Introduction

 

L’Histoire est-elle utile dans l’enseignement des jeunes officiers aujourd’hui ?

 

*Accroche
La Syrie et l’Irak sont deux théâtres majeurs des conflits actuels. Que ce soit à Raqqa ou à Mossoul, IED, Drônes, Forces Spéciales, missiles russes KH-101 capables de frapper à plus de 1000 kilomètres de distance sont autant de symboles d’une guerre moderne qui n’a plus rien à voir avec les guerres anciennes. Dans ce contexte il peut sembler peu opportun d’étudier la conquête d’Alexandre le Grand des territoires actuels irakiens ; il semble légitime de se demander ce qu’il y a à apprendre d’une charge de Cavalerie des Compagnons à Arbèles en 331 av. notre ère à l’heure du char Leclerc.

*Redéfinition
Il apparait nécessaire de s’interroger sur le sens des enseignements en Histoire, au-delà de la seule histoire militaire, au risque de rester ancré dans le passé et de préparer la guerre précédente.

 

*Problématique
Dans quelle mesure le jeune officier du XXIè siècle peut-il utiliser l’Histoire pour servir la Nation en ce début de XXI siècle ?

 

*Idée maîtresse
Pour paraphraser Clausewitz, « la guerre est un caméléon et la palette des apparences qu’elle peut revêtir est infinie » ; l’histoire ne peut remplacer l’expérience de terrain, mais elle permet, avec un regard critique éloigné de tout déterminisme ou quête futile d’analogies trompeuses, aux jeunes officiers de disposer d’une grille de lecture du temps qui concoure à une meilleure compréhension du présent.

 

*Annonce plan

J’organiserai mon exposé autour de deux idées directrices :
1 – L’Histoire permet de structurer le temps long et d’inscrire le présent dans des logiques d’interaction fines et complexes.
2 – L’officier a tout à gagner à maîtriser des idées et des théories militaires héritées du passé pour comprendre les évolutions actuelles et se garder de conclusions extérieures hasardeuses.

 

Développement – L’Histoire est-elle utile dans l’enseignement des jeunes officiers aujourd’hui ?

1 – L’Histoire permet de structurer le temps long et d’inscrire le présent dans des logiques d’interaction fines et complexes.

3 idées secondaires (IS)
1 exemple par IS

• IS1 : Pour faire écho à l’introduction, l’Irak et la Syrie actuels n’ont pas fondamentalement changé depuis Alexandre le Grand. Le théâtre d’opération désertique, la nécessité de maîtriser les points d’eau, l’extension cartographique démesurée de l’EI au regard de la réalité du terrain, autant de points que l’Histoire permet d’aborder.

• IS2 : L’armée française est héritière d’une tradition séculaire ; la notion de mémoire est capitale pour assurer la cohésion des troupes autour des valeurs républicaines.

• IS3 : Les situations géopolitiques actuelles sont le fruit de l’Histoire ; pour comprendre les OPEX, encore faut-il savoir d’où viennent les tensions actuelles qui ne se sont pas activées ex nihilo.

Transition : Ainsi l’Histoire permet de donner une grille de lecture d’enjeux actuels à la lumière du passé, enjeux culturels, sociologiques ou politiques. Mais, plus spécifiquement lié au métier des armes, l’Histoire est un outil essentiel dans l’exercice de la fonction de cadre militaire.

2 – L’officier a tout à gagner à maîtriser des idées et des théories militaires héritées du passé pour comprendre les évolutions actuelles et se garder de conclusions extérieures hasardeuses.

• IS1 : L’histoire militaire, encore souvent réduite à l’histoire-bataille, est porteuse de mythes, d’analyses journalistiques fugaces qui ne font pas toujours militairement sens ; ainsi le grand bouleversement de l’art de la guerre lors du second conflit mondial n’est pas le célèbre Blitzkrieg jamais conceptualisé, mais bien plus l’art opératif soviétique.

• IS2 : Les conflits actuels semblent imposer une forme moderne de la guerre à travers la guérilla ou le terrorisme. Ces actions indirectes, loin d’être modernes, ont été pratiquées dès l’antiquité et les modalités conceptuelles sont en réalité soumises à de fortes inerties qu’il faut connaître.

• IS3 : L’officier, amené à collaborer avec des troupes alliés occidentales, ou à combattre ailleurs qu’en Europe, doit prendre la mesure les grilles de lectures occidentales ne sont pas exclusives. L’art de la guerre asiatique, par exemple, semble profondément différent d’un supposé art occidental de la guerre cher à V.D.Hanson. Là encore, l’officier doit trouver dans l’histoire, au sens le plus large, des clés de compréhension fructueuses au-delà des approches simplistes.

 

Conclusion – L’Histoire est-elle utile dans l’enseignement des jeunes officiers aujourd’hui ?

=> + ID1 + ID2 + IM

L’enseignement de l’Histoire est décisif dans l’enseignement des jeunes officiers à deux titres. En tant que membre de la communauté nationale, il importe de mesurer les héritages passés, d’autant que certaines inerties sont profondes, tout en conservant un véritable regard critique. Comme technicien, l’officier a tout intérêt à maîtriser les acquis du passé, à tout le moins pour éviter une forme d’autisme qui consisterait à croire que le présent, que la technique, permettent de s’affranchir de toute mise en perspective militaire. L’Histoire n’est pas un litanie de leçon, mais la méconnaître est inenvisageable dans la construction d’un futur officier.

=> Ouverture
Depuis 2013, la crise ukrainienne fait monter les tensions entre l’OTAN et la Russie au point de craindre pour les pays Baltes ; l’Armée française est engagé dans cette réflexion, ainsi que l’a montré l’exercice de mai 2017 en Estonie. Il serait peut-être bon, au-delà des simplifications faisant de Vladimir Poutine un ennemi diabolique de l’Occident, de mesurer le poids de l’Histoire dans l’analyse de cette crise. La racine slave Kraj fait de l’Oukraïna un lieu de contact et de rupture, une entaille entre la Grande Russie et l’Europe. Ainsi John J.Mearsheimer pouvait -il affirmer en 2014 dans le revue du Foreign Affairs « que les USA et leurs alliés devraient abandonner leur plan d’occidentaliser l’Ukraine, et tenter d’en faire une zone neutre entre l’OTAN la Russie ». Encore faut-il que l’Histoire de ce territoire soit réellement maîtrisée par les décideurs.

 

***

 

Sites annexes et bibliographie

La nouvelle histoire-bataille article->http://www.persee.fr/doc/espat_0339-3267_1999_num_71_1_4066 Laurent Henninger
« Ils ont tué l’histoire-bataille ! » . Mythe ou réalité ?
Histoire de la guerre et polémologie – Bibliographie de l’Institut de stratégie Comparée
Stratégique 2017/3 (N° 116) La formation des élites militaires : un enjeu stratégique