Une fiche de lecture sur le poids de l’agronégoce au Brésil sous l’ère Bolsonaro, extraite de la revue de géopolitique Hérodote. L’article date de 2021 ; il ne tient donc pas compte des revirements [d’ailleurs à relativiser] du gouvernement Lula (de retour au pouvoir depuis janvier 2023) relatifs au secteur de l’agronégoce.

Vue de l’extérieur, l’Amérique latine propose un grand nombre de modèles et de contre-modèles pour penser la question environnementale contemporaine. Le Brésil et son rapport à l’environnement depuis l’élection de Jair BOLSONARO est un exemple très particulier.

Les autrices (Céline Broggio et Martine Droulers) préfèrent le terme « agronégoce » employé au Brésil plutôt qu’ « agribusiness ».

Agronégoce Brésil = 20% du PIB et 30% des emplois = il conforte le solde positif de la balance commerciale du pays, nourrit 1,5 milliards de personnes dans le monde et constitue donc une source de pouvoir géopolitique => le secteur de l’agronégoce peut compter sur de solides appuis au sein des institutions brésiliennes. Son influence a été particulièrement visible au moment de l’élection présidentielle de J.BOLSONARO en 2018 dont le programme s’appuyait sur « trois B » = Boi (le bœuf) désignant le secteur florissant de l’élevage bovin, emblématique des succès de l’agronégoce ; Biblia (la Bible) représentant les mouvements évangéliques ; Bala (les armes) représentant l’armée, les groupes favorables à l’usage privé des armes et à une politique sécuritaire démonstrative en réponse aux violences urbaines et rurales => rapidement, 2 de ces piliers (Biblia / Bala) se sont partiellement dissociés du pouvoir tandis que l’agronégoce est resté un soutien indéfectible.

Céline Broggio [Université Sorbonne Paris-Nord] et Martine Doulers [CNRS-CREDA = Centre de Recherche et de Documentation sur les Amériques] cherchent à montrer :
1) comment fonctionnent les relais géopolitiques de l’agronégoce au sein des institutions – le Congrès, via le Front parlementaire de l’agriculture (FPA) ; le gouvernement, via le ministère de l’Agriculture, Elevage et Approvisionnement (MAPA)
2) l’intensification des relations financières, dans un contexte d’accélération de la mondialisation agricole attisée par la demande chinoise entre le pouvoir politique et le lobby de l’agronégoce au cours de la période récente
3) la nécessité des innovations, à l’origine d’un clivage entre le FPA conservateur et des démarches émergentes, en partie portées par l’agriculture familiale.

L’agronégoce, un secteur qui dispose de puissants relais

NB : agronégoce influent au sein du MAPA où a été nommée après l’élection de BOLSONARO, Tereza Cristina CORREA da COSTA, députée du Mato Grosso do Sul, leader du FPA [elle est remplacée depuis janvier 2023 par Carlos FAVARO – lui aussi issu de l’agronégoce].

Le nouveau ministre investi par LULA en janvier 2023, Carlos FAVORO, s’est lancé dans une carrière politique après des années de travail dans l’ agro-industrie , où il est devenu vice-président de l’Association des producteurs de soja du Brésil (Aprosoja Brasil) en 2010 et président en 2012. Il a également présidé la Coopérative agro-industrielle de Lucas do Rio Verde. (Cooperbio Verde) de 2007 à 2011. Fávaro a également été délégué à l’Association des producteurs de soja et de maïs du Mato Grosso (Aprosoja)].

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