Cette fiche est la transcription organisée d’un podcast de France Culture (« Avec philosophie ») portant sur les socialismes utopiques du premier XIXe siècle. Elle apporte une mise au point bienvenue sur ce mouvement particulier du XIXe siècle au moment du développement de différentes formes de socialisme, de sociétés d’entraides et de sociétés mutuelles face au développement des manufactures, du capitalisme industriel et du patronat bourgeois. Elle fait intervenir Anne Kupiec (sociologue) et Pierre Musso (philosophe).
Cette fiche peut être complétée par une approche plus historique et chronologique.
Au début du XIXe siècle, avant les révolutions de 1848 et l’élan d’un socialisme scientifique apporté par Marx et Engels, des figures françaises et britanniques tentèrent de former une société nouvelle. Qui sont les socialistes utopiques ? Quels étaient leurs projets ?
Intervenants :
* Anne Kupiec, professeure de sociologie à l’Université Paris VII Denis Diderot. Elle est spécialiste des politiques culturelles notamment des politiques du livre à partir de la Révolution française. Elle a aussi publié sur beaucoup d’auteurs comme Karl Mannheim ou encore Jean-Baptiste Cousin de Grainville. Elle est sensible au thème de l’utopie et proche notamment de la pensée du philosophe Miguel Abensour qui s’est éteint en 2017
Elle a publié :
· Karl Mannheim. Idéologie, utopie et connaissance , Editions du Félin, 2006.
· Avec Etienne Tassin, Critique de la politique. Autour de Miguel Abensour , Editions Sens & Tonka, 2006
· Avec Miguel Abensour, l’ouvrage collectif Emmanuel Levinas et la question du livre, édité par l’Institut mémoire de l’édition contemporaine (IMEC), 2008
* Pierre Musso, philosophe, professeur honoraire des universités. Codirecteur de l’édition des œuvres complètes de Henri Saint-Simon aux presses universitaires de France, éminent spécialiste de la pensée de Saint-Simon.
Il a publié :
· Avec Juliette Grange, Doctrine de Saint-Simon, Editions Le Bord de l’eau, 2020
· Saint-Simon et le saint-simonisme, Editions Manucius, collection “Le philosophe”, (réédition) 2020
· La religion industrielle , Editions Fayard, 2017
Jean-Baptiste André
Le familistère de Guise dans l’Aisne est créé par Jean-Baptiste André Godin. Jean-Baptiste André Godin est né en 1817 dans une famille de serruriers picards, il a travaillé dès 11 ans et gardé aussi les vaches, travailler au champ. Il lisait beaucoup tout seul Rousseau, Diderot puis Charles Fourier. Et quand il est devenu capitaine d’industrie, il a développé des désirs réformateurs pour le bien-être des ouvriers, il s’est présenté aux élections législatives de 1848 même s’il a échoué et à ce moment-là et il a annoncé clairement qu’il était “phalanstérien”, expression de Fourier. Il s’est mis en contact avec Victor Considérant et François Cantagrel qui étaient les disciples de Fourier et avec eux il a essayé de monter une colonie à Dallas aux États-Unis. Ça a été un échec. Puis vint la réussite du familistère de Guise qui a proposé une organisation du travail et du capital tout à fait singulière
C’est un palais social avec une architecture qui est quasiment conforme à ce qu’avait dessiné Fourier pour à la fois héberger les personnels de l’usine qui bénéficiaient d’un logement en fonction de la taille de leur famille et non pas de leurs fonctions dans l’entreprise. On y retrouve des logements particulièrement confortables avec de la lumière, de la ventilation, du chauffage, l’eau courante ou aux étages des toilettes. Les enfants ne travaillent pas, ils sont à l’école ce qui est très rare à l’époque, d’abord jusqu’à 6 ans et ensuite jusqu’à 12 ans. On y retrouve une bibliothèque, un théâtre dans lequel il y a des représentations mais aussi des conférences, des formations pour les adultes, les ouvriers et puis l’organisation d’une association de telle manière que les bénéfices de l’usine soit répartis entre les sociétaires.
Godin a non seulement investi son argent personnel mais il s’en est dépouillé d’une certaine manière pour faire fonctionner l’usine et dégager des sommes suffisamment importantes pour mettre en place également des équipements sportifs : il y a une piscine, un dispensaire, un économat de telle manière que les achats puissent se faire en commun, un restaurant (réfectoire) absolument magnifique en qui s’appelle le « palais social » pour faire écho au palais royaux.
Charles Fourier
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