Cette fiche de lecture s’intéresse au chapitre 3 de l’ouvrage La Révolution inachevée de la collection « Histoire de France » des éditions Belin. Ce chapitre particulier apporte une mise au point synthétique sur le développement de l’industrialisation en France, sur le rapport entre industrie et agriculture et sur l’opposition croissante entre monde urbain (moderne et innovant) et monde rural (plus traditionnel).

 

LA FRANCE DES CHAMPS ET DE L’INDUSTRIALISATION – 1815-1848

I/ Qui sont les Français ?

La France est le pays le plus peuplé d’Europe de 1815 à 1848 : elle comptait 30.5 millions d’habitants en 1821 et 35.4 millions en 1846. Elle comprend 75.6% ruraux et 24.4% urbains en 1846.
L’urbanisation est encore faible, à cause de la Révolution il y a eu moins de migration. Les urbains se concentrent surtout à Paris, Lyon, Marseille. La France reste un pays de petites villes avec une croissance urbaine dans le Nord, la Loire et la Moselle, autour du couple mines/industrie. Paris est une ville-monstre de 714 000 habitants en 1817 et de 1 054 000 habitants en 1846 à cause d’un afflux de provinciaux vers les emplois administratifs, domestiques et industriels surtout dans le bâtiment.

II/ Le village : cadre de vie de la majorité des Français

A/ De lentes mais manifestes transformations

Les foires et marchés permettent des micromobilités intervillages. On assiste à une vision idyllique ou négative des campagnes faite par des écrivains urbains (critique de Voltaire dans son Dictionnaire philosophique : « on écrivit des choses utiles sur l’agriculture, tout le monde les lit, excepté les laboureurs. On supposa au sortir de l’Opéra-Comique que la France avait prodigieusement du blé à vendre »). Alain Corbin, par sa micro histoire du sabotier Louis François Pinagot nous permet de donner un tableau de cette France agricole. On y retrouve un clivage entre gens du finage et du bois. L’agriculture reste la richesse de France plus que l’industrie.
La France subit de mauvaises récoltes en 1825/1840/1846 alors que la demande des villes se fait croissante. Les prix restent donc élevés. Dans le domaine de l’agriculture, il n’y a pas de révolution agricole ou d’incitation de l’Etat mais une extension des cultures, une intensification, un développement de l’élevage et une sélection végétale ainsi que des progrès en agronomie (exception de Mathieu de Dombasles avec sa ferme modèle de Roville en Meurthe, ou en 1827 avec la ferme école de Grignon créée par le gouvernement). Il y a aussi de moins en moins de jachères. On parle donc plus de révolution culturale. De plus en plus de bois est utilisé pour l’industrie, cela pose un problème de protection environnementale. On retrouve une culture industrielle de la betterave sucrière dans le Nord, de la pomme de terre en Bretagne, et du fourrage dans le Midi. La véritable révolution s’amorce plutôt dans la 2ème moitié du XIXe avec les grandes cultures céréalières du Bassin Parisien, le vignoble du Languedoc, l’élevage de Normandie et du Limousin, et les fruits dans la vallée du Rhône.
En machine, seuls le semoir et la machine à battre représentent une certaine mécanisation. On assiste par ailleurs au morcellement de la terre et à l’augmentation du nombre de petits propriétaires. Ces exploitations ne sont pas à voir comme archaïques mais plus comme de « petites exploitations triomphantes » -> cf le travail de l’historien Jean Luc Mayaud dans les campagnes du Jura, et de Yann Lagadec dans les campagnes bretonnes pour constater cette attractivité des petits exploitants, grâce à l’émulation des comices dans les années 1830. Cependant il n’y a pas de marché unifié : le prix du blé peut doubler selon les régions.

B/ La vie au village : l’entre soi ?

Le travail est modelé par le calendrier agricole. La journée est 14h en été/ 11h en hiver. Et il n’y a pas de coupure entre le travail et la vie personnelle. Ainsi « Le corps vaut plus que la dot » selon un dicton de Gascogne. La sociabilité communautaire repose sur l’échange de service comme veiller ensemble pour économiser lumière et chaleur. La loi Guizot de 1833 impose à chaque commune l’entretien d’une école, qui n’est pas gratuite ni obligatoire mais les indigents ont accès à une aide communale. C’est le début d’une émigration souvent pas définitive des régions de montagne et de l’Est du Bassin Parisien par des micromobilités et vers Paris/Lyon (les Creusois, Auvergnats, Brocanteurs, Chaudronniers, porteurs d’eau). Cf le travail sur les mobilités des campagnes de l’historien Martin Nadaud.

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