Elisabeth Tuttle, Les îles Britanniques à l’âge moderne [1603-1783] – Partie 2 : le XVIIIe siècle de la dynastie Hanovrienne.

Société, empire et culture (1660-1714).

I. Économie et société anglaises.

1. Population.

1600

1656

1740

4 millions 5 millions 5,5 millions

Tassement de la croissance démographique entre 1680 et 1740 ; chute entre 1660 et 1680 ; s’explique par le recul de l’âge du mariage, dû aux difficultés économiques (2,8 enfants/feu au XVIe ; 1,9 enfant/feu au XVIIe siècle).

Dernière grande peste de 1665-1667 : 80 à 100.000 victimes à Londres.

Au début XVIIIe siècle, la « révolution agricole » permet de nourrir la population et d’être exportateur nette de denrées alimentaires.

Les Clionautes multi-écran

Vous souhaitez lire la suite ?

Actifs dans le débat public sur l'enseignement de nos disciplines et de nos pratiques pédagogiques, nous cherchons à proposer des services multiples, à commencer par une maintenance professionnelle de nos sites. Votre cotisation est là pour nous permettre de fonctionner et nous vous en remercions.

 

2. Le monde des campagnes.

Les innovations agricoles. Nouvelles techniques d’assolement observées dès le XVIIe siècle, généralisées au XVIIIe. Les modèles anciens sont démembrés par l’enclosure (de la responsabilité collective dans l’openfield à la responsabilité individuelle des champs clos).

La jachère est évitée par l’alternance cultures/pâtures (« convertible husbandry ») ou par le « système de Norfolk » (cultures fourragères, type trèfles).

Pour les pâtures, développement de techniques d’inondation le long des cours d’eau, ou encore d’assèchement des Fens dans le Cambridgeshire et le Lincolnshire.

La demande des marchés urbains encourageait l’innovation.

La Royal Society, créée en 1662, encourage également les innovations agricoles par la diffusion d’ouvrages.

Ceal aboutit à une nouvelle géographie agricole du royaume :

  • Bassin sédimentaire des côtes de la Manche aux Costwolds : agriculture mixte ;
  • Sols plus lourds des Midlands, Leicestershire, Northamptonshire, Lincolonshire : élevages ovins.

L’Angleterre devient exportatrice de produits agricoles, ici les céréales :

1660

1677

+250 tonnes +3810 tonnes

 

Production de blé

1695

1750

+75%

Cheptel ovin

1695

1750

11 millions 16 millions

Agriculture traditionnelle au pays de Galles. Région mal reliée aux centres urbains anglais. Essentiellement agriculture de subsistance.

La société rurale. Transformation d’ampleur entre les XVIe et XVIIIe siècles. Modèle devenant courant du fermier, avec baille à vie. Raréfaction du nombre de yeomen et du propriétaire-paysan. Avec en parallèle augmentation du nombre de manœuvriers sans terre ; la productivité agricole libère le besoin en main-d’œuvre, en partie réorienté vers l’industrie rurale, le petit commerce ou le transport.

Population exerçant des occupations non-agricoles

1660

1800

900 000 3 100 000

Entraîne une hausse des mobilités.

L’aristocratie et la gentry. Crise démographique + baisse des prix = concentration accrue des biens fonciers ruraux. Les grandes familles aristocratiques perdurent, les familles marchandes et banquières n’accédant à l’aristocratie qu’après plusieurs générations, au XVIIIe siècle.

Classe traditionnelle satisfaite du retour de Charles II, mais paradoxalement progressivement mise sur la touche après la Glorieuse Révolution ; les candidats des organisations politiques nationales primant au Parlement sur les châtelains locaux.

3.   Industrie et transport.

Charbon et fer. Demande accrue au XVIIe siècle (x3 à Londres sur le siècle), issu des régions Midlands, Cumberland, Yorkshire et Pays de Galles.

Production charbonnière

1550

1680

170 000 tonnes 2 500 000 tonnes

La production de fonte double entre 1600 et 1715 (notamment autour de Newcastle), atteignant 40.000 tonnes en 1750.

Textiles. Leadership pour la laine dans la production anglaise. Exportation vers les pays méditerranéens (« étoffes de Norwich » notamment). Importance dans les exportations, mais diminution de la part des textiles dans l’économie, bien que prospère jusqu’au milieu XVIIIe siècle pour les « nouvelles draperies » de Norfolk.

Apports des immigrés français et allemands dans les verreries et papeteries.

Transports. Essor des manufactures stimulant les communications. 1200 km d’estuaires et de rivières, avec un transport côtier 20 fois moins coûteux que la route.

+ 60% de tonnage entre 1660 et 1702 ; + 41% entre 1709 et 1750.

4. Londres et la croissance urbaine.

Population de la capitale. Capitale politique, administrative, centre de  production, 1er port du royaume et de l’empire ; 1ère ville d’Europe occidentale entre 1680 et 1715. De 200.000 habitants en 1660 à 675.000 en 1750, avec une multiplication par 4 des populations des faubourgs au XVIIe siècle (10 000 migrants/an des campagnes vers la capitale).

Facteurs de migrations rurales : Essor des activités manufacturières, commerciales, ainsi qu’administrative avec la structuration de l’Etat central.

Manufactures et artisanats. 1ère ville manufacturière du royaume en 1700 ; encore à la fin du XVIIIe siècle. 1/5e de la population active travaille dans le textile et la confection, ¼ pour les métiers de l’alimentation et du bâtiment.

La demande des élites urbaines : stimulation de l’artisanat de luxe, verrerie, porcelaine de Chine, orfèvrerie, verrerie.

Commerce et finance. Déjà un centre du commerce mondial et un centre financier sans pareil en 1700. Embryon de bourse de marchandises aux arcades du Royal Exchange.

Années 1690 : apparition du terme « The City » pour désigner les argentiers (« moneyed men ») et ce monde mystérieux fournissant liquidités et crédits au royaume.

En 1700 : Bristol, principale ville provinciale, avec 20 000 habitants. Pour Liverpool, hausse de 50% entre 1700 et 1715, participant au commerce de sucre et de tabac. Pour les villes de l’Est, comme Hull et Newcastle, l’essor urbain fut permit par l’importance prise par les activités du commerce de charbon et de la métallurgie.

Marchands et patriciat urbain. Majorité des marchands avec un patrimoine < 100£. Quelques uns, en variant leurs activités (essentiellement vers les obligations d’État) firent fortune.

Apparition de dynasties de marchands et financiers, devenant échevins et maire, collecteurs d’impôts. Rivalisent progressivement dans leur mode de vie avec l’aristocratie.

Travailleurs de la ville. Peu d’émeutes graves marquent la période. Mais le « casual labour » (travail irrégulier) pris de l’ampleur au cours du XVIIIe siècle. La pauvreté demeure réelle à la fin du XVIIe siècle (selon G.King, 2,8 des 5,5 millions d’anglais bénéficiaient de la loi sur les pauvres).

II. Les périphéries britanniques.

1. L’Écosse.

Sous la Restauration. Le souvenir de l’occupation anglaise sous la République limita les initiatives du parti d’opposition au Parlement écossais.

Hors d’Édimbourg, stabilité contestée par des factions exclues du pouvoir, avec série de révoltes, notamment des presbytériens extrémistes en colère après les inflexions de Charles II en faveur de la conformité anglicane.

Après 1681, l’ère des massacre (the Killing Times) fut marquée d’exécution des personnes refusant de jurer fidélité à la suprématie ecclésiastique et la couronne. Cette séquence mis en sourdine les résistances.

L’Écosse et la révolution de 1688. Elle accueillit Jacques II ; l’Écosse étant la terre natale des Stuart. Mais pas de résistance concertée lors de l’invasion de Guillaume III, dont la légitimité fut reconnu par beaucoup de chefs de clans. Certains furent mis au pas de manière brutale (« Massacre de Glencoe » de 1692) faisant le terreau de la propagande jacobite des décennies suivantes.

Économie et société écossaises. 1 million d’habitants en 1700 (90% de ruraux). Bétails aux Hautes-Terres ; céréales aux Basses-Terres. Mais survie encore prépondérante sur la période, avec 50 000 familles émigrant pour la région irlandaise de l’Ulster entre 1688 et 1715.

Fracture croissante entre la région de Glasgow et Édimbourg, avec des élites cultivées en formation, et les Highlands, encore d’existence pastorale, teintée de magie et sorcellerie.

40 000 habitants pour Édimbourg, 14 000 pour Glasgow.

Édimbourg et le commerce écossais. Port principal du pays situé à proximité de la capitale ; principalement pour exportations de matières premières et produits agricoles. Importation de fer et bois des pays nordiques, ainsi que des produits des colonies.

Commerce maritime retardé par les Actes de navigation (1660) et le Staple Act (1663).

Vers l’Union. Création de la Banque d’Écosse en 1695, après celle d’Angleterre ; fondation de la Compagnie d’Écosse la même année. L’échec de l’implantation d’un comptoir à Darien (Panama) fut couteux, dans un contexte de guerre et de fiscalité guerrière déjà contraignant.

1703-1704 : période de conflit ouvert entre les parlements écossais et anglais. En août 1705, le Parlement écossais accepta l’Union d’incorporation (malgré un courant d’opinion réclamant une intégration fédérale). Perte du parlement, avec représentation minimale au Parlement de Grande-Bretagne. Le traité d’Union fut voté en janvier 1707 ; dissolution définitive du parlement en avril suivant.

2. L’Irlande.

De 1,4 million en 1600 à 2 millions en 1640 ; chute, avant de revenir à 2 millions en 1700.

Économie agricole. Peu d’amélioration, avec la crainte permanente sous la Restauration de confiscation de terres, l’insécurité des propriétés et la sous-capitalisation. Élevage prépondérant sur l’île. Une majorité des propriétaires fonciers étaient Anglais, les travailleurs (cottiers) étaient eux Irlandais.

Commerce et artisanat irlandais. Sous le giron et orientée vers l’Angleterre. Principalement constitué autour des villes de Cork, Waterford et Belfast. Dublin, 45 000 habitants en 1685 contre 65 000 en 1700, en faisant la 2ème ville des îles britanniques.

L’Irlande et le gouvernement anglais (1660-1688). Administration davantage contrôlée à Londres qu’à Dublin. Charles II ne fit pas appliqué de Test Act en Irlande. Situation des catholiques améliorée sous Jacques II, avec une entrée dans l’armée, l’administration et les cours de justice. Statut redevenu inférieur et durablement suite à l’arrivée de Guillaume III.

Défaite des jacobites et « lois pénales ». Contre les avantages qu’offrait le traité de Limerick (1695) aux catholiques, les protestants du Parlement de Dublin votèrent des lois pénales entre 1695 et 1715, les excluant des secteurs dynamiques de la société et l’économie.

Possessions catholiques terriennes

1704

1750

14% des terres 5%

Les colons anglais voulurent ainsi établir la domination protestante (« the Protestant Ascendancy »).

L’Irlande était dépendante, sous tutelle de l’Angleterre, qui lui nia l’option d’union négociée avec l’Ecosse. En 1720 : Déclaratory Act affirma la possibilité pour le Parlement anglais de légiférer pour l’Irlande.

III. Empire et commerce maritime.

1. L’empire en 1715.

La forte immigration aux colonies au XVIIe siècle a permis un peuplement conséquent, évitant le déséquilibre des empires espagnols et portugais.

Importance considérable de la Compagnie des Indes, quasi étatique sur Bombay à compter de la mort de l’empereur Moghol en 1707.

Gain, par le traité de Bréda, d’un fort hollandais sur la Gambie : Cap Coast, essentiel dans l’essor de traite des esclaves au XVIIIe siècle.

2. Développement des colonies américaines.

Essor sous la Restauration : New York et New Jersey en 1667, la Pennsylvanie (de William Penn, quakers) en 1681, refuge pour les membres de la Société des Amis. La Caroline en 1683 (référence au nom de Charles II).

Les Antilles sont le fleuron des territoires d’outre-mer. Poids local politique et économique dominant des planteurs ; pénurie de main-d’œuvre venue d’Europe compensée par l’importation d’esclaves venus d’Afrique occidentale ; 120 000 esclaves africains aux Antilles britanniques en 1700.

400 000 habitants d’origine européenne dans les colonies en 1700. Les institutions coloniales se stabilisent après la Glorieuse révolution, avec la reconnaissance de l’autorité souveraine du Parlement anglais, et l’instauration de Parlement locaux, en lien avec le Gouverneur de chaque colonie.

Lois impériales protégeant leurs biens et droits ; protection militaire également pour préserver les intérêts commerciaux des propriétaires mais également de l’Empire.

3. Le commerce maritime anglais.

La révolution commerciale (1660-1690). Aspect le plus spectaculaire du dynamisme anglais des XVII et XVIIIe siècle. Malgré les guerres successives et l’importance du marché régional pour la consommation intérieure, le poids du commerce maritime est net. La Hollande, en guerre contre la France entre 1672 et 1689, vit sers « rouliers » perdre l’avantage face aux anglais.

Fondements, encore disparates, d’une politique mercantiliste au XVIIe siècle :

  • Acte de Navigation de 1651 puis 1660,
  • Stample Act de 1663.

Importance du commerce maritime pour le gouvernement : création du Board of Trade en 1695. Sous la Restauration, les Compagnies perdirent de leur influence au profit des marchands négociants unis.

Essor de la marine marchande malgré les guerres du dernier quart du XVIIe siècle :

Marine marchande

1629

1686

1702

115 000 tonnes 340 000 tonnes 323 000 tonnes

Les produits d’échange. Volumes des importations et exportations anglaises :

Sucre, tabac et indiennes d’Amérique et Asie : 1/3 des importations en 1700.

Création de la Compagnie Royale d’Afrique en 1663, spécialisée dans la traite des esclaves, prisonniers de guerre de tribus ouest-africaines (navires « négriers »). A l’origine de l’essor du « Commerce triangulaire », avec 500 navires envoyés entre 1663 et 1700. Perte de son monopole en 1698, au profit des négociants indépendants.

Echanges commerciaux essentiels dans l’essor commercial de Londres, avec 2/3 du tabac importé réexporté dans l’Europe du Nord.

Le commerce avec l’Europe. Outre l’essor avec l’Asie et l’Amérique, l’Angleterre prend le leadership des échanges en Méditerranée (vins, fruits contre tissus légers) et dans la Baltique (import bois et fer).

IV. Aspects de la culture britannique.

1. De l’enthousiasme puritain aux traditions polémique et romanesque.

Le Progrès du Pèlerin, en 1678, écrit par Bunyan. Satire sociale de son temps et message puritain de persévérance. Robinson Crusoé (1719) de Daniel Defoe puis Les Voyages de Gulliver (1726) de J. Swift, transcendent le genre romanesque.

Autre héritage des années 1640 : passion anglaise pour la polémique religieuse et politique. Relâchement de la censure officielle dès 1678, puis effacement en 1695.

Essor de la presse de journaux, des imprimeurs (70 à Londres) et de la presse politique avec l’essor des partis (l’Observator, The Post Man pour les propagandes whigs ; The Post Boy, The Rehearsal, l’Examiner pour les tories).

Animaient les discussions des tavernes et cafés, comme les pamphlets, tracts, sermons imprimés. Influence réelle de l’imprimé sur le comportement électoral (cf Affaire Sacherevell, démontré par T.Harris).

2. La culture de cour.

Le théâtre. Genre unique naissant sous la Restauration : la comédie de mœurs. A contrario de la comédie traditionnelle, sur la vie du petit peuple, celle-ci prend pour objet celle de la cour, de raffinement et d’esprit (cynisme de bon ton).

La musique d’Henry Purcell. Domine les cours de Charles II et Guillaume III. Compositeur pour le roi à 18 ans et organiste du roi, il s’inspira de Lully. Mis de côté par Jacques II obnubilé par les musiciens français, il fut sollicité de nouveau par la reine Marie. Collaboration avec John Dryden, poète de la cour.

3. L’Enlightenment anglais : un premier siècle des Lumières.

Isaac Newton (1642-1727) : déterminant essentiel de la science physique européenne pendant deux siècles. Etudiant à Cambridge, initié à Copernic, Kepler et Descartes. Publication en 1687 du Principes mathématiques de la philosophie naturelle (les Principiae). Autre livre sur l’optique publié en 1704.

Professeur à Cambridge en 1669, membre de la Royal Society en 1671, Président en 1703.

Bases de la démarche scientifique moderne, équilibre entre hypothèses et observations.

John Locke (1632-1704) : Auteur de l’Essai philosophique sur l’entendement humain (1690), pendant de Newton en philosophie. Il fut le secrétaire du leader whig Shaftesbury. S’exila avec lui jusqu’à l’arrivée de Guillaume III.

Travaux importants sur les gouvernements, justifiant l’autorité par le besoin des individus de protéger leurs droits de liberté et de propriété. Sujets se soumettant au règne de la loi (the Rule of law). Il souligne également le besoin de séparation entre exécutif et législatif ; à la base de la tradition libérale accompagnant le capitalisme britannique naissant.

Conséquence de la diffusion de la science. Essor de remises en cause variées de la doctrine de l’Eglise anglaise rigide :

  • le latitudinarisme ; souhaitant laisser une latitude à chacun dans l’exercice de la foi pour définir la doctrine chrétienne (forgée autour d’un ensemble de principes rationnels selon Locke);
  • le socinianisme ou unitarianisme, niant l’existence de la Trinité. La raison comme seule aune de vérité religieuse, selon John Toland (1696).

Politique, société et empire (1714-1783).

Epistémologie : E.P. Thompson, E.J. Hobsbawm.

I. La vie politique anglaise : l’ère Walpole.

1. Le gouvernement whig de Walpole.

La prise de pouvoir par les whigs. Début du règne de Georges Ier, affaiblissement de la position du tory, avec un retournement de l’opinion. Vote du Pacte Septennal (1716), passant de 3 à 7 ans la prolongation d’un Parlement. Visant à préserver le gouvernement des turbulences sempiternelles liées aux élections.

Aux élections de 1722 : les whigs emportent 388 des 558 sièges, plongeant durablement le parti tory dans l’opposition, représentant du country party contre les administrateurs et argentiers londoniens (souvent les causes de l’agitation populaire urbaine du siècle).

R. Walpole nommé Lord Trésorier en 1721 (assoiffé de richesses et d’honneurs). S’efforça de bâtir la stabilité dynastique et de sécuriser les possédants.

Finances publiques et crises surmontées. Lourdes dettes dues aux vingt années de guerre avec la France (triplement de l’armée entre 1680 et 1780, 75% des dépenses d’Etat pour l’armée et le financement de la dette).

Scandale de la Compagnie des mers du Sud. Crise financière du « South Sea Bubble », avec tentative en 1720 de privatisation d’une partie de la dette nationale (en regard du système Law français). Echec repris en main par la Banque d’Angleterre ; malgré la ruine de milliers de spéculateurs, l’effet bénéfique sur le coût de la dette fut réel (en 5 ans, de 1,8 millions £ à 225 000).

Mercantilisme, fiscalité et crise de l’excise, 1733. Doublement du fardeau fiscal entre 1680 et 1715, nouveau doublement entre 1715 et 1754. Phénomène expliqués par la rationalisation et la bureaucratisation de la collecte des impôts directs, indirects et des douanes : rythme inverse sur le premier XVIIIe siècle entre l’impôt foncier, décroissant en part relative dans les revenus de l’Etat, et l’excise, impôt indirect passant de 30 à 55% des revenus fiscaux entre 1715 et 1733).

Walpole voulu en 1733 allégée les impôts et douanes pesant sur les marchands et commerçants, en les répercutant sur les consommateurs et le marché intérieur. Ce projet d’ « excise généralisée » fit un tollé dans l’opinion publique et le projet fut retiré.

La chute de Walpole et la survie des whigs. Amoindrissement des majorités whigs au parlement aux élections de 1737 et 1741. Démission de Walpole en 1742, tout en restant dans les coulisses du pouvoir, remplacé par H. Pelham. Il restructura successivement la dette de l’Etat, et opéra des coupes claires dans les effectifs de l’armée, la marine et l’administration.

Mort en 1754 et remplacé par son frère, d’aura inférieure, William Pitt en profite pour prendre le devant de la scène au début de la guerre de Sept Ans ; indépendant d’esprit quoique proche de grandes familles whig. Porte-parole des Patriots, craintifs que la domination whig ne ruine l’intérêt général pour les intérêts et profits privés de l’aristocratie.

Pitt devient premier ministre du roi à partir de 1756 et installa un gouvernement inédit de coalition, qui s’effondra après la guerre.

1760 : avènement de Georges III, décidé à établir un règne personnel, appuyant les tories, fractionnant pour vingt ans la vie politique en clans et grandes figures aristocratiques.

2. Un système électoral au service de l’oligarchie whig.

Le choix des hommes aux Communes était la clef de voûte de la « stabilité politique » de l’ère Walpole.

Vote dans les comté et les bourgs souvent déterminé par la position sociale dominante de quelques riches familles.

Taille de l’électorat amaigrie au XVIIIe siècle, le Parlement écartant les plus modestes, excluant notamment les urbains non-freeman. A Liverpool, 20% d’électeurs en 1715, contre 8% en 1761.

Pour limiter les coûts, les partis s’arrangèrent selon les comtés et bourgs pour présenter un candidat unique.

Part des comtés britanniques où l’élection était disputée

1705

1747

65% 8%

En 1761, 75% de la chambre des Communes étaient issus de la gentry ou de l’aristocratie.

3. Les résistances au pouvoir des élites.

La meilleure circulation de la presse fit du débat politique un « passe-temps national ». Mais pas de voie légitime d’expression pour les « out-of-doors », réagissant ainsi par des émeutes, notamment frumentaires, répétées (food riots) ainsi que des arrêts de travail et la contrebande. Résistance témoin du danger social inhérent à la domination oligarchique whig, que celle-ci s’efforça de limiter.

Les Actes Noirs (1723-24) désarmèrent les populations rurales et condamnaient l’atteinte à la propriété privée.

II. Oppositions et rébellions.

1. L’opposition jacobite.

Soutien pour la cause Stuart, véritable contre-culture d’opposition pour les jacobites (1690-1760, Monod). Jamais plus de 10% de la population, mais organisés notamment avec une presse véhiculant leurs propos (Weekly Journal) ainsi que des lieux acquis à leur cause (douzaine de tavernes et cafés à Londres en 1723).

Ce soutien façonna la gentry catholique et anglicane (High Church) dans les comtés nordiques ; jusqu’à 40% des familles aristocratiques dans le Lancashire par exemple.

Également soutien chez les petits gens, comme lors du couronnement de Georges Ier (1714) et l’année suivante, avec des émeutes réclamant le retour Stuart ; s’en prenant aux quakers et presbytériens ; à Londres et dans une dizaine de villes du pays.

Représenta une menace de soulèvement en Écosse, également craint que la possibilité d’une invasion française.

2.           L’Ecosse et la rébellion de 1745.

A l’intronisation de la dynastie hanovrienne, les commissions des juges de paix furent purgées de tout soutien au prétendant Stuart. Le comte d’Argyll, gestionnaire du gouvernement Ecossais, fut soumis aux ordres des whigs anglais.

Première rébellion jacobite en 1715, échec sans le soutien français et des clans des Hautes Terres, manquant de ramener Jacques-Edouard sur le trône.

Seconde rébellion en 1745, avec projet identique de soulèvement écossais lié à une invasion française. L’incursion en terre anglaise tourna court, et l’Angleterre répondit par une incursion en terre écossaise, avec la victoire de Culloden en avril 1746 ; le prétendant Charles Édouard pris finalement la fuite par l’île de Skye et fut rapatrié en France.

Cet échec sonna le glas de l’élan jacobite dans les Hautes Terres, des lois interdisant dès 1747 le port d’armes et les couleurs des clans, détricotant également les structures juridiques et sociales.

Essor à compter des années 1770 de l’émigration vers les colonies, mais également des lettres et des sciences dans la capitale d’Edimbourg (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d’A. Smith, publié en 1776 à Édimbourg).

3. John Wilkes et la liberté.

Soutien de W. Pitt, il fut rendu célèbre pour ses prises de position de défense de la liberté de la presse et de l’élection des représentants par le peuple. Auteur de pamphlets, il sut se mettre habilement en scène comme citoyen ordinaire contre l’arbitraire gouvernemental. Il fut soutenu par des foules londoniennes et provinciales.

A l’origine d’une nouvelle tradition d’exigence d’une participation à la vie politique de la nation.

4. Les émeutes de Gordon (juin 1780).

Émeute la plus violente de l’histoire britannique, sur fond de haine « antipapiste ». En réponse à un projet de loi revenant sur plusieurs lois pénales contre les catholiques, le Lord Gordon, anticatholique fanatique, lança une pétition qu’il présenta à Westminster en 1780 ; accompagné de 60 000 manifestants, la manifestation vira à l’émeute, durant 8 jours. La répression se fit elle aussi violente, par le biais de l’armée et des milices bourgeoises : 285 émeutiers fusillés, 450 prisonniers et déportés.

Profonde distinction entre les soutiens populaires apportés à Gordon et Wilkes ; symbole d’une agitation populaire protéiforme, bouillonnante.

Les élites s’intéressèrent davantage à l’échelle impériale du développement du royaume qu’à ses crises internes, dans les villes.

III. Société, religion et culture à l’ère des manufactures.

1. Permanence de la hiérarchie sociale et transformations des classes sociales.

La population. Angleterre et pays de Galles gagnent 1,5 million d’habitants entre 1741 et 1783. En parallèle, la production agricole augmente de 50% entre 1750 et 1800.

Population de l’Angleterre et du pays de Galles

1741

5 965 000

1783

7 535 000

Le monde du travail. La transformation du mode de production (révolution industrielle) enregistre son décollage (« take-off ») dans les années 1780. Mais les innovations qui la rendent possible égrènent le XVIIIe siècle :

  • La navette-volante de J. Kay (1733),
  • La pompe à vapeur de Th. Newcomen (1712),
  • La mule-jenny de R. Arkwright (1768),
  • La machine à vapeur de J. Watt (1765).

1750-1780 : phase de proto-industrialisation, le travail manufacturier domestique (« putting-out system ») s’autonomisant de ses liens avec l’agriculture.

La concentration des travailleurs dans l’industrie de la soie et des « indiennes » précède le machinisme. Les ateliers d’artisans et de tisserands animent les faubourgs urbains (Londres, Birmingham).

Paupérisation au cours du XVIIIe siècle : 28% de la population anglaise était dépendante de la loi sur les pauvres en 1800 (besoin pour le financement passant de 530 000£ en 1680 à 2 000 000 en 1780).

« Economie morale » et monde du travail. En opposition à la discipline industrielle des fabriques et l’isolement des taudis urbains, les artisans qualifiés et travailleurs villageois gardèrent la main sur leur formation, la qualité de leur production et les rythmes de travail, construisant une « économie morale » complexe (E.P.Thompson).

Voir par ailleurs : The Fable of the Bees, or Private Vices, Publick Benefits, de Mandeville en 1723, « les vices privés concourant à l’avantage public ».

Essor de la classe moyenne. Classe moyenne de commerçants, petits entrepreneurs et maîtres-artisans, ainsi qu’avocats, médecins et professionnels de la finance. Bourgeoisie embryonnaire diversifiée ; émergence d’espaces publics urbains dédiés : théâtres, salles de bal, jardins publics, clubs…(550 à Londres en 1744).

Hégémonie aristocratique. Quelques milliers de famille, dont les ressources provenaient de rentes foncières et des investissements commerciaux et financiers.

L’aristocratie fixa la mode, avec la fréquentation de nouvelles villes d’eau (Bath) et envoyant ses enfants faire le « Grand Tour », voyage d’agrément et d’éducation.

Genèse d’une société de consommation ? Essor de prospérité de la classe moyenne et besoins de luxe croissants de l’aristocratie : « commercialisation de la société » (McKendrick) stimulé par l’émergence de la publicité dans les journaux. Invention à Londres du bow-window.

Ne concerna qu’une fraction de la société anglaise, des artisans prospères aux aristocrates. Contradiction entre valeurs puritaines du travail et sobriété pour les classes pauvres et la nouvelle valeur de l’argent et l’acquisition de « biens de ce monde » pour les élites.

2. Église et vie religieuse au XVIIIe siècle.

Le repli des Églises. XIIIe siècle caractérisé par un « christianisme raisonnable » dans la théologie anglicane. Le clergyman fut caricaturé par ses contemporains pour sa préoccupation tournée vers les promotions de carrière.

L’Église perdit pied dans les secteurs urbains en expansion comme les faubourgs, entrainant une déchristianisation.

Les Églises non-conformistes furent également en repli ; moins persécutées, mais toujours sous le coup du Test Act ; elles se soucièrent tout aussi peu du prolétariat urbain et rural avant 1780.

John Wesley, Georges Whitefield et le méthodisme. J. Wesley, fondateur de l’Eglise méthodiste en 1738. Pour lui, la conversion personnelle doit être une expérience affective plus qu’intellectuelle.

G. Whitefield fit lui de nombreux voyages en Géorgie et dans les colonies d’Amérique du nord ; grand prédicateur, il déclencha le « Grand Réveil » évangéliste (« the Great Awakening ») entre 1735 et 1750 outre-Atlantique.

Wesley porta le message théologique d’une conversion faisant confiance à la « lumière en dedans » (« the Light within »). Il fonda de multiples sociétés en parcourant l’Angleterre et l’Irlande, restant maître du mouvement jusqu’à sa mort.

A sa mort : 72 000 méthodistes dans les îles britanniques ; religion attirante pour les ouvriers à la veille de la RI (comtés avec le plus de fidèles : Cornouailles, pays de Galles, Bristol, Newcastle et Londres).

3.           Littérature et beaux-arts : satire, aventure et goût.

La société et les hommes vus par la satire. Alexander Pope, d’inspiration néo-classique, avec un commentaire de la vie aristocratique (La Boucle volée).

Autre texte parodique : Les Voyages de Gulliver de J. Swift, moquant la suffisance des Anglais, la corruption de l’Eglise anglicane et la folie des apôtres de la raison et la modération.

Naissance du genre romanesque. Nouveauté du XVIIIe siècle, rencontrant son public dans la seconde moitié du siècle (notamment Defoe, L.Sterne, H.Fielding).

« L’âge de Samuel Johnson ». S.Johnson domine la littérature britannique dès 1760. Véritable épicentre de la vie littéraire et artistique de son temps (comparable à Voltaire sur le continent).

Enrichissement aussi des sciences humaines, avec E. Gibbon, premier historien anglais moderne.

La peinture. Hogarth, Reynolds et Gainsborough.

Hogarth : auteur de la série de tableaux Mariage à la mode, constituant une satire approfondie des élites anglaises. Fondateur de la tradition caricaturiste politique anglaise.

Reynolds et Gainsborough : fondateur de l’Académie des Beaux-Arts (Royal Academy) en 1768.

Gainsborough était un paysagiste pré-romantique, ayant influencé Constable, Turner et Delacroix.

Au global, les objets d’art (également vaisselles, meubles, …) contribuèrent à la recherche du « bon goût » des élites grandissantes, ainsi qu’à resserrer les liens entre Nouveau Monde et Angleterre.

IV. Lutte pour l’hégémonie impériale et perte de l’Amérique.

Conflit évité sous Walpole, s’alliant à la puissance française ; la France soutenant longtemps les prétendants Stuart.

Lutte à mort engagée après 1739 entre les puissances impériales : Espagne, France et Grande-Bretagne.

1. La guerre anglo-espagnole (1739-1741).

La dynastie hanovrienne engagea l’Angleterre dans des conflits continentaux davantage que de coutume.

La guerre avec l’Espagne débuta suite à de multiples escarmouches entre navires marchands anglais et flibustiers espagnols (poids de l’opinion, apprenant qu’un marin anglais avait été mutilé sur ordre espagnol).

Guerre démontrant les faiblesses anglaises, avec les échecs pour pousser l’avantage sur Carthagène puis Cuba.

2. La guerre de succession d’Autriche  (1740-1748).

Guerre de statu quo au traité d’Aix-la-Chapelle, l’Angleterre ne tirant aucun avantage à son soutien financier de la Maison d’Autriche (échange de Madras par les Français contre Louisbourg en Nouvelle-Ecosse par les Anglais).

3. La lutte pour la domination de l’Amérique du nord (1756-1763).

Importance intégrée au fil du XVIIIe siècle de l’interdépendance du système maritime et impérial de la GB entre colons, marchands, armateurs, sous l’autorité de la couronne.

La guerre de Sept Ans (1756-1763). Deux tensions internationales à l’origine du conflit le plus meurtrier du siècle :

  • L’escalade de la rivalité franco-britannique en Amérique du Nord.
  • Le renversement des alliances en Europe (Frédéric de Prusse avec la GB ; Autriche, alliée à l’Angleterre depuis 1714, rejoignant la France).

Les premières victoires françaises en Hanovre et sur l’île de Minorque émurent l’opinion britannique, craignant à nouveau une invasion française.

Gouvernement Pitt fit voter des budgets de guerre :12,6M £ en 1757, 19,5M £ en 1760, entretenant 90 000 soldats, 75 000 marins et des milliers de mercenaires. 70 nouveaux vaisseaux pour faire le blocus de la France.

1759 : avantage britannique sur les mers et en Amérique, ainsi que dans les comptoirs indiens (reprise de Chandernagor et Masulipatam), prise de la Guadeloupe et de la ville de Québec.

Le traité de Paris (1763). Mort de Georges II (1760), le fils Georges III décida de faire la paix, s’opposant à W. Pitt qui démissionna. Gain pour la GB de l’ensemble de l’Hudson au Mississippi et renforcement des positions en Inde.

4. Essor des colonies britanniques en Amérique du Nord.

1720 à 1770 : essor spectaculaire des colonies. Augmentation de la population européenne de 220% (de 400 000  à 1,3M). Expliqué à 80% par le solde naturel, avec un taux de mortalité inférieur à la métropole (25‰ contre 32‰ en métropole).

Rôle également de l’immigration, avec 300 000 européens s’installant sur la période.

Extension du peuplement européen au détriment des peuples amérindiens dans les vallées intérieures, jusqu’aux Appalaches : la « ligne de Proclamation » de 1763, interdisant tout peuplement plus à l’ouest.

Villes déjà affirmées sur la période : Boston, New York, Philadelphie au nord, Richmond et Charleston au sud.

La décennie post-guerre de Sept Ans contribua à une intégration totale des colonies au système britannique impérial. Commerce florissant (Tabac n°1, construction navale et fret atlantique en 2). La GB constituait 80% des importations des Colonies, essentiellement produits métallurgiques et de luxe.

La balance commerciale des Colonies devint structurellement négative, la dépendance au crédit britannique étant source de tensions et d’irritations permanentes.

Deux constats récents :

  • Reproduction du modèle britannique dans les colonies américaines,
  • Lien fort entre chaque colonie et la métropole, mais peu d’échanges entre les colonies (jusqu’aux années 1770).

Mais une partie des colons étaient héritiers de la tradition républicaine de l’interrègne et du discours politique d’A. Sidney. Venant à accuser progressivement la métropole d’absolutisme et de tyrannie.

5. L’escalade du conflit entre métropole et colonie (1764-1776).

Georges III sacré en 1760, avec à compter de 1763 Lord Bute puis Grenville Lord du Trésor. Priorité de réduire la taille de la dette (50% du revenu de l’État y est consacré) + maintien de 10 000 hommes en Amérique, avec coût supporté par les colons.

Mars 1765 : Stample Act. Représentait pour les colons le début d’une fiscalité impériale, touchant les affaires internes des colonies, doublant les impôts indirects.

Réaction violente des colonies, l’assemblée de Virginie invoquant la Déclaration des Droits de 1690 pour faire valoir que sans l’Act était illégal sans représentation des colonies au Parlement (1765). Un congrès de délégués coloniaux à New-York en octobre 1765 vota le boycottage des produits GB.

Sous pression des marchands britanniques, l’Act est abrogé en 1766. En 1768, le Parlement anglais tenta d’augmenter les droits de douanes issus des colonies ; mais une part de l’opinion coloniale refusait toute imposition.

1773 : les Sons of Liberty jettent à Boston la cargaison de thé de la compagnie des Indes dans le port. Le roi et son ministre Lord North réagissent fermement.

En réaction, les colons s’organisent à nouveau à Philadelphie en assemblée de délégués (1774).

Point de rupture au printemps 1775 : les troupes du Général Gage tentant de saisir un entrepôt d’armes vers Boston, la milice réagissant en ouvrant le feu.

La guerre d’indépendance devint une nouvelle guerre européenne, la France s’impliquant activement (1778) avec l’Espagne (1779).

Le Parlement anglais resta inflexible à la négociation durant le conflit, s’en tenant au droit de la couronne. Les Patriots américains défendant eux le droit de tout « Anglais né-libre » d’être représenté au Parlement.

Les armées américaines furent dirigées par G. Washington ; victoires et défaits usèrent les deux armées lors de la première partie des 4 années et demi de conflit.

En octobre 1781 : victoire décisive des Américains et Français Washington et Rochambeau contre le général Cornwallis à Yorktown.

Traité de Paris de 1783 : reconnaissance totale par la Grande-Bretagne des États-Unis d’Amérique.

Désastre total au yeux de l’opinion britannique.

6. Répercussion de la guerre en Grande-Bretagne et en Irlande.

L’idéologie des rebelles américains traverse l’Atlantique et pénètre l’Angleterre, questionnant la réforme politique.

Quelques actions (demande de réforme pour mettre fin à la corruption de l’administration, de réforme du système électoral) mais restèrent sans réponses au XVIIIe siècle.

En Irlande : engendre un mouvement constitutionnel parmi les protestants. Pays prospère sur le long XVIIIe siècle (de 1,5 à 4,5M d’habitants entre 1706 et 1799 ; exportations x10).

Les Patriots parlementaires irlandais demandèrent l’abolition de la loi Poyning, maintenant le contrôle de Londres sur Dublin. Demande en 1775 par Floud et Grattan d’une « Constitution libre » pour l’Irlande.

En 1779 : 80 000 hommes essentiellement protestants, étaient armés et équipés au combat. Cette menace allié aux exigences adressées à Londres eurent raison de Lord North, qui fit voter au Parlement l’amélioration des conditions catholiques, ainsi que l’autonomie du Parlement irlandais en 1783.

En parallèle, des demandes étaient formulées sur les hausses de loyers des tenures, dîmes, corvées… Des mouvements organisés et parfois violents émergèrent :

  • White-boys catholiques de Munster,
  • Stell-boys protestants d’Ulster,

Ils sèment violence et insécurité dans les campagnes. Ces révoltes seront de nouveau stimulées par le vent révolutionnaire français.

Après 1780 : la Grande-Bretagne est défiée par la Révolution française puis les guerres napoléoniennes ; au-delà de la perte de son « premier empire », l’Angleterre s’ouvrait de nouveaux horizons, entre essor industriel dynamique et nouvelles présences dans le monde (Canada, Australie par J. Cook en 1773, maintien de la Compagnie des Indes en 1781) assurant la continuité de son avenir impérial.