de la Sainte Alliance qui incarne des principes conservateurs.

Dès lors nous avons deux tendances qui vont s’opposer, les libéraux qui sont contre le principe de l’autorité au profit d’un équilibre des pouvoirs, et les conservateurs qui sont pour la monarchie absolue. Nous avons deux notions qui vont naître des idées- des révolutionnaires ; le libéralisme et le nationalisme qui vont s’opposer au système de Metternich qui rétablit les monarchies en Europe.

Le printemps des peuples ou printemps des révolutions de 1848-1849 est donc une conséquence du Congrès qui ne tient pas compte des aspirations libérales et nationales des peuples. Au contraire, le congrès de Vienne va étouffer les mouvements patriotiques menaçants. Le printemps des peuples est donc un ensemble de soulèvements partout en Europe qui vont être déclenchés suite à la Révolution du peuple parisien (qui force Louis-Philippe à abdiquer et proclamer la seconde république). Cette révolution de Paris provoque donc un engrenage qui a poussé aux révolutions dans les autres pays et qui va faire naître l’espoir de fonder une république universelle.

Les Révolutions de 1848-1849 peuvent être perçues comme une union des peuples, une solidarité européenne pour lutter contre les monarchies et en finir avec l’absolutisme. Cette union aurait pu mener à ce que Victor Hugo appelle les « États-Unis d’Europe ». Cela étant, au-delà de cette fraternité que l’on peut imaginer, on constate que les révolutions dans certains pays ont été un moyen de déclencher un processus d’unité nationale.

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Cours

  1. La Nation : émergence et affirmation

    1. Le contexte politique : Etats et Nations en 1815

Nation peut se définir comme une entité socio-culturelle, une communauté historique qui partage un certain nombre d’éléments communs (langue, coutume, histoire, religion). Ces nations ont une existence objective qui n’a pas été prise en compte par le congrès de Vienne, ce qui explique que la plupart de ces nations aspirent à devenir des états-nations. C’est dans la marge entre nations et états nations que va se déployer le mouvement des nationalités.

Pour toutes les nationalités on a des situations très diverses. Les italiens sont morcelés en 7 états/ royaumes/principautés.

Les peuples germaniques sont éclatés entre de multiples royaumes/villes libres/états/duchés….

    1. Les origines du mouvement

1ere source : tout ce qui se rattache de près ou de loin à la révolution française.

Elle agit sur le fait national par l’influence idéologique (la DDHC qui affirme les principes d’égalité pour l’individu mais aussi pour la nation). Tout le discours sur la liberté s’applique aux nations et donne naissance au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. La proclamation de la souveraineté de la nation va dans le même sens : ce qui fait la nation c’est la volonté du peuple et non celle du souverain.

Toute l’influence idéologique révolutionnaire coule dans les veines du mouvement national. Le mouvement national s’est construit contre l’occupant, dans une haine anti française qui a contribué à faire naître le sentiment national ou au moins a la renforcer. La Source révolutionnaire est très importante et donne naissance a une conception libérale et démocratique qui conçoit la nation comme essentiellement lié à la volonté de vivre ensemble (adhésion a des valeurs communes).

2eme source : le traditionalisme qui insiste sur les réalités objectives qui font la nation et dont les tenants considèrent que la nation est une donnée supérieure aux individus, indépendante de leur niveau de conscience nationale. L’histoire, la langue, la religion font partie des données objectives qui rentre dans la définition traditionaliste de la nation.

Irlandais catholiques face aux anglais protestants, peuple orthodoxe face a l’empire musulman….

Identité pour affirmer son existence contre un autre peuple qui pratique une autre religion/langue…

    1. Une affirmation marginale

Le Mouvement national se recrute au sein des milieux intellectuels. Le mouvement va faire des intellectuels un moteur pour les idées.

On va trouver aussi dans ces acteurs des forces religieuses (clergé fournit souvent des cadres pour le mouvement national.)

Les forces économiques (commerçants, entrepreneurs…) qui vont rejoindre le mouvement national. Le développement de l’économie appelle au dépassement des particularismes et du morcellement politique.

Le Mouvement national culmine en 1848 mais échoue cette même année. C’est sur la base de 1848 qu’il va se reconstruire en tirant des leçons de son échec. Il va ensuite déboucher sur des résultats divers : on va séparer des cas dans lequel le nationalisme a été force de renseignement. Ce n’est pas le fait des masses populaires. Celle-ci reste indifférente a ces questions là.

  1. Des rassemblements nationalistes qui trouvent certains échos

    1. L’unification italienne (Etude de cas possible autour de Garibaldi)

L’Italie au 19e= 8 états : 3 duchés (Toscane, Parme, Modène), 1 royaume (Lombard-Vénitien), 3 états de l’église et le royaume de Piémont-Sardaigne.

Sud pauvre dominé par l’aristocratie. Nord qui est en cours d’industrialisation avec une bourgeoisie dynamique.

Territoire qui est traversé depuis le début du siècle par un mouvement patriote le

« risorgimento » (=réveil, renaissance) avec sa dimension culturelle. Dimension aussi politique avec des sociétés secrètes (les Carbonari) mais aussi la Jeune Italie va jouer un rôle important, fondé en 1832 par Mazzini qui se donne pour mission l’unité de la péninsule, dans le courant des grandes utopies du 19e du bonheur universel. Dans la Jeune Italie, on trouve dès les premières années Garibaldi (héros des deux mondes), qui lui est un républicain.

Dans cette péninsule, un état émerge à la faveur des révolutions de 1848 et va devenir l’état moteur de cette unité : c’est le Piémont. État qui ne domine pas territorialement. Le Roi Victor-Emmanuel II et son 1er ministre Cavour vont enclencher le processus unitaire. Cavour va engager des actions sur plusieurs plans :

politique : rassemblement de tous les patriotes italiens autour de lui et au piémont, libéraux, républicains, ceux qui sont pourchassé par les états politiques italiens indépendamment des divergences politiques. Il veut faire en sorte que ces divergences soit mise de coté pour que les forces convergent en direction de l’unité

économique : modernisation du royaume sur le plan des transports, infrastructures, du système bancaire… afin de faire converger les intérêts politiques de ceux des bourgeois

diplomatique : Cavour assure l’influence du Piémont a l’échelle européenne. Pour ça il engage le Piémont en 1853-1856 dans la guerre de Crimée (Russie vs empire ottoman, France, GB).

Construction patiente organisé de la part de Cavour et du mouvement patriote qui le soutien en vue de réunir les conditions pour cette unité. A partir de là, va pouvoir s’enclencher le processus unitaire :

-1859= guerre entre le piémont/ France vs l’Autriche. L’Autriche est vaincue. Guerre qui permet d’unifier le Piémont avec la Lombardie et les 3 duchés (Parme, Toscane et Modène)

-1860-1861= l’expédition des milles ou milles chemises rouges, c’est la que Garibaldi entre en scène. Le royaume des Deux-Siciles est indépendant. Cavour utilise un moyen détourné, utilisation des forces républicaines pour organisé une expédition qu’on envoie débarquer en Sicile au « secours » d’éléments patriotes, insurgés contre le roi des Deux-Siciles. Victor-Emmanuel II est proclamé roi d’Italie.

-1866= rattachement de la Vénétie suite a la défaite de l’Autriche face a la Prusse (défaite de Sadowa). La Prusse étant alliée de l’Italie, elle lui donne la Vénétie.

-1871 : étape finale de l’unification italienne. Il faut ensuite faire passer cette unification dans les mentalités.

    1. D’un espace fractionné à l’unité : L’état-nation allemand

Division de l’espace germanique encore plus poussé que dans le cas italien car il a y une quarantaine d’états de différentes tailles.

La partie allemande de l’Autriche est partie prenante de l’espace germanique. Intérêt économique de tout ces états ont déjà permis depuis 1834 de créer un espace douaniers commun le « Zollwerein » entre à terme la plupart des 40 états allemands. Milieu industriel pousse à l’unité pour créer cet espace politique commun qui permettrait aux affaires de se développer sur un marché économique unique.

État dominant= la Prusse. État très vaste sous la direction de Guillaume I au moment de l’unification, son 1er ministre est Bismarck. Bismarck est décidé a réalisé l’unité par la diplomatie mais si besoin par la guerre, force, sang, armes. Pour cette unité il faut éliminer l’Autriche. Il n’y a pas dans l’unité a réalisé la place pour 2 états puissants dans ce nouvel espace politique. La première tache de Bismarck est d’éliminer l’Autriche. Cette unité va se réaliser entre 1866 et 1871.

Pour réaliser son objectif, Bismarck entraîne l’Autriche dans une guerre des « duchés danois » qui sont conquis puis partagé entre l’Autriche et la Prusse et puis Bismarck trouve un prétexte pour accuser l’Autriche de mal gérer les territoires et lui déclarer la guerre.Défaite de l’Autriche qui va permettre a la Prusse de dissoudre la confédération germanique et de créer une confédération de l’Allemagne du nord.

Les États du sud ont peur d’être prussianisés, conquis, annexé et de perdre leur indépendance. Bismarck va donc trouver un moyen détourné en trouvant un ennemi commun : la France. Il va se servir des maladresses de Napoléon III avec la guerre prusso-autrichienne, il est resté neutre tout en soutenant la Prusse et après 1866 il a demandé des compensations sur les petits territoires. Le trône d’Espagne pose aussi problème car les prussiens ont un candidat mais les Français ne veulent pas revoir l’empire de Charles Quint. Cela donne lieu à l’affaire de la Dépêche d’EMS en 1870.

Une missive diplomatique que Bismarck a réécrit de façon a ce qu’elle soit blessante pour la France, ce qui fait que la France déclare la guerre a la Prusse. Il fait passé la confédération de l’Allemagne du nord pour amené les états du sud contre un ennemi commun a s’allier avec la Prusse.

Guerre qui se solde par la défaite française et la proclamation de l’empire allemand en 1871, il choisit le château de Versailles pour le déclarer. Ce qui achève rapidement l’unification de l’ensemble des états allemands autour de la Prusse.

Bismarck a bien compris que pour faire l’unité il fallait fédérer les allemands dans un projet commun et faire disparaître les particularismes. Mouvement national qui débouche sur l’unification de ce territoire germanique, laissant de coté l’Autriche dans un espace ou le mouvement national est plus la source d’éclatement.

  1. La désagrégation des Empires : conséquence d’une division populaire

    1. De l’Empire d’Autriche à l’Empire Austro-Hongrois

L’Empire d’Autriche est fractionné, divisé en son sein par des différences d’ordres religieuses, culturelles …Immense État de 700 000 km2 dirigé par la Famille Habsbourg.

Plan national : mosaïque de peuples:

Les allemands : pas les plus nombreux. Les slaves : Slaves du Nord (polonais, tchèques, slovaques,), Slaves du Sud (slovènes, croates,). Les magyars. Les roumains.

Plusieurs religions :

Juifs, Catholiques.

La reprise en main après 1848 a suscité de forts mécontentements de la part des minorités nationales. Nécessairement pour reprendre le contrôle des peuples et des territoires, le gouvernement a pratiqué une politique de répression, notamment contre les droits de ces peuples (source d’affaiblissement intérieur). Deux défaites militaires qui sont elles-aussi sources d’affaiblissement. Deux défaites militaires inattendues. L’Empire se trouve donc affaiblit.

En réponse à cette situation, la décision est prise en 1867 de créer à la place de l’Empire d’Autriche un Empire Austro-Hongrois, c’est-à-dire de donner satisfaction à la minorité la plus remuante et la plus nombreuse (Magyar) sans donner l’indépendance.

Le Royaume de Hongrie renaît en 1867 et l’empereur d’Autriche se fait couronner roi de Hongrie. Chacun traite sa dimension culturelle (éducation,) au niveau autrichien et au niveau hongrois mais la diplomatie, la finance se gère au niveau de l’empire.

Le compromis de 1867 est un moyen de régler partiellement la question nationale. Cela laisse entière la question des autres minorités qui elles n’obtiennent rien et vis-à-vis desquelles l’Autriche se considère comme quitte. Le compromis de 1867 règle pour partie la question nationale dans cet espace mais alimente les revendications des autres minorités qui n’ont rien eu en 1867.

C’est un Empire dans lequel la question nationale reste entière mais si elle semble en partie réglée avec ce compris, en faite elle ne l’est pas et l’éclatement qui suivra la guerre de 14 témoigne de la persistance des problèmes nationaux dans ce territoire autrichien.

    1. La décomposition de l’Empire Ottoman

C’est un empire en pleine décadence depuis le 18ème siècle. Cette décadence favorise les convoitises des grandes puissances sur le territoire de l’empire ottoman (la Russie : pour la protection des minorités orthodoxes de l’empire ottoman et intérêt géostratégique, la Grande Bretagne : pouvoir contrôler la route des indes en ayant une présence dans cet empire ottoman, l’Empire d’Autriche pour la protection des chrétiens des Balkans, la France,). Cet empire faible donne prise aux ambitions des grandes puissances européennes qui n’ont pas de mal à trouver des prétextes pour intervenir.

D’un autre côté cette faiblesse de l’empire ottoman favorise les revendications des minorités (qui sont nombreuses) nationales ou religieuses de l’empire. Ces minorités profitent de la faiblesse de l’état central de l’empire ottoman et de l’appui qu’elles peuvent trouver auprès des grandes puissances pour faire avancer des revendications et obtenir soit l’autonomie soit l’indépendance. Grâce à la pression qu’ils exercent et les appuis extérieurs, ils reçoivent satisfaction de leur réclamation et font éclater de plus en plus l’empire ottoman. Ces territoires deviennent ensuite rivaux entre eux quand ils sont autonomes et/ou indépendants (revendications de territoires nouveaux,).

Exemple de la Serbie : indépendante depuis 1870, voudrait créer une grande Serbie avec les peuples serbes dans autres territoires. « La poudrière des Balkans ». Les Balkans : lieu de la décomposition de l’Empire Ottoman. L’empire ottoman : éclatement et non effondrement. On a ici un mouvement national qui conduit à diviser, à faire se déliter des empires qui semblaient solides et capables d’exercer un contrôle sur leur territoire.

    1. Les pays en marge des révolutions

Malgré toutes les Révolutions et tous les soulèvements, la péninsule ibérique, la Grande Bretagne, la Russie, la Suède et les Pays Bas restent plus ou moins à l’écart de ce printemps des peules.

Tout d’abord, le Grande Bretagne est un pays libéral qui va encourager tous ces mouvements de révoltes contre l’absolutisme. Le seul problème que le pays rencontre c’est en Irlande. Ceci étant, la portée des revendications révolutionnaires ne touchent pas vraiment les populations trop occupées par leurs journées de travail de 10 heures (Factory Act).

La Russie quant à elle n’avait pas l’intention d’intervenir. Le pays joue le rôle d’arbitre en Europe. Ceci étant, le Tsar Nicolas Ier se dit prêt à intervenir aux côtés des puissances conservatrices d’Allemagne et d’Autriche en cas de problème et c’est ce qu’il va faire.

En ce qui concerne la Suède ou encore les Pays Bas, on n’a pas de revendications libérales qui vont amener à des révolutions. Cependant, des concessions, notamment en terme de libertés publiques vont être accordées (presse, réunion, association).

Enfin, la péninsule ibérique va conserver une cohésion nationale ainsi qu’une stabilité politique précaire malgré les révolutions.