Les mondes du travail en France de 1800 à nos jours

Cette fiche de lecture est un résumé d’une journée de conférence organisée au lycée Claude Fauriel de Saint-Etienne le 20 janvier 2011 pour des classes préparatoires des filières littéraires et économiques. Elle propose plusieurs études micro-historiques sur la région de Saint-Etienne, des études de cas et des exemples précis facilement employables dans une copie d’agrégation sur la question des mondes du travail en France au XIXe et au XXe siècles.

• Les mondes industriels stéphanois au XIXe siècle (Brigitte Carrier-Reynaud)
• Naissance et construction d’une entreprise emblématique du bassin stéphanois devenue patrimoine: la Manufacture Française d’Armes et de Cycles de Saint-Etienne (Toni Caporale)
• L’institutionnalisation du travail à travers l’histoire des ministère sociaux, 1791-1946 (Vincent Viet)
• Modalités et enjeux des politisations ouvrières aux XIXe et XXe siècles (Michel Pigenet)
• Les ouvriers par défaut en France dans le premier XXe siècle: ruraux, femmes et immigrés (Xavier Vigna)

Les mondes industriels stéphanois au XIXème siècle (Brigitte CARRIER-REYNAUD)

Le monde des ouvriers stéphanois

Définir les mondes industriels

Toute recherche sur les groupes sociaux se heurte à de multiples problèmes terminologiques et méthodologiques (G. NOIRIEL) :

• manque de chiffres fiables : enquêtes souvent incomplètes et changeantes d’une période à l’autre ;
• Changement de statut des personnes (cf. Enquête sur le travail de 1848) au cours de leur vie (travailleur à domicile, salarié ou indépendant) ;
• Changement de profession
=> nombreuses mobilités intersectorielles.
• nombreux allers-retours salariat/patronat ;
• Question du travail des femmes
=> tout cela compromet une approche statistique fiable. Il faut donc se contenter de quelques ordres de grandeur.

Chiffrer le monde industriel stéphanois

• En 1812 : 55% de la population de St-Etienne sont ouvriers (métallurgie, arme, ruban) ; 66% si on ajoute les mineurs, les ouvriers du bâtiment et les domestiques.
• Vers 1850, 80 % des Stéphanois sont des ouvriers et des artisans (J. MERLEY)
• En 1886, 18% pour la mine, 18% pour la métallurgie, 12% pour le textile, 13% pour le BTP.

• Le monde des rubaniers et de l’industrie du métal
• structure de production pré-capitaliste caractérisée par la dispersion de la production et le recours au travail à domicile.
• Compagnies des mines et d’armuriers : travail à l’usine et meilleure protection sociale.

Des univers de travail différenciés

Les acteurs de la vie industrielle stéphanois évoluent dans des univers de travail différenciés, où cohabitent le travail à domicile, l’artisanat, la petite et la grande entreprise.

La rubanerie

• travail à domicile et ce tout au long du XIXème siècle : La Fabrique rassemble tous ceux qui participent à l’élaboration du ruban (chefs d’entreprises, dessinateurs-metteurs en carte, dévideuses, ourdisseuses, passementiers et nombre d’autres à divers stades de fabrication).
• Les « fabricants » sont à la tête de petites affaires familiales : ils créent les modèles, fournissent les matières premières aux ouvriers et commercialisent les produits finis.
• Ces façonniers sont des travailleurs à domicile : tisseurs ou passementiers sont propriétaires de leur matériel et souvent de leur atelier, ils travaillent en famille, à leurs horaires. Ils vendent leur force de travail aux fabricants et sont rémunérés à la pièce.
• Les multiples tentatives pour fixer un prix n’aboutiront pas avant le début du XXème siècle.
Les passementiers sont des travailleurs manuels, soumis aux aléas de la conjoncture. Indépendants en théorie, ils sont dans la dépendance des fabricants. Certains cherchent à appartenir au patronat en s’établissant fabricants. Rares réussites mais cela montre une porosité entre les deux mondes.