Être touriste, c’est habiter le territoire des autres et venir dans un lieu avec un projet fondé sur des pratiques. Dès lors, faire du tourisme c’est fréquenter des lieux et les transformer par notre présence. Le tourisme est l’activité humaine qui a transformé et créé le plus grand nombre de lieux, à l’échelle du Monde et sur le temps long.

           Par leurs formes urbanistiques et aussi architecturales, les lieux touristiques  interpellent. De nombreuses tentatives ont été proposées pour les appréhender et rendre compte de leur identité et de leurs spécificités [LOZATO-GIOTARD, 1987 et 1990 ; CAZES, 1992 ; DEWAILLY et FLAMENT, 1993]. Aujourd’hui, il est possible de proposer une typo géographique des lieux qui soit une alternative à la « vocation », à « l’attraction » ou aux seules « ressources naturelles » pour expliquer l’existence et la localisation de telle ou telle destination, sa forme et son fonctionnement.

           Enfin, un lieu touristique n’est pas figé mais il évolue au fil du temps. Le changement de forme produisant parfois des changements dans la nature même du lieu. Cela conduit à montrer la remarquable performance des destinations à durer, ce qui interroge la pertinence de certains modèles [BUTLER, 1980 et 2006 ; CHADEFAUD, 1987 ; MIOSSEC, 1977 ; PLOG, 1974 et 2001]. Car la plupart des lieux touristiques = des lieux urbains et des systèmes spatiaux et sociaux ouverts. Dès lors, ils peuvent capter l’innovation et s’adapter assez facilement aux changements.

I – Logiques d’apparition et caractéristiques des lieux touristiques

           Avant de proposer une typo des lieux touristique, il convient d’en identifier la genèse. Comment un lieu devient-il touristique ? Deux logiques spatiales ont été identifiées : soit un établissement humain préexistait au tourisme sous la forme d’un village/ville, grande ou petite ; soit le lieu a été créé par le tourisme. Rien de tangible n’existait avant, aucun établissement humain ne s’étant développé préalablement. Cette double logique a été identifiée par Daniel Clary en 1977, quand il évoquait à propos du littoral normand : « Le tourisme ne peut y prendre place qu’à deux conditions. Ou il utilise les points d’appui urbains en profitant de leurs relations avec l’intérieur, et de leurs structures d’accueil […] Ou bien, 2ème possibilité, le tourisme profite de quelques zones de faiblesse, mal tenues, presque inutilisées : l’entre Dives et l’Orne, le débouché de certaines vallées et valleuses cauchoises. L’espace investi par les touristes n’était pas utile (le bord de mer n’est guère favorable à l’agri par ex) » [CLARY, 1977].

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