Cette très longue fiche documentée fournit de nombreuses et précieuses informations sur la question de géographie de l’Amérique latine. Elle peut également être utilisée pour la préparation d’un cours de lycée.

Ici se trouve le chapitre 3. 

Lien vers l’introduction et le chapitre 1: https://clio-prepas.clionautes.org/geographie-de-lamerique-latine-1.html

Lien vers le chapitre 2: https://clio-prepas.clionautes.org/geographie-de-lamerique-latine-2.html

Lien vers le chapitre 4: https://clio-prepas.clionautes.org/geographie-de-lamerique-latine-4.html

 

Chapitre 3 : Géopolitique de l’Amérique latine

Dans les représentations globales, l’Amérique latine incarne de plus en plus l’émergence économique. Au cours des années 2000, elle a connu une croissance économique assez élevée qui lui a permis de rattraper la décennie perdue des années 1980. L’industrialisation est freinée depuis les années 2010 par la primarisation des économies née de l’essor des secteurs agricoles et miniers et de nombreux pays sont devenus totalement dépendants du cours des matières premières qu’ils exportent.
Mais dans l’ensemble, la croissance économique a permis la sortie de la pauvreté d’une partie conséquente de la population et la constitution d’une classe moyenne solide. L’insertion dans la mondialisation a généré une importante métropolisation et un essor des activités de services. De nombreux lieux et espaces sont apparus : ports, zones franches, quartiers d’affaires. Certains États fondent aujourd’hui tout leur développement sur la mondialisation, comme le Panama. Mais les inégalités sociales restent considérables et s’expriment dans l’espace à toutes les échelles : entre régions, entre pays, entre villes et campagnes, et au sein des villes entre quartiers aisés et favelas. Les écarts de richesse sont considérables entre les individus. Les progrès socio-économiques n’ont pas permis de réduire la violence et les cartels. Tout au long de son histoire, l’Amérique latine a été traversée par l’affirmation de la nécessité de l’intégration, il en a résulté une multiplicité d’organismes, mais les résultats restent limités. Depuis une 15ène, il n’y a pas eu de progrès nets en termes de gouvernance globale car les États ne souhaitent pas déléguer leurs prérogatives à des institutions supranationales. Mais on assiste à des progrès importants en termes d’infrastructures de transport et à l’essor de corridors de développement. La géopolitique externe de l’Amérique latine est avant tout interne au continent américain et souvent liée aux relations avec les pays anglo-saxons du nord du continent. Les États se sont créés différemment au nord et au sud du continent : alors que les États-Unis obtiennent l’indépendance en 1783 et le Canada en 1867, l’Amérique latine connaît une succession de coups d’État, de révolutions et de guerres interétatiques qui vont secouer l’Amérique latine jusque dans les années 1980-1990 ; elle connaît aussi une construction des identités nationales difficile, longue et inachevée. Pour faire face à ce fractionnement initial du continent, des unions régionales se multiplient depuis les années 1960. Le Mercosur, intégration avant tout économique voire politique autour d’un rejet commun de l’ingérence étatsunienne, se fait au profit des pays les plus puissants et aboutit à des recompositions territoriales majeures. Les pays sud-américains ont impulsé depuis les années 2000 une démarche d’intégration sous-continentale et d’insertion dans la mondialisation par une diversification des partenaires commerciaux, permettant une certaine émancipation face aux velléités de domination étatsunienne. Mais les questions interétatiques ne sont pas toutes levées, notamment sur la question des frontières.

1. Une géopolitique interne complexe : entre transition démocratique, cartels et autochtonie

A. La difficile transition démocratique

a. Une tradition autoritaire ?

Tous les pays latino-américains ont vécu des alternances entre démocratie et dictature. L’autoritarisme fait partie de la culture politique de l’Amérique latine, qui valorise les héros militaires ou révolutionnaires et les leaders d’exception, les « caudillos » (Pancho Vila et Emiliano Zapata au Mexique, Simón Bolivar en Colombie par exemple). Localement, cet autoritarisme prend le visage du caciquisme ou du caudillisme ou encore au Brésil du colonelisme :
• le cacique est le chef indien, terme qui désigne alors un personnage politique influent dans une ville ou une région où il contrôle le pouvoir (gouverneurs, sénateurs, députés)
• le colonelisme est un terme lié au fait que dans le Nordeste brésilien les caciques étaient souvent des colonels
L’autoritarisme repose ainsi sur une pyramide hiérarchique de personnages politiques influents, qui fonctionne sur le principe du clientélisme grâce à un système d’autorisations, de subventions, d’emplois que l’on obtient si on soutient les intérêts du cacique, quel que soit son rang dans la hiérarchie. En conséquence, les administrations politiques latino-américaines sont souvent caractérisées par un personnel nombreux qui doit son poste plus à ses relations qu’à ses compétences.

Les régimes autoritaires en Amérique latine

Au début des années 1980, la plupart des pays latino-américains étaient des dictatures installées dans le courant des années 1970. Ces régimes ne reculaient devant aucun moyen pour mettre fin aux activités considérées comme dangereuses ou dites contraires aux intérêts nationaux : répression violente, enlèvement, torture, assassinat des opposants sont pratiqués largement. Cela a conduit de nombreux opposants à l’exil.

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