Musee Des Moulages Adolf Michaelis
Palais universitaire 9 place de l’Université,, Strasbourg 67000
La politique religieuse augustéenne à travers deux copies de reliefs du musée Adolf Michaelis
Depuis que Ronald Syme a exposé son analyse sur l’arrivée au pouvoir d’Auguste, l’art romain de la fin des guerres civiles et du Principat a bien du mal à se défaire de certaines étiquettes. Encore aujourd’hui, il n’est pas rare d’en faire un outil de propagande véhiculant le retour à l’âge d’or et le conservatisme augustéen après les dernières années troublées de la République. Pourtant, d’autres auteurs, comme Ranucchio Bianchi Bandinelli, ont, avec quelques exagérations, insisté sur l’aspect révolutionnaire de cet art qui ne se contente pas de reproduire des idéaux esthétiques, mais est capable de véritables créations artistiques. Comme l’a montré Gilles Sauron, l’analyse de l’art sous Auguste ne peut pas faire l’économie d’une compréhension plus vaste des divers mouvements artistiques ayant marqué le dernier siècle de la République. Une étude des œuvres dans leur contexte est indispensable pour saisir les sens cachés, les énigmes dont les Romains cultivés étaient friands. De ce fait, le message artistique n’est pas accessible à chacun, il appartient au contemplateur contemporain de retrouver le regard des observateurs antiques.
Ces derniers sont essentiellement des aristocrates aisés et instruits, amateurs de belles lettres et fins connaisseurs de la culture grecque classique et hellénistique. Ils reconnaissent les références à la poésie alexandrine dans les écrits de Virgile ou de Catulle et sont capables de déceler des allusions très érudites dans différents domaines artistiques. Néanmoins, il ne faut pas oublier que ces individus sont, dans les années qui suivent la bataille d’Actium, ceux qui ont connu les derniers déchirements des guerres civiles. En particulier, ils ont assisté à la vengeance contre les assassins de César, à la constitution du triumvirat de Marc-Antoine, Octavien et Lépide, à la lutte de ces imperatores jusqu’au siège d’Alexandrie. Beaucoup d’entre eux ont pris part aux combats, en soutenant Marc-Antoine ou Octavien et certains ont déjà dédié des œuvres ou monuments pour soutenir un des partis. Dans ce contexte, la lutte idéologique se manifeste aussi dans l’art ; mais au lendemain de la victoire d’Octavien, ce dernier doit mettre en place une nouvelle manière d’assurer ses diverses politiques. Les supports artistiques ont alors leur rôle à jouer.
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