Culture, enseignement et société en Occident aux XIIème et XIIIème siècles – Épisode 3
Chapitre 9 : L’expansion universitaire au XIIIème siècle
Le modèle bolognais
Les premières traces d’une organisation communautaire se font sentir dès le début 1190. Des 1182, la Commune de Bologne demande aux professeurs des écoles de droit le serment de ne pas chercher à quitter la ville avec leurs élèves, ce dernier est répété à de multiples reprises jusqu’au début du XIIIème siècle. Ces serments n’ont pas suscité de grandes oppositions de la part des maîtres et des étudiants, qui aimaient vraisemblablement leur ville. L’origine du mouvement qui donne naissance à l’université se trouve chez les étudiants. Ces derniers sont souvent issus d’un haut rang social, et sont assez mûrs au moment de faire leurs études. Ils se regroupèrent en « nations », comme les marchands, à partir de 1191. Des 1195, certaines nations non-italiennes se rassemblent en « confréries » (Confratria scholarium ultramontanorum), on parlera un peu plus tard d’universitates, qui se stabilisent en deux groupes au début du XIIIème siècle : les « Citramontains » (nations d’Italie)(lombarde, toscane, romaine) et les « Ultramontains » (nations non-Italiennes) (allemande, anglaise, bourguignonne, catalane, espagnole, française, hongroise, normande, picarde, de Poitou-Gascogne, polonaise, provençale et de Touraine).
Au départ, nations et universités étaient de simples groupes d’entraide, assurant l’encadrement religieux, et veillant à la sécurité collective face à la population ou aux magistrats hostiles. Peu à peu, les universités prirent en charge l’organisation de la vie communautaire et des études. L’intervention pontificale joue un rôle important : depuis 1160, les papes avaient reconnu l’importance des écoles bolognaises dans le renouvellement du droit savant, et du droit canon (les meilleurs canonistes de la curie romaine en étaient eux-mêmes issus). En 1219, Honorius III étendit aux écoles de droit le système de la licentia docendi, confiée à l’archidiacre de Bologne, et demanda à la Commune de retirer les statuts municipaux prohibant la constitution des universités étudiantes. Entre 1224 et 1250, la Commune, les maîtres, les étudiants, et le pape se retrouvèrent dans une hostilité commune à Frédéric II, qui cherchait à ruiner les écoles de Bologne au profit du studium qu’il venait de créer à Naples, ce qui permit à l’université de Bologne de prendre une forme institutionnelle stable. Les statuts primitifs ont été perdus, mais on a les taxatio punctorum (1252), liste de lectures obligatoires accompagnées d’un calendrier précis que devaient suivre les maîtres. Cela montre l’encadrement de l’enseignement par l’université. Les professeurs passaient contrat avec les universités.
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