Une fiche de lecture sur la gestion de l’environnement dans différents Etats d’Amérique latine, extraite de la revue L’information géographique. L’article date de 2021.
Cette fiche peut être accompagnée de Amérique latine – I-Des agricultures très contrastées (L’Amérique latine, Hervé Théry et Marie-Françoise Fleury, Atlande et de L’Amérique Latine (sous la direction de Marcelo Pires Negrão), Ellipse, 2021
Vue de l’extérieur, l’Amérique latine propose un grand nombre de modèles et de contre-modèles pour penser la question environnementale contemporaine : elle fournit alternativement imaginaires utopiques (Bolivie, Equateur et Venezuela) et tableaux de désolation (Brésil), à ses propres sociétés comme aux observateurs internationaux, focalisés souvent sur la centralité du géosymbole amazonien => ce qui ne permet pas toujours de tirer un bilan rigoureux des réelles innovations et limites de ce qu’ont mis en place les latino-américains en matière environnementale au cours des 2 dernières décennies.
A l’échelle continentale, l’écologie politique latino-américaine est l’objet de violentes controverses liées à la frustration face aux espoirs déçus que le virage à gauche de la première décennie avait soulevés en termes de mutation des modèles de développement et à l’opiniâtreté des résistances populaires à l’extractivisme. Il faut également souligner la persistance des structures de domination et de dépendance tant internes aux pays de la région que relatives à leurs relations extérieures – jamais suffisamment desserrées au cours du XXI° pour changer en profondeur les rapports collectifs à l’environnement.
Quelles sont les réussites et les échecs des politiques environnementales menées en Amérique latine depuis le début du XXIe siècle ? Comment sont-elles perçues de l’extérieur ?
I. Quelles sont début XXIème les grandes utopies environnementales latino-américaines?
1. Le modèle brésilien : maîtrise de l’immensité et réconciliation des contraires
Le modèle se construit durant les 2 premiers mandats du parti des travailleurs – PT – (de 2003 à 2011) => réduction constante des taux de déforestation amazonienne à partir de 2004, liée à la forte institutionnalisation de la lutte contre les atteintes à l’environnement (articulation serrée entre répression sur le terrain, appui décidé aux différentes administrations et production de connaissances cartographiques précises et actualisées) => le Brésil semble alors démontrer que la maîtrise de l’immensité d’un territoire complexe est possible.
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