Une fiche de lecture sur l’ouvrage de concours Ellipse, sur le sujet de la géographie des frontières dans le monde.

PARTIE 1 : GENERALITES

Chapitre 1 : Les frontières, objet géographique

Frontières étatiques remises au goût du jour avec le COVID : de frontière filtrante à barrière intégrale. Sur le plan géographique, elles sont à explorer en rapport avec la territorialisation politique du monde et à considérer comme des éléments majeurs de l’organisation de l’espace. C’est une notion qui ne cesse d’évoluer dans le temps : elles peuvent être fermées, ouvertes, poreuses, fantômes, dangereuses, sécurisées, centrales ou périphériques. Quelque soit l’endroit de la planète, elles sont en constante évolution quant à leur perception.

I – La notion de frontière

  • Définition 
    • Etymologiquement en français, « Front » = idée de confrontation. Par glissement à la limite du territoire d’un Etat. En anglais 2 termes pour désigner la frontière : « Border » (espace frontalier) et « Boundary » (ligne frontière)
    • Peut être défini comme : « ligne séparant deux entités souveraines au sens des Nations Unies. L’existence d’une frontière détermine le système juridique auquel on doit se conforter ». Et dans le cadre de démocraties, elle est la limite dans lequel la citoyenneté va s’exercer.
    • Carte est un élément essentiel dans la perception des frontières.
  • La ligne frontière : le pavage « obligé » du monde

Linéaire frontalier estimé à 26 1570km (Foucher, 2020) divisé en 311 dyades

  • La logique des frontières : faire bloc
    • Au XXe, la notion de frontières interétatiques s’impose à tous, et est définitivement entérinée avec naissance de l’ONU.
    • On parle de pavage étatique du monde = implique donc le rassemblement spatial du groupe obéissant à une autorité commune à non sans difficultés et tensions. Exemple : Ex-Yougoslavie.
  • L’enclave et la frontière 
    • Enclave = imbrication d’un territoire à l’intérieur d’un autre. Ex : Lesotho.
    • Lorsqu’elle est rattachée à une autorité disjointe, on parle d’exclave (mot anglais). Ex : Kaliningrad.
  • Mer et ciel : ces autres frontières
    • Frontières maritimes = notion qui apparaît au XVIIe avec le développement du commerce puis établissement progressif d’un droit de la mer fondé sur différents degré de souveraineté (des eaux intérieures au ZEE)
    • Frontières aériennes = origine à la Conférence internationale de Paris de 1925 puis se met en place progressivement. La souveraineté des Etats sur leur espace aérien est absolue, même si, depuis 1984, interdit de tirer sur un avion civil
    • Passage des frontières soumis aux libertés de l’air

II – Les frontières, objet géopolitique

Pour Yves Lacoste, la géopolitique est l’étude des rivalités des pouvoirs s’exerçant sur les territoires à frontières y ont donc une place essentielle. (en tant que limites de territoires ; objet d’accord ou de rivalités )

  • Classer les frontières : un révélateur de nos visions des frontières
    • Frontières naturelles = frontière qui s’appuie sur un élément naturel (cours d’eau ou ligne de crête) à + de ½ des frontières mondiales. Mais terme trompeur car la frontière est décidée par l’homme qui s’appuie sur un support naturel pour la créer.
    • Frontières artificielles = dans le cadre de vastes zones dépeuplées avec frontières dessinées au cordeau (Afrique, Moyen Orient)
  • Frontières et conflits
    • Frontière comme objet de litige voir d’affrontements : Ex : Ukraine depuis 2014, frontière soudanaise, Cachemire entre Inde et Pakistan…
    • Enjeux divers de ces conflits : territoriaux, identitaires (Inde/ Pakistan), stratégiques (Irak/Koweït)
    • Tout litige frontalier peut faire l’objet d’une procédure auprès de la Cour Internationale de Justice mais nombre relativement limité (à peine 45 en 70ans)
  • Le « retour des frontières » : des discours aux processus de défrontiérisation / refrontiérisation
    • Debordering (défrontiérisation) = Principe de souveraineté étatique territoriale largement remis en cause (par la mondialisation et les flux de tout part, par le « sans-frontiérisme » des ONG devant l’incapacité des souveraineté étatique à faire face à des catastrophes naturelles…)
    • Rebordering (refrontiérisation) = Processus de barriérisation avec construction de murs présenté comme une réponse sécuritaire (attentats, migrants)

 III – Les frontières et l’organisation de l’espace

Pour Philippe et Geneviève Pinchemel (La Face de la Terre, 1998) : « le paradoxe de la frontière est de séparer des territoires dont la proximité appelle la relation. »

Christiane Arbaret-Schulz (2002) : « Une frontière est un objet géographique qui met de la distance dans la proximité » quand « le réseau met de la proximité là ou il y a de la distance ».

Frontière est donc un élément organisateur de l’espace :

  • Les frontières marquent l’environnement …
    • Différences d’aménagement (urbains, cultures…) marquant la frontière entre 2 Etats. Ex : années 1990 photo satellitaire montrant la divergence d’agriculture de part et d’autre frontière Etats Unis/ Mexique
    • Avec la construction d’une barrière, la frontière devient paysage
    • Gestion de l’eau : frontière fluviale, aquifère frontaliers
  • … Au point de devenir ressource
    • Rapport important des frontières à l’identité. Pour Samuel Boggs (1940), la simple existence de la frontière politique allait déterminer la langue appris à l’école, les journaux lus, les livres disponibles…
    • Espace frontalier exploité comme moyen d’intégration régional et de rapprochement économique. Au sein de l’UE, 2M de travailleurs frontaliers è espace frontalier est donc synonyme de ressources d’abord exploitée par les populations (activité frontalière, migrants sans visa s’installant dans l’espoir de le passer)
    • Existence d’agglomérations transfrontalières : Ex : Villes jumelles (Etats Unis/Mexique) ou encore Kinshasa / Brazzaville (RDC/Congo)

Conclusion

  • Frontière = objet géographique au sens où leur fonctionnement dépend des contextes spatiaux à différentes échelles et où leur inscription dans l’espace peut faire territoire, en délimitant de façon effective deux Etats.
  • Complexification de la gestion et du fonctionnement de nombreuses frontières : de + en + de dyades sont l’objet d’une gestion sécuritaire.
  • Une « smart border » est le produit d’un discours faisant de la frontière une ligne de protection (rebordering) et de pratiques visant à trier les personnes. La frontière n’est plus alors une ligne devant être franchie dans des points de passages frontaliers. Elle est démultipliée, se vivant au Consulat, à l’aéroport, dans des camps de rétention.

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