Une fiche de lecture très dense et très complète de la Documentation Photographique sur la forêt, France, XVIIe-XXIe siècle. Cette fiche est à mettre en lien avec les questions de géographie de l’agrégation et du CAPES externes de géographie (Géographie thématique : Environnements : approches géographiques) ainsi qu’avec la question de géographie de la France de l’agrégation interne.
Elle peut être mise en relation avec Les espaces ruraux en France (Alexandra Monot, Bréal, 2020) ; La France: atlas géographique et géopolitique
LE POINT SUR (Vincent Moriniaux)
Concepts du dossier : Réchauffement climatique
Y a-t-il encore des forêts naturelles ? présence de l’homme même en Amazonie ; étude dans revue Science en 2017 : les effets de la domestication avant la colonisation sont encore observables
Botaniste Francis Hallé lance une association de création de forêt « primaire » en Europe de l’Est (avec une seule activité permise: la déambulation sur des passerelles à 50cm du sol pour favoriser l’humus et les racines)
La forêt, un commun ? L’idée du commun s’oppose à celle de l’exploitation ; hoix politique supposant la mise en place de limites à la propriété privée (propriétaire de terres abandonnées en montagne) et protection des espaces naturels nationaux (1960), régionaux(1990), Conservatoire du littoral (1976)
Le « citadin » et le « sauvage » : incompréhension des urbains français qui souhaitent du bois pour ses meubles, ses emballages et sa maison tout en refusant qu’on coupe des arbres. Rôle de l’homme dans la conduite d’une forêt qui serait ni accueillante ni productive sans sa présence.
Les 3P que gèrent les forestiers : Production dépassée par la Protection, et le P de promenade ou Public. Eco-anxiété : concept apparu il y a 10ans qui désigne manifestation d’angoisse face aux changements environnementaux notamment climatiques
Groupement forestiers citoyens et écologiques (GFCE), expansion rapide dans les zone de montage ou moyennes montagne : dimension écologique et éthique prime sur le rendement économique ; vente de bois servant à l’acquisitions de nouvelles forêts place de la chasse ++ : qui y est interdite, mais importante dans les forêts périurbaines- Forêt de Bière agrandie et aménagée par les souverains, et a pris le nom du château Fontainebleau car proche avec Paris, terrain privilégié de chasses royales puis impériales- Tradition du mois d’octobre à février
Grande Ordonnance des Eaux et des forêts de 1516 de François Ier : cadre juridique strict pour encadrer la chasse ; et seuls les rois et les nobles en temps de paix avaient le droit, car le droit de chasser est lié au port d’armes ; pratique démocratisée par la Révolution
Domaine forestier de Chambord = Exemple de rivalité pour l’usage de la forêt entre les puissants et les petits (même propriété privée, la forêt est autorisée aux chasseurs tant qu’une interdiction formelle n’est pas prise
I. La forêt française quelle histoire !
A) La forêt gauloise
Moins aménagée et exploitée, pas aussi dense, un climat qui se réchauffe après les glaciations qui accompagnent la fin du Paléolithique et la forêt de feuillus remplace progressivement les steppes et les toundras. Les humains commencent à prélever les arbres nécessaires à leurs constructions, à la production du feu et dans le sous-bois les fruits, champignons et gibiers pour l’alimentation. Concept de forêt nourricière par les historiens : qualifie cette forêt indispensable aux communautés villageoises.
Fin du Néolithique : la forêt primaire n’existe plus ; les communautés défrichent pour ouvrir des espaces de pacage pour le bétail ; favorisent les essences intéressantes pour l’alimentation et le feu : les fruitiers et les bois blancs (bouleau qui brûle très bien en produisant des cendres, utile moyen de fertiliser les clairières cultivées) ; agriculture itinérante et de grandes surfaces ; la surface des forêt ne régresse que près des villes : les gallo-romains consomment une grande quantité de bois pour les thermes et les bains
B) La forêt médiévale
La croissance démographique des XIe-XIIIe siècles entrainent des grands défrichements du Moyen-Âge repoussant les espaces boisés vers les terres moins fertiles à cultiver ou aux limites des territoires
C) De 1346 à la Grande Réformation
Question de protéger leurs forêts pour les seigneurs et les rois tout au long du Moyen-Âge et époque moderne.
Expression « Eaux et Forêts » : début du 13e, sous Philippe Auguste, volonté de gestion organisée des forêts du domaine royal ; 1ère vraie administration forestière en 1346 par Philippe VI de Valois, par l’ordonnance de Brunoy Succession de mesures établissant le rôle des maitres interdisant la chasse aux membres du tiers-état, établissant un code forestier = modernisent cette administration.
- Droit d’enquête des agents des Eaux et des Forêts dans les forêts royales comme privées = suscitent fortes oppositions du clergé et de la noblesse
- Difficultés d’appliquer à tout le royaume un contrôle strict de la gestion des forêts, assurer une réserve de grands arbres dans les futaies pérennes + l’augmentation des besoins en bois pour les fortifications et la marine engendrée par les nombreuses guerres de Louis XIV conduisent Colbert à partir de 1661 à lancer la Grande Réformation qui dure 20 ans (base d’une administration forestière moderne)
- Révolution Française : administration publique des forêts devenues biens nationaux + mise en place du pouvoir napoléonien (fin de la féodalité et abolition des privilèges)
D) Quand l’industrialisation « sauve » la forêt
La Révolution industrielle met fin au XIXe au recul des espaces forestiers français. 3 phénomènes ont des répercussions majeures sur la forêt
- L’exploitation de la houille (charbon de terre) : fait perdre au bois une part de son importance comme source d’énergie
- La sidérurgie : fournit avec la fonte et l’acier un concurrent sérieux au bois comme matériau de construction
- La modernisation agricole rend par l’augmentation des rendements, les cultures moins gourmandes en terres
Prise conscience balance forestière de la France = déficitaire, particulièrement sous le Second Empire soutient boisement et reboisements (résineux, feuillus) pour mettre en valeur les zones humides pour prévenir les risques d’inondation et l’érosion (terrains de montagne) + rentrer la forêt dans l’ère industrielle
Voir François Jarrige, La contamniation du monde, Une histoire des pollutions à l’âge industriel, Seuil, 2017 et Jean-Baptiste Fressoz, Fabien Locher – Les Révoltes du ciel, une histoire du changement climatique XVe-XXe siècle, Seuil, 2020
E) Déprise agricole et déficit de la balance commerciale
Déficit persistant en bois d’industrie et en pâte à papier s’aggrave et les acteurs de la planification et de l’aménagement du territoire
II. L’impossible synthèse des 3P : Question d’échelle (Protection-Promenade-Production)
Depuis au moins la fin de la Seconde Guerre mondiale, les politiques forestières nationales tentent de s’adapter au marché européen des bois ; c’est au niveau mondial que des évolutions se jouent désormais
A. La forêt nous sauvera-t-telle du réchauffement climatique
Forêt = piège à carbone, et les arbres = nos alliés dans la lutte contre le réchauffement climatique
Dès fin années 1990, et le protocole de Kyoto en 1997 : ont permis de mettre en place la majeure partie des systèmes de tarification du carbone ; financent des opérations de reboisement pour compenser leur empreinte carbone
Les entreprises plantent des arbres pour compenser une partie de leurs émissions de CO2
Orange signe un partenariat avec l’Alliance Forêt Bois, la plus grande coopérative de forestiers française : il s’agit de financer la plantation de 260 000 arbres (soit une densité moyenne de 1500 arbres à l’hectare) pour séquestrer 32 000 tonnes de CO2 ; On estime qu’une forêt tempérée mature stocke autour de 200 tonnes de CO2 à l’hectare
- Pertinence des projets= garantie par le label Bas carbone crée en 2019 par le ministère de la Transition écologique
- Nouvelle forme de financement de la forêt privée qui était financée par l’exploitation du bois
- Projets forestiers perçus comme une autorisation à continuer d’émettre sans compter par certains = il faut que l’entreprise qui compense s’engage dans la réduction de ses émissions
2 éléments passés sous silence contre le réchauffement climatique : l’albédo = fraction de l’énergie solaire qui est réfléchie vers l’espace ; une forêt a en moyenne un albédo entre 2 et 5 fois plus faible qu’une terre agricole ; en boisant des terres agricoles, on diminue l’albédo de la Terre qui absorbe donc plus d’énergie et se réchauffe ( plus une surface est réfléchissante lus son albédo est élevé, moins l’énergie solaire réchauffe le sol)- Le méthane :2ème gaz à effet de serre derrière le (CO2) est responsable de 20% du réchauffement climatique global, le CH4 a un pouvoir de réchauffement global calculé en 1 siècle, 28 fois supérieur à celui du CO2, mais a une durée de vie plus courte que le CO2
B. Qu’arrivera-t-il à la 3ème forêt de chênes du monde
Aujourd’hui c’est la demande chinoise qui fait le prix du chêne français = le chêne français bénéficie d’une bonne image auprès de la nouvelle classe moyenne chinoise qui plébiscite parquets et meubles en chêne tricolore. La Russie est son 1er fournisseur, la France 2ème devant les États Unis.
La France vient de réagir en imposant un label européen sur les grumes provenant de forêts publiques qui doivent être transformée dans l’Union. Drame de la forêt française : incomplète intégration de sa filière forêt -industrie du bois. Les propriétaires ne veulent pas vendre les scieries françaises à un prix inférieur à celui qu’ils peuvent obtenir sur le marché international.
Vers un changement de paradigme ?
Forêt française publique de métropole + OM = 150 000 hectares protégés dans 254 réserves biologiques. 56% des surfaces de forêts domaniales présentent un enjeu de biodiversité reconnu que l’ONF doit intégrer dans ses plans de gestion. Conscience que la majeure partie de la diversité biologique terrestre se trouvent dans les forêts : 70% des espèces végétales et animales existent dans le monde.
Inscription de forêts au patrimoine mondial de l’UNESCO et sont gérée par la communauté internationale conjointement avec les États.
Loi du 22 août 2021 « Climat et résilience » modifie le code forestier place « les forêts, bois et arbres sous la sauvegarde de la nation », énonce les priorités que les Français du XXIe siècle assignent à leur forêt :
- Protection et la mise en valeur des bois de forêts + reboisement dans cadre d’une gestion durable
- Conservation des ressources génétiques et de la biodiversité forestières
- Protection de la ressource en eau et de la qualité de l’air par la forêt dans la cadre gestion durable
- Préservation de la qualité des sols forestiers, devant des enjeux de biodiversité, ainsi que la fixation, notamment en zone de montagne, des sols par la forêt
- Rôle des puits de carbone par la fixation du CO2 par les bois et forêts et le stockage de carbone dans les sols forestiers, bois et forêts, le bois et les produits fabriqués à partir de bois, contribuant ainsi à lutter contre le changement climatique
Tenue d’un inventaire permanent des ressources forestières de la Nation
Paradigme : de ressources inépuisables à exploiter, la forêt est devenue trésor à préserver
THEMES ET DOCUMENTS
I. La forêt entre nature et culture ?
L’imaginaire de la forêt
- Place particulière dans l’imaginaire collectif, nourri de légendes, coutumes, croyances
- Expérience multi-sensorielle : promenade en forêt, inspire les peintres, les écrivains, les musiciens
Poète Francis Ponge (le carnet du bois de pins 1947) : multiples variations sur du bois de pin
Roman de François Mauriac de Thérèse Desqueyroux (1927) : description de la forêt des Landes
Peinture : peintures paysagistes de l’école de Barbizon
Musique : Waldszenen (Scènes de la forêt) pièces pour piano par par Robert Schumann en 1849
Contes : Italie par Giambastista Basile (1566 – 1632) ; Charles Perrault (1628-1703) en France et les frères Grimm (1785-1863) En Allemagne
Qu’est-ce qu’une forêt ?
L’UE n’a pas de politique forestière ni de définition commune des forêts autre celle retenue par la FAO pour le monde. Il faut considérer 4 éléments : l’arbre, la surface, la couverture et l’écosystème.
Différentes notions
1°) Pour le forestier : un arbre = un végétal ligneux avec un tronc distinct qui dépasse généralement 10m à l’âge adulte ; plus petit = arbuste ; sans tronc distinct c’est un arbrisseau
Toutes les plantes ligneuses même si elles n’ont pas de tronc distinct peuvent être assimilées à un arbre comme le bambou, ou le palmier.
Question de la hauteur de l’arbre : Ecotones : zone de contact entre 2 écosystèmes différents/ Garrigue (forêts dégradées) / maquis méditerranéen très sèches/ Forêts alluviales/ Mangroves
2°) Une surface : la France compte les forêts à partir de 50 ares, soit un demi-hectare, superficie possible dans la longueur comme dans le cas de haies d’un bocage.
3°) Une couverture : permet d’apprécier la concentration des arbres ; on considère la forêt vue du ciel et on calcule le % du sol recouvert par la cime des arbres : si cime empêchent le soleil de parvenir au sol = qualifiée de dense ou fermée// Sinon si cimes espacées, offrent une grande luminosité, forêt dite ouverte ou claire.
En France, on retient le seuil de couvert arboré de plus de 10%
4°) La forêt c’est un écosystème : elle créé elle-même des conditions de survie et de développement.
Considérer les 4 notions dans le temps
Remarque : la fonction de la forêt n’est pas première dans la définition : le gestionnaire distingue la forêt de production d’une forêt de protection ou récréative. Naturelle ou artificielle, aménagée ou non, productive ou non
A qui appartient la forêt ?
Seules les forêts domaniales, gérées par l’ONF sont le patrimoine de tous les Français. Héritage de la Révolution française. Sur 17 millions d’hectares de la forêt française,
- Seulement 1,5 million d’hectares sont des forêts domaniales
- Il faut ajouter les autres forêts publiques : 2,8 millions d’hectares : forêts communales essentiellement dont la gestion est déléguée à l’ONF
- Une réalité de ¾ des forêts sont privées, soit 12,7 millions d’hectares ; particularité de la France non retrouvée chez les voisins européens comme l’Allemagne
Statut des forêts = héritage historique, différemment réparti sur le territoire
- Autour de la région capitale : anciens grands domaines royaux, donc plus forts taux de forêts domaniales
Dans l’est et le nord : taux élevé qu’ailleurs en raison des forêts plantées par l’Etat après la 1ère guerre mondiale sur les anciens champs de bataille
Dans les régions de montagne : essentiel de la propriété forestière communale, gestin des biens par les communautés d’habitats qui remonte aux époques de l’affouage ( partage des coupes réalisées dans la forêt communale, not. pour bois de chauffage)
Dans l’ouest : majorité de forêt privée, où la surface a beaucoup augmentée au gré des reboisements et boisements au cours des XIXe et XXe siècles. En Bretagne, Pays de La Loire et Nouvelle Aquitaine la part de forêt privée atteint les 90%. - Encadrement des forêts françaises publique ou privées par le Code Forestier, et tout propriétaire d’une forêt>25ha doit suivre le Plan Simple de Gestion (PSG), qui programme les coupes et travaux, agréé par le centre régional de la propriété forestière (CRPF) et la Direction régionale de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt.
- Visées : la forêt domaniale n’est pas gérée pour produire sur le court terme, expression retenue « pour les générations futures », à l’inverse des forestiers privés qui recherchent plutôt une rentabilité de moyen terme ; Les propriétaires privés privilégient des essences résineuses à pousse rapide comme le douglas ou à sylviculture simplifiée comme l’épicéa, au détriment du feuillis dont l’âge d’exploitabilité est plus long. En moyenne on exploite un hêtre vers 120ans, un chêne vers 150ans, quand un douglas ou un pin maritime le seront vers 50 ou 60ans.
La forêt gagne du terrain
Les actualités catastrophiques de l’été 2022 sur les incendies de forêt ne doivent pas cacher une réalité : la forêt ne cesse de gagner du terrain : elle couvre aujourd’hui près 1/3 du territoire métropolitain (31%) ; ce qui situe la France pas loin de la moyenne européenne (37,7% de la superficie de l’UE est couverte de forêt)
- Moyenne trompeuse : couverture variable allant de moins 5% dans la Manche à plus de 60% dans les Landes jusqu’à la révolution industrielle et l’utilisation massive du charbon comme source d’énergie et de la fonte et de l’acier comme matériau, le bois est essentiel tant dans les constructions de maisons, de bateaux que dans la production de la chaleur, et les surfaces forestières reculent. Puis le phénomène s’inverse et les besoins en bois induits par la révolution industrielle (traverse de chemin de fer et étais de mine) vont au contraire à planter toujours plus d’arbres.
- Facteurs qui expliquent cet accroissement continu de la forêt depuis les années 1830 : action des pouvoirs publics qui mènent dans la 2ème moitié du XIXe : mise en valeur forestière des terre ingrates et marécageuses (landes, Sologne, Brenne) et de reboisement des terrains de montagnes.
- Autre facteur = déprise agricole, en moyenne montagne, abandon des terres les plus difficiles et la désertion des villages s’est accompagnée pendant une partie du XXe d’une progression de la forêt
Aujourd’hui, accroissement de la surface forestière s’explique par des mesures prises par les espaces naturels (10% du linéaire côtier métropolitain est géré par l’ONF) ou bien pour créer des pièges à carbone. Paradoxalement, puisque le gaz carbonique en augmentation favorise la photosynthèse et donc la production de bois, le changement climatique fait peser des menaces nouvelles sur la forêt (sécheresse, incendies) qui font penser à certains que la progression de la surface forestière pourrait marquer le pas.
II. Un écosystème menacé ?
La forêt un écosystème et environnement
- Forêt = écosystème caractérisé par le milieu dans lequel il se trouve le biotope et par la communauté d’êtres vivants qui l’habitent, la biocénose. Elle est modelée par la nature mais gérée par l’homme. L’écosystème est variable selon les types de forêts et leur gestion sylvicole.
- Toutes les forêts rendent des services écosystémiques.
- Analyse de l’écosystème en termes de strates : qui vont du sol à la cime des arbres. Dans le sol il y a : mycélium des champignons et les bactéries, faune des décomposeurs qui agissent sur la litière (feuilles mortes) et les organes souterrains des végétaux (racines) ; puis strate muscinale (des mousses) et fongique (des champignons) puis la strate herbacée à un mètre de haut puis strate arbustive de 1 ç 7 mètres de haut formée par les arbustes. Seulement après la strate arborescente à plus de 7 mètres : on distingue l’épifaune qui occupe les 4 dernières strates, de l’endofaune en dessous.
- Quantifier un écosystème : on évalue sa biomasse et sa biodiversité
– Biomasse de la forêt = matière organique d’origine végétale ou animale utilisable comme source d’énergie ; le bois par combustion fournit de l’énergie, a été la première bioénergie de l’histoire (ex taillis de hêtres du Morvan). Le bois énergie = dans la plupart des cas un sous-produit du bois de construction, et il n’existe pas de forêt dédiée uniquement à la production de bioénergie.
– Pour le forestier : la biomasse = le volume dispo des différentes parties de l’arbre en fonction des usages variées qu’on peut en faire. Il y a donc le tronc pour le bois d’œuvre, les branches principales pour le bois d’industrie ou le bois énergie et le reste des branches et la cime, qui pourra servir pour l’industrie du papier et des panneaux ou comme bois énergie.
– on intègre aussi la biomasse forestière les déchets de l’industrie du sciage. la tâche du sylviculteur = mobiliser la biomasse disponible sans compromettre son renouvellement
– pour l’écologue : la biomasse = plus largement la masse totale des organismes vivants dans un milieu donné. la connaissance de cette biomasse est capitale dans la question du cycle du carbone. les écosystèmes terrestres sont après les océans le 2ème réservoir de carbone ; parmi ces écosystèmes les forêts ne représentent que 30% de l’utilisation mondiale des terres, stockent 60% du carbone contenu dans les écosystèmes terrestres.
Les forêts sont au cœur des questions climatiques : on appelle les « 3S » les mécanismes qui lient forêts et cycle du carbone. D’abord la séquestration de carbone dans les arbres sur pied, puis le stockage de carbone dans les produits en bois tirés de la forêt et enfin la substitution qui désigne la réduction d’émissions de carbone fossile grâce à l’utilisation de produits bois.
- La biodiversité : dire le nombre d’espèces animales et végétales d’une hétraie-sapinère donne par ex une idée de la biodiversité d’une forêt. Ce n’est pas seulement le nombre d’espèces mais aussi leur abondance (indice de Simpson, où la diversité est égale au nombre d’individus par espèce divisé par le nombre total d’individus)
Important de relever les pratiques sylvicoles sur la biomasse et la biodiversité au cœur du métier de forestier
C’est ainsi que la forêt fournit les services écosystémiques ( ex : une diminution de la biodiversité occasionne une perte de biomasse de l’écosystème et donc un stockage de carbone moins efficace. La gestion sylvicole moderne doit prendre cela en compte : en évitant la fragmentation des massifs, des coupes rares pour limiter les perturbations liées au prélèvement et en favorisant la résilience des forêts en les diversifiant.
La faune et la forêt
- Refuge pour la faune sauvage, l’EFESE mise en place en 2012, pointe 17% des oiseaux forestiers, 7% des mammifères forestiers sont considérés comme menacés en raison de la disparition de certains habitants spécifiques mais aussi à cause des pratiques sylvicoles.
- Le bois mort représente en France près de 25% de la biodiversité forestière, alors que pendant longtemps la forêt a été débarrassé des arbres morts. L’ONF remédie à ce déficit généralisé du bois mort dans les forêts exploitées avec la mise en place des « ilots de sénescence » qui représente près de 12% de la surface boisée. Les animaux participent à la propagation des arbres (Zoochorie, sucs digestifs des animaux ramollissent les coques dures pour germer) Zoochorie(propagation des graines aux poils/ingestion) permet de faire franchir des distances, en favorisant la diversification du patrimoine génétique des plantes.
Importance des conséquences néfastes que peut avoir la fragmentation des milieux forestiers
Plus de 50% des surfaces des forêts domaniales sont en situation de déséquilibre sylvo-cynégénétique : où la chasse de plus en plus contestée dans l’espace public paraît nécessaire au renouvellement de la forêt. Un plan de chasse qui fixe le nombre minimal et maximal de bêtes dont la chasse est autorisée est arrêtée annuellement dans chaque département après concertation entre différents partenaires, propriétaires forestiers publics ou privés, de fédération de chasseurs, représentants de l’État
La forêt des Landes, un écosystème créé par l’Homme
Les Landes de Gascogne : couvertes d’une pignada de près d’1 million d’hectare
1er massif forestier de France qui concentre les 2/3 de la ressource française en pin maritime. Les pins sont indigènes mais c’est l’homme qui a permis de vaincre les sables et la forêt des Landes devient l’archétype de la forêt artificielle, et forge la l’expression de « nouvelle forêt » pour désigner ces plantations.
- Production de térébenthine et de colophane
- Le pin maritime est utilisé pour les charpentes classiques et lamellées-collées pour la menuiserie du bâtiment, les parquets, la fibre d’emballage et la papeterie. Les grosses billes fournissent du bois de déroulage pour l’ébénisterie. En 2022, 22scieries continuent de produire du bois de charpente, bois d’œuvre et planches, 2 papeteries à Mimizan et à Facture -Biganos produisent du papier Kraft, renouveau depuis l’interdiction des sacs plastiques.
- Elle répond aux besoins de l’homme qui évoluent naturellement (bioraffinerie, spécialiste de la cellulose de haute pureté à Tartas, 10% production mondiale de l’agent de viscosité pour l’agro-alimentaire ou la pharmacie. Des usines sont spécialisées dans les panneaux à particules, le contreplaqué, les palettes
Le feu et la forêt
Les incendies ont détruit plus de 62 000 Ha de forêts à l’été 2022 en France métropolitaine.
- Une forêt qui brûle n’est pas une forêt qui meurt, la forêt repousse, ce n’est pas la disparition des arbres qui en cause mais l’érosion du sol laissé nu après la disparition de la couverture forestière. Il faut des conditions : sils minces, proches de la roche-mère, pentes, pluies très violentes et concentrée dans les mois qui suivent l’incendie.
- Après l’incendie la première action est donc la protection des sols et non la replantation. Il est prouvé que la forêt méditerranéenne est adaptée au feu, voire a besoin de feu pour se régénérer.
Les spécialistes distinguent le nombre de départs de feu et la surface incendiée : si le nombre de départs augmente à cause de la pression démographique et touristique autour des forêts mais à cause de l’accroissement des surfaces arborées en raison de la déprise agricole, la quantité de surface incendiée reste limitée. Cela est dû aux moyens rapides d’intervention de lutte contre l’incendie de plus en plus efficaces.
- Toutefois, les incendies de 2022 contredit en apparence ce discours, liée à une sècheresse exceptionnelle et au fait que les forêts touchées ne sont pas toutes situées dans la zone méditerranéenne ; les forêts plus au nord a favorisé des incendies inhabituels et les moyens de lutte n’y étaient pas.
- Il faut donc adapter les moyens de lutte autour des forêts jusque là peu sujettes aux feux de forêts et sensibiliser la population aux risques accrus de départs de feu.
La forêt française face au réchauffement climatique
Rythme actuel du réchauffement engendré par les activités humaines plus rapides que les adaptations nécessaires des forêts et des essences
Le forestier doit accompagner ces changements en faisant des choix qui concilient l’équilibre naturel de la forêt et les besoins économiques et sociétaux des générations futures. Les espèces thermophiles, celles qui qui supportent la chaleur comme le chêne vert, le pin s’en sortent mieux que les espèces qui aiment l’ombre et des conditions humides comme le hêtre, l’épicéa et le sapin.
Des essais pour choisir les essences et les graines issues des peuplements les plus résistants à la chaleur et à la sécheresse sont menés sur les « îlots d’avenir » pour avoir des réponses pour reboiser toute la France
Projet Futur ForEst lancé en 2018 soutenu financièrement par l’UE et la région Grand-Est, associe les actions menées par l’ONF et celles des acteurs de la forêt privée.
10 essences
pin de Macédoine, liquidambar, séquoia vert, le chêne de Hongrie, le calocèdre sont sélectionnés pour leur potentiel de résistance au réchauffement climatique et leur capacité à produire du bois d’œuvre.
On parle de « migration assistée » remontée progressive d’une espèce comme le chêne pubescent présentant des poils sur la face inférieure signe d’une adaptation à la chaleur, cousin méditerranéen, vers le nord et retrouvé dans le sud de la Picardie et en Lorraine.
Manifeste du réchauffement climatique : directement dus aux stress hydriques subis par les forêts, soit provoqués par des attaques d’insectes et/ou de champignons, eux-mêmes favorisés par l’augmentation des températures et la faiblesse des arbres. Les rougissements du sapin affectant la totalité du massif vosgien sont liés au fait du manque d’eau , les arbres perdent leur aiguilles, sont affaiblis et perdent leurs aiguilles. Ils finissent par sécher sur pied. L’épicéa vosgien est attaqué par un scolyte qui creuse des galeries dans son écorce.
La sécheresse est un facteur dominant qui altère les forêts en dessous de 1000m d’altitude. Elle compromet la capacité de régénération et/ou provoque le dépérissement de certaines essences. Répétées, les sécheresses provoquent le dépérissement des épicéas à basse altitude
Les conséquences de la tempête de 1999
Les tempêtes Lothar et Martin balayant la France du 26 au 28 décembre 1999 tuent 92 personnes, demeurent exceptionnelles car touchent l’ensemble de la forêt française qu’elle soit publique ou privée : 6% de la surface forestière soit 968 000 ha d’après l’inventaire forestier national (IFN)
Très vite le marché est saturé par l’arrivage de ces bois (139 millions de m3 abattus). Cela a stimulé les exportations dans l’industrie française. Les hêtres réputés sensibles ont été coupés en 1er, les chênes et les douglas essences plus résistantes sont restés stockés jusqu’à 2ans avant d’être débités. Les arbres trop abîmés ont été exploités par la filière bois énergie qui a connu un essor important
Les forêts n’ont pas endommagé la forêt durablement : au contraire, elles ont mis à terre les plus mauvais boisements et réparé les erreurs des enrésinements excessifs des années 1970.
Dans la Creuse, on a peu replanté des épicéas car on observe que ces arbres ont un système racinaire traçant, résistent très mal aux coups de vent. L’ONF a donc replanté essentiellement des douglas, les mélèzes et des feuillus. Dans les forêts publiques l’ONF a privilégié la régénération naturelle chaque fois que c’était possible
Les dégâts des tempêtes ont pu être des opportunités pour mettre en place des essais d’installation d’essences adaptées aux évolutions climatiques
Pour la forêt privée : la loi a obligé les propriétaires forestiers à replanter ; des aides au reboisement ont été instaurées, représentant environ un tiers du coût total
Dans les Landes, le maïs a remplacé certaines parcelles forestières
Les tempêtes ont permis une plus grande convergence des pratiques sylvicoles ente forêts publiques et privées.
Sur le long terme : les tempêtes ont fragilisé le système racinaire d’arbres qui sont moins à même de résister aux sécheresses et aux attaques de scolytes provoquant un phénomène dé dépérissement sur plus de 300 000 ha pour les seules forêts publiques selon l’ONF.
III. Histoires forestières
La forêt, la guerre et la frontière
« Forêt » vient du latin foris qui signifie « en dehors »
La forêt est donc par définition liée à la marge.
Avant que les frontières soient délimitées par des lignes délimitées sur le terrain et sur les cartes, les espaces forestiers faisant office de zone tampons, appelées marches.
Rôle militaire : les historiens ont forgé le concept de forêt-frontière pour qualifier les espaces boisés dont le maintien s’expliquait par leur rôle physique de séparation entre deux entités politiques, plutôt que des conditions naturelles défavorables au défrichement à des fins agricoles ou d’habitat. Massifs qui jouent le rôle de glacis défensif.
Les forêts ont été intégrées au système défensif sur les frontières à mesure de l’évolution de la pensée et des techniques militaires
- Soit comme rempart naturel contre les mouvements de troupes
- Soit comme source d’approvisionnement en bois des différentes places fortes
Aujourd’hui
Comme nos frontières ne font plus l’objet d’affrontements militaires, les forêts-frontières ont perdu leur fonction antérieure, mais elles continuent de marquer les paysages et les activités des régions frontalières. Elles conservent le témoignage de rivalités passées comme l’illustre la forêt du Mundat autour de la ville de Wissembourg en Alsace à la frontière franco-allemande
Il convient de mentionner le cas des forêts nécropoles qui ont été plantées après la guerre dans la « zone rouge » sur les champs et les villages dévastés par les combats avec les plants fournis par l’Allemagne au titre des dommages de guerre.
Ces forêts de mémoire comportent des zones interdites car dangereuses : présence de munitions non explosées ou protégées comme cimetière. La pollution des sols par les métaux lourds est encore très présente, dosage anormalement élevé dans les champignons retrouvés, qui peuvent accumuler des métaux toxiques non dégradables (plomb, mercure, cadmium). Le gibier peut lui aussi contenir des taux de polluants anormalement élevés dépassant parfois les limites admissibles pour la consommation ou la vente.
Au total
Les forêts dites de guerre sont majoritairement situées dans le département de la Meuse autour de Verdun et dans une moindre mesure dans le Pas-de-Calais (forêt de Vimy) et dans la Somme.
La forêt dans l’ancien régime et la grande réformation de Colbert
La pression de l’homme sur les forêts était plus élevée autrefois qu’aujourd’hui. Les usages et les prélèvements en forêt étaient plus fréquents. Le bois est le matériau indispensable pour la construction de bâtiments mais aussi à tous les moyens de locomotion à commencer par les bateaux. Le bois était la seule source d’énergie pour se chauffer et cuire les aliments avant la découverte du « charbon de terre » ou la houille.
La forêt est aussi une source de nourriture pour le bétail. Enfin, la forêt représente une réserve foncière pour qui voulait la défricher pour accroitre les labours.
Colbert s’exclame : « La France périra faute de bois ! » ; Les guerres de religion et la Fronde ont livré la forêt aux profiteurs à commencer par certains officiers des Eaux et Forêts qui rentabilisent leur charge plus qu’ils ne gèrent la forêt.
La Grande Ordonnance n’est pas toujours appliquée. La Marine réclame des futaies de sapins, mais la paysannerie qui a besoin de bois pour cuire, se chauffer veut des taillis de hêtres.
La Révolution modifie profondément la propriété forestière par la confiscation et le ventre des biensdu clergé ou de la noblesse. Mais l’administration forestière se reconstruit avec la création de l’École nationale des eaux er forêts de Nancy en 1824. Le Code forestier de 1827 est une version plus libérale des ordonnances de l’Ancien Régime.
Les résineux en France
Ils ont une valeur d’ornement. Les plantations privées du XIXe étaient spéculatives ; elles accompagnent le développement du chemin de fer qui permet d’écouler les produits, de l’industrie minière qui engendre un grand besoin en bois de mine, de télégraphe qui promet un avenir aux propriétaires de bois de pins qui fourniront les poteaux.
Lorsqu’on parle d’enrésiner c’est remplacer des forêts de feuillus par des futaies résineuses. L’enrésinement est conçu comme solution pour convertir les taillis sous futaie.
Le Congrès international de sylviculture tenu à Paris en 1900, où fut posée la question du « traitement des taillus sous futaie en vue d’augmenter la production du bois d’œuvre » : émet l’idée « que l’introduction des résineux dans les taillis médiocres du Jura et stations analogues soit favorisées ».
Le terme enrésinement devient synonyme de reboisement et acquiert une connotation négative : les parcelles enésinées dans les forêts domaniales se multiplient et initient un mouvement des forestateion des terres agricoles abandonnées ; « mauvais taillis ».
Enrésinement : le cas de Morvan
3 faits caractérisent la forêt morvandelle :
- Essentiellement privée 85% et aux mains d’un grand nombre de petits propriétaire (80% de la surface forestière privée est détenue par des propriétaires de moins de 4ha)
- Le Morvan est une moyenne montagne qui a connu une déprise intense rurale : beaucoup de terres vouées à l’élevage et à l’agriculture, notamment pentues et les moins faciles d’accès ont été abandonnées et boisées grâce aux subventions du FFN
- Gestion très spéculative de ses forêts : dès la Renaissance, les Morvandiaux ont fait la spécialité de production de bois de chauffage pour Paris, sous l’influence de la noblesse parisienne. Grâce à un réseau hydrographique de l’Yonne, affluent de la Seine, mise en place d’un système pour assurer le flottage des bois jusqu’à Paris. Le massif du Morvan a donc alimenté pendant 3 à 4 siècles Paris en bois de chauffage.
Après écoulement du marché du bois de chauffage au milieu du XXe, deux autres spéculations forestières ont pris le relai :
- Plantation dans la société paysanne et sur les terres agricoles abandonnées de « sapins de Noël », des épicéas en réalité, pour le marché de la région parisienne. Même avec la menace de la concurrence étrangère du sapin synthétique, le Morvan reste la 1ère région productrice de sapins de Noël de France avec un quart de la production nationale.
- Groupement forestier né aux années 2000 pour la « Sauvegarde des feuillus du Morvan » et tente de promouvoir une sylviculture moins agressive et plus respectueuse de l’environnement
IV. Les arbres c’est aussi du bois !
La forêt en carte
1ère tâche assignée aux agents des Eaux et Forêts du rois = cadastrer les bois, bien même avant la Grande Réformation de Colbert. Les grands massifs royaux, seigneuriaux et de l’Eglise sont privilégiés, et les espaces forestiers de montagne souvent notés comme landes
1er inventaire forestier systématiquement moderne et fiable publié en 1912 par le directeur général des Eaux et Forêts Lucien Daubrée sous le nom de Statistique et Atlas des Forêts de France
En 1958 : création de l’Inventaire forestier national (IFN), établissement public chargé du recensement permanent des ressources forestières. L’idée est de mieux estimer le potentiel économique des forêts et des terrains pouvant potentiellement être boisés ou reboisés. En 2012 : après abandon du rapprochement avec l’INRA, puis avec l’ONF, l’IFN est fusionné avec l’institut géographique national au sein de l’Institut national de l’information géographique et forestière
Depuis le début des années 2000 : les systèmes d’information géographique permettent non seulement de créer, croiser des données multiples sur les forêts mais également de suivre chronologiquement les travaux en forêt. Après la tempête de 1999, il s’est avéré difficile de recenser les surfaces sinistrées à l’aide de moyens classiques. En plus d’apporter, un gain de temps important aux techniciens, le SIG a apporté la précision exigée par les dossiers de demandes de subventions auprès de l’Etat et de l’UE pour le nettoyage et la reconstitution.
Le SIG= aujourd’hui un outil de travail indispensable pour les forestiers
- pour trouver les limites des propriétés qu’ils gèrent
- pour vérifier sur leurs chantiers se situent dans le périmètre d’une zone sensible ou de protection environnementale et paysagère
- pour faire l’état des lieux des parcelles (types de peuplements forestiers, état sanitaire, pullulation d’insectes ou de gibier)
- pour suivre les actions de gestion prévues (localisation et chiffrage des travaux, édition de cartes détaillées à transmettre aux entreprises sous-traitantes)
Documents destinés aux propriétaires et aux administrations qui les valident (Direction de l’Agriculture et Centre Régionaux de la Propriété Forestière)
Aujourd’hui les drones et la technologie LIDAR, dont les rayons pénètrent les différentes strates permet une analyse de la forêt en 3D. C’est une technique de mesure à distance fondée sur l’analyse des propriétés d’un faisceau de lumière renvoyé vers son émetteur. Le LIDAR permet de visualiser la forêt.
La conversion des taillis en futaie
La Sylviculture peut être définie comme l’ensemble des techniques qui permettent d’ « éduquer » les arbres afin qu’ils fournissent le produit recherché (bois d’œuvre, bois de feu ou bois d’industrie).
Le forestier dispose d’un instrument : la coupe, car c’est en coupant certains arbres plutôt que d’autres que le forestier va agir sur la densité du peuplement, conduire sa régénération, éliminer les sujets mal formés ou parasités. Il joue sur la durée de vie plus ou moins longue des arbres en prélevant les plus vieux pour laisser aux plus jeunes la place et le temps de prendre la relève. Il joue sur la compétition naturelle des arbres vers la lumière. C’est ce que le forestier appelle la « régénération de la forêt » qui est son but ultime.
Pour régénérer la forêt, le forestier peut :
– utiliser la reproduction sexuée (régénération naturelle à partir de graines tombées en terre) ou la reproduction végétative (les arbres coupés « rejettent de souches »)
– Recourir à la régénération artificielle qui consiste après une coupe rase, à planter des plants de pépinière ou des graines. Le recours à la reproduction végétative donne un taillis qui produit du bois de chauffage des piquets, des manches d’outils, mais pas de bois d’œuvre pour l’ameublement ou la charpente pour lequel il faut utiliser la régénération naturelle u artificielle et donc la futaie.
Le taillis vient du mot tailler quand la futaie dérive de l’arbre qu’on laisse pousser jusqu’à sa pleine maturité. La question est aujourd’hui dans le choix entre la futaie régulière : consiste à conserver des arbres d’âges sensiblement identiques. Cette sylviculture permet d’élever les arbres aux diamètres et hauteurs homogènes, aux fûts élancés et équilibrés, une fois l’Age d’exploitation atteint, on coupe tous les arbres. Dans la futaie irrégulière, on recherche la cohabitation entre des gros et des élancés, des jeunes ou des vieux, voire des arbres d’essence différente.
La filière forêt-bois
En France : pèse 60 milliards d’euros, souvent dans des territoires ruraux, 1ère source d’emplois et d’activité. Elle représente près de 10% du déficit du commerce extérieur français
Au niveau de la ressource : elle apparaît sous-exploitée, la moitié de sin accroissement annuel est récolté et le volume de bois en forêt a augmenté de 45% en 30ans.
Les freins : la forêt est privée au ¾ et éclatée entre 3,5 millions de propriétaires ; seul 1/3 de cette forêt est véritablement exploitée. La forêt souffre d’une mauvaise spécialisation : la part exploitée par l’industrie est principalement couverte de feuillus. Ce bois convient à la fabrication traditionnelle de meubles mais l’industrie de la construction (charpente), en essor devant les politiques de décarbonation de l’économie exige davantage de bois résineux.
Pour ces deux raisons, les industriels français peinent à sécuriser leurs approvisionnements.
L’insuffisante articulation entre l’amont et l’aval de la filière se traduit par un déficit commercial important et croissant : La France exporte du bois brut et importe de + en + de produits transformés.
Ainsi : le secteur de l’ameublement représente 40% du déficit commercial de la filière forêt-bois. L’industrie française du meuble a périclité dans les années 1960-1970. Les meubles bas de gamme viennent de l’Europe de l’Est, voire de Chine, quand le haut gamme vient d’Italie.
Le 2ème poste très déficitaire est celui de la filière du papier, cartons, et pâtes à papier qui a souffert d’un manque d’investissements.
Les entreprises françaises qui traitent du bois dans la construction s’en sortent un peu mieux : Arbonis, Mathis ou Ossabois sont mêmes les leaders sur le marché de la charpente en lamellé-collé. Mais la concurrence des pays à bas coût de main d’œuvre est rude.
Pour remédier au manque de synergie dans la filière, des organisations interprofessionnelles ont été créées : France Bois Forêt en 2004, France Bois Industries Entreprises en 2011, France Bois Régions en 2012 devenue Fibois France en 2021. Mais leur multiplicité montre que les efforts d’unité restent à faire.
La politique forestière du pays souffre encore d’être partagée entre différents ministères : l’Agriculture, la transition écologique, le logement et l’Economie.
L’objectif est de produire du bois d’œuvre. La 1ère transformation des bois (sciage, tranchage, déroulage) caractérisée par un tissu de PME, consiste à l’obtention à partir des bois ronds, la grume (bois dont on a ôté le houppier) d’un autre produit. La 2nd transformation consiste à conférer une valeur ajoutée aux produits bois issus de la 1ere transformation et à les mettre à disposition des consommateurs (charpente, panneau, meuble, parquet.). Les « co-produits » sont destinés au bois d’industrie (papier, panneau) et au bois énergie.
Récolte de bois en France en 2018 : En France la forêt est largement préservée car les prélèvements de bois sont inférieurs à l’accroissement naturel de la forêt. Chaque année, l’accroissement biologique (production de matière bois produit par la croissance des arbres pendant une période donnée).
Le bois, matériau du futur ?
Les révolutions industrielles ont fait décliner l’usage du bois comme source d’énergie, il est remplacé par la houille, puis comme matériau de construction (l’acier, puis le béton le supplantent). Le 2nd œuvre, les portes, fenêtres, parquets, est concurrencé par le PVC mais la prise de conscience de la nécessaire transition environnementale confère au matériau bois de nouvelles vertus.
Plébiscitation du bois, abondant, renouvelable et piège à carbone, c’est un matériau qui a accompagné l’humanité dans toutes les étapes de son évolution.
Avec les mesures environnementales décidées lors du Grenelle de l’Environnement en 2007, toutes les constructions françaises doivent intégrer du bois. Le suivi de la production préoccupe les gros constructeurs comme Bouygues, Vinci, ou Eiffage, car pour le moment le bois utilisé est souvent importé.
De plus, les machines à exploiter et débiter le bois sont fabriquées en Europe du Nord, où les résineux sont majoritaires, et sont mal adaptées aux essences feuillues qui prédominent dans les forêts françaises.
Rares sont les projets, comme un bâtiment scolaire à Tendon dans les Vosges, utilisent une essence feuillue locale et abondante comme le hêtre.
Parmi les résineux, c’est le douglas qui en France, fait figure de matériau du futur. Longtemps, moins prisé que les épicéas et pins scandinaves, le douglas a trouvé son marché.
Douglas : Propriétés mécaniques= en font un bois de charpente supérieur à la majorité des pins , et bien supérieu aux sapins et aux épicéas. Or avec une surface de 420 000 ha, la France est le 1er pays européen, producteur de Douglas. Il est présent sur tout le territoire avec plus de 80% de la ressource concentrée dans les zones de moyenne montagne du Massif Central. les régions Auvergne-Rhône-Alpe, Nouvelle-Aquitaine, Bourgogne-Franche-Comté et Occitanie concentrent plus de ¾ de la surface et du stock sur pied. La récolte de bois d’œuvre de douglas atteindra 6 millions de m3 à partir de 2035, selon une étude de ressource confiée par France- douglas à l’Institut technologique FCBA.
A ce jour, la plus haute tour à structure bois construite en France est la tour Hypérion, à Bordeaux (54). C’est une structure en bois lamellé-croisé (CLT) et non massif.
Le CLT, avancée technologique est née dans les années 1990 en Autriche, avant de gagner toute l’Europe dans les années 2000. Il s’obtient avec des planches plates collées ensemble en couches perpendiculaires. En empilant les planches de cette manière, ont créé de grandes dalles, servant au plancher, plafond, murs et de bâtiments entiers.
Recours au bois dans l’industrie chimique, et représente une bonne alternative au pétrole. WOODOO, crée en 2016, cherche à développer des produits issus du bois qui puisse se substituer à tous les matériaux notamment ceux issus du pétrole comme le plastique, ou très émetteurs de CO2 comme le béton.
Comme le bois est un matériau poreux, Woodoo a eu l’idée de remplir ce vide de résine pour créer du bois armé. Ce bois « augmenté » est plus solide, résistant au feu et peu translucide, le rendant très décoratif. Avec les 2 molécules présentes dans le bois, la cellulose et la lignine ; on fabrique des films optiques et électriques avec la cellulose. Avec la lignine, polymère naturel, des substituts plastiques.
Dans le secteur automobile par ex : des polymères enrichis en fibres de bois apparaissent dans les carrosseries ou les tableaux de bord.
Le bois se pose comme une clé possible d’une économie décarbonée : 3 fois moins énergivore que le béton, 17 fois moins que le verre, 130 fois moins que l’acier, 475 fois moins que l’aluminium. Il est renouvelable et recyclabe. Durable par excellence, il pousse seul avec de l’air et de l’eau de pluie
Préjugé : « le bois ça casse, ça brule, ça pourrit » : l’ingénieur forestier Bernard Thibaut, et directeur de recherche émérite au Labo de mécanique et génie civil à Montpellier dément : le fois présente une forte résistence à la rupture, biologique par nature, il est un assemblage de cellules qui présente une grande porosité, le chêne par ex contient près de 50% d’air tandis que les fibres de cellulose présentes dans les parois cellulaires lui confèrent sa rigidité. Il est donc solide tout en étant léger. En cas d’incendie, il conserve plus longtemps que d’autres ses propriétés de structure. Le métal se déforme rapidement sous l’effet de la chaleur. 95% des maisons individuelles en Am du Nord sont construites dans ce matériau
V. Portraits de forêts
La forêt de Notre-Dame
L’incendie qui a ravagé la cathédrale le 15/04/19, a embrasé « la forêt » de Notre Dame, sa charpente, qui datait du XIIIe siècle. Il a été rapidement décidé de reconstruire à l’identique la charpente mais aussi la flèche, construite par Viollet-le-Duc au XIXe siècle. Les acteurs de la forêt et du bois, du bûcheron au charpentier saisissement alors l’occasion de démontrer que la ressource forestière et les savoir-faire français sont capables de relever le défi.
2000 chênes sont sélectionnés et prélevés gratuitement dans toutes les régions, 1000 pour reconstruire la charpente de la nef et du chœur et 1000 autres pour la flèche dans plus de 250 forêts françaises (publiques comme privées).
Les chênes nécessaires à la charpente ont du être taillés à la doloire plutôt qu’à la scie afin de respecter la forme naturelle du tronc et de conserver le cœur de l’arbre au centre de la poutre. Début 2023, l’assemblage, (les poutres sèchent entre 1 et 1an et demi) commence avec un calendrier officiel pour que la cathédrale soit inaugurée le 16 avril 2024.
Le chantier Notre Dame de Paris, est une occasion de casser l’image anti-écologique dont souffrent les métiers de la forêt et de bois auprès de sa population. On se souvient des tags « l’ONF m’a tué » visibles dans les forêts domaniales d’Ile de France. Si une pétition anonyme dénonce l’abatage de chênes séculaires et qualifient le projet « d’écocide », les experts démontrent l’impact du carbone bien plus élevés dans la reconstruction de la cathédrale de Chartres détruire par un incendie en 1836 et en béton pour celle de Reims détruite durant la première guerre mondiale
Les forêts périurbaines
Notion apparue à la fin du XXe siècle, désigne, une forêt qui pousse dans une aire urbaine, le plus souvent en périphérie. Il s’agit bien d’une forêt et non d’un « parc urbain » ce qui souligne sa neutralité et les services écosystémiques qu’elle rend. Sur les 17 millions d’ha que compte la forêt française, 590 000 ha se situent dans des unités urbaines et 2 693 000 dans une zone à moins de 10 km d’une unité urbaine. C’est donc 1/5 de la forêt française qui est sous « influence urbaine ». Une enquête de l’inventaire forestier national révèle que chaque ménage français effectue 18,6 visites en forêt par an avec une distance moyenne d’accès de 10,5 km.
La surface de la forêt par habitant est inversement proportionnelle à la taille de l’unité urbaine et à la densité de la population : chaque français dispose en moyenne de 2 570km2 de forêt mais , Paris avec ses 2,2 millions d’habitants (et une très forte densité 3 460 hab/km2) n’offre que 58m2 de forêt par habitant.
Difficulté de conciliation
Nécessité de trames vertes qui relient les différents massifs pour permettre à la faune sauvage de se déplacer librement vers des lieux nourriciers ou de reproduction et l’urbanisation en tache d’huile, accompagnée de corridors de circulation automobile ou ferroviaire.
Les forêts urbaines étaient dans l’Ancien Régime déjà les espaces récréatifs de nos rois. Les allées rayonnantes sont des axes aménagés pour les équipages de chasse.
La proximité des couverts forestiers est un facteur de hausse de prix du foncier et engendre des phénomènes de ségrégation sociale. L’essentiel des forêts périurbaines est public, car la gestion d’un espace récréatif n’est pas rémunératrice. C’est dans les forêts périurbaines en effet, que les conflits d’usages entre les 2 rôles de la forêt (les 3P : production, protection et promenade) sont les plus fréquents. La gestion par l’ONF des massifs périurbains exige beaucoup de concessions et de pédagogie pour faire comprendre et accepter les interventions des bûcherons en forêt. Depuis sa création en 1964, l’ONF voit sa mission d’accueil du public de plus en plus grande dans son activité. L’exploitation y est moindre : comme à Fontainebleau par ex, l’ONF coupe entre 35 000 et 40 000 km3 de bois par an pour 20 000 hectares exploitées alors qu’ailleurs dans les zones moins proches des villes, cel correspond au volume coupé sur 1000 ha seulement.
Parcours santé dans la forêt domaniale de Bastard près de Pau, fréquentation de 365000 passages dans la forêt en 2019, aménagement d’un sentier sportif sur 3km.
Une nature reconstruite : le citadin français refuse souvent la chasse qu’il perçoit comme une forme particulièrement manifeste d’un rapport de domination de l’homme sur la nature dans une forêt qui est son domaine » car située dans sa ville. Rejet particulièrement fort à Strasbourg où le milieu associatif de protection de la nature est fortement ancré et s’est largement opposé à la chasse au cours des 2 dernières décennies. Le gibier en surnombre est « prélevé » par des employés municipaux afin de réguler sa population dont l’augmentation peut compromettre la régénération naturelle de la forêt, provoquer des accidents de la circulation sur les axes routiers la traversant et dans le cas des sangliers, causer des dégâts dans les champs limitrophes. (Antoine Decoville « la Forêt périurbaine, une nature reconstruite par la ville ? l’exemple de la chasse à Strasbourg et à Karlsrule » – l’espace géographique 2007)
La forêt domaniale de Fontainebleau : d’une réserve à l’autre
Forêt qui fascine les artistes et les promeneurs ; pour les forestiers de l’ONF c’est un équilibre entre préservation de la biodiversité, l’accueil du public et la gestion forestière.
Les parties qui intéressaient les artistes étaient les plus pauvres et moins productives : les futaies de chênes des cantons du Bas Bréau, du Gros Fouteau, de la Tillaie et des Ventes à la Reine, lieux de prédilection des peintres de Barbizon ont connu des exploitations limitées pendant l’Ancien Régime, car bénéficiant la sollicitude des rois. « Louis XIV avait un amour particulier pour les vieux arbres ; il voulait qu’on épargne ceux qui entouraient la ville, et ombrageaient les triages où il chassait le plus fréquemment » écrit Paul Domet dans son Histoire de la Forêt de Fontainebleau en 1873.
Création des « séries artistiques » par un décret de Napoléon III en 1861, exemptées des coupes forestières sur 1 060 ha. Elles sont devenues les « réserves biologiques intégrales » (RBI) aujourd’hui. Cette protection pour des motifs esthétiques à l’origine, fait de cette forêt le 1er site naturel protégé au monde, 11ans avant la création du parc national de Yellowstone aux États-Unis.
Création à Fontainebleau de l’UICN (Union Internationale pour la conservation de la nature) en 1948.
L’ONF lance le label Forêt d’Exception qui distingue la gestion de forêts patrimoniales uniques pour leur histoire, leurs paysages, leur biodiversité ou la grande valeur de leurs bois. Fontainebleau est la 1ère forêt française à avoir reçu ce label en 2013.
Les coupes sont modestes et sont stables (après un plan d’aménagement très décrié en 1970) ; les chênes ont un grain très fin qui leur donne beaucoup de valeur. Près de 40% du bois vendu dans cette forêt sert à fabriquer des charpentes, des meubles, des tonneaux.
Narcisse Virgile Diaz de la Peña (1807-1876), Le Matin, forêt de Fontainebleau, sous-bois, 1867. Alfred Sensier, l’ami et le biographe de Rousseau et de Millet, écrit dans ses notes : « Dans ce temps-là, le Bas-Bréau était sans routes et les forestiers n’y pénétraient pas. Les chênes blanchis sous les années et le temps, pourris dans leur écorce, tombaient comme des géants ».
Mais l’exploitation continue de susciter des polémiques entre les forestiers, les promeneurs, les naturalistes, qui voudraient voir appliquer à toute la forêt le modèle exceptionnel de la RBI. L’ONF rétorque que sans l’action de l’homme, la forêt ne serait non seulement moins riche en biodiversité, mais aussi que son avenir même serait menacé : le nombre de cervidés doit être régulé car ils mettent en péril le renouvellement de la forêt en mangeant les jeunes pousses.
Grâce à l’action des artistes du XIXe siècle, Fontainebleau compte 7 réserves biologiques intégrales, couvrant 1060ha. Dans ces parcelles interdites au public, l’homme ne pénètre que pour réaliser des comptages et des études qui permettent d’étudier la biodiversité et ses dynamiques. A côté des RBI, il y a aussi 17 réserves biologiques dirigées (RBD) sur 1300 ha, où l’ONF intervient pour préserver un espace ouvert en empêchant la progression des pins dans les landes par ex, ou pour préserver des espèces remarquables.
La fréquentation de la forêt
Cette forêt domaniale est le monument le plus visité de France. 80% des visiteurs sont motorisés, et elle ne désemplit pas, même les dimanches d’hiver : les sentiers les plus prisés sont noirs de marcheurs et les bouchons aux abords de l’autoroute se multiplient en fin d’après-midi.
Les forêts de montagne
La limite altitudinale entre forêt de plaine et forêt de montage a été fixée par l’Inventaire forestier national à 600m. Ainsi plus ¼ de la superficie forestière française (27%) est une forêt de montagne. 4,4 millions d’ha se situent à une altitude supérieure à 600m et 1million d’ha à plus de 1200m. Entre 600m et 2000m le taux de boisement augmente et la forêt couvre plus de la moitié du territoire.
Les services de restauration des terrains en montagne de l’ONF existent toujours dans 11 départements alpins et pyrénéens. Ils interviennent dans la réalisation d’aménagements de protection, à la fois des milieux naturels et des installations humaines soumises aux risques de la montagne.
Versant du Diable, au-dessus de l’Alpe de Venosc : avant la construction de la station de ski des Deux-Alpes, des couloirs d’avalanche atteignaient les chalets de l’alpage. Le service RTM de l’Isère a planté des mélèzes et des pins à crochets sur banquettes. Aucune avalanche naturelle ne s’est plus produite dans ce secteur depuis 1973.
Le village de Jarjayes (Hautes-Alpes), avant et après les boisements de la Restauration des terrains en montagne (RTM) : Conscience que les écosystèmes forestiers jouent un rôle central de régulation des eaux, car surpâturage des ovins et coupe de bois pour le chauffage avaient provoqué une mise à nue progressive de la roche au cœur des siècles : glissements de terrain, crues torrentielles, et inondations se multipliaient
Les forêts en outre-mer
« Nous sommes Amazoniens » : affirmation du Président E. Macron en 2019, lors d’un discours en marge du G7. Elle résume l’enjeu des forêts de l’OM tropical français : préserver la richesse écologique de ces milieux en accompagnant un développement raisonné de la filière bois.
Le domaine forestier guyanais
Quasi intégralement constitué de forêts publiques, zonage très strict précise les parties de la forêt, qui sont soumises au régime forestier sont susceptibles d’être exploitées pour la production de bois tropicaux.
Seuls les peuples autochtones qui habitent et utilisent les ressources de la forêt depuis des millénaires ont des droits reconnus d’exploitation dans les zones reconnus d’exploitation dans les zones de droits d’usage collectifs (ZDUC). Sur l’ensemble des 8,4 millions d’ha que compte la forêt amazonienne française, seuls 6% de la surface est accessible et exploitée. Elle produit 77 000m3 par an, dont 5 000m3 sont exportés, 31 000m3 alimentent les entreprises de charpente et menuiseries locales et 46 000 servent à la production d’énergie (biomasse).
Pour limiter les effets sur l’environnement, les forestiers travaillent sur de nouvelles techniques de débardage, évitant au max de créer de nouvelles pistes, qui en plus de tasser les sols, ouvrent des voies d’accès aux braconniers. Pour développer une Exploitation à Faible Impact (EFI), on étudie la possibilité de détecter les essences grâce au LIDAR, voire le débardage par les airs à l’aide de ballon dirigeable (Projet Flying Whales).
La France est critiquée pour l’octroi de permis d’exploration aux multinationales minières. Plus de 4% du territoire guyanais aurait été abandonné à la mine, selon des associations écologistes. La législation compte parmi les plus strictes d’Amérique du Sud. La menace principale vient de l’orpaillage illégal. Selon WWF, 10 à 12 tonnes d’or seraient extraites chaque année par les clandestins contre 1 à 2 tonnes pour l’économie légale. Selon l’ONF, 29 000 ha de forêt ont brulé à cause de l’orpaillage illégal depuis 2003. C’est la principale cause de déforestation en Amazonie française. Les conséquences environnementales des extractions illégales dans le fond des rivières proviennent de la déforestation sur les chantiers mais aussi de l’émission d’immenses quantité de sédiments qui obscurcissent les eaux des rivières et en modifient l’écologie. Les zones mettent très longtemps à se régénérer car les sols sont lessivés et pollués au mercure.
Autre objet de dispute écologique autour des forêts en Guyane : les besoins énergétiques vont croissants en raison de son développement démographique et économique et doit trouver les sources d’énergies renouvelables. A côté des barrages hydroélectriques, les centrales à biomasse, qui utilisent les sous-produits de l’exploitation des arbres de la forêt (la règlementation UE exclut la production sur déforestation) pour produire du carburant sont la solution pour produire du carburant. A l’horizon 2030, l’objectif fixé par la loi d’un mix 100% renouvelables (50% aujourd’hui). Les centrales en activité et projetées sont implantée à proximité des grands bassins forestiers et des entreprises du bois.
L’Amazonie poumon vert de la Terre ? Non, la photosynthèse absorbe le CO2 et de l’eau, grâce à l’énergie solaire, les transforme en glucide avec rejet d’O2. En plus de la photosynthèse, les arbres respirent, ce qui absorbent de l’O2 et rejettent du CO2. Feuilles, fruits, et bois sont consommés et « respirés » par des phytophages, ce qui absorbe de l’O2 et rejettent du C02. A leur mort, les arbres tombent au sol et sont eux aussi consommés-respirés par champignons et xylophages, ce qui absorbe de l’O2 et rejette du CO2.
Dans une forêt mature vierge de toute intervention humaine et qui n’est traversée d’aucun cours d’eau, et comme dans tout écosystème en équilibre, respiration et photosynthèse s’équilibrent et le bilan est théoriquement nul. Il n’y a ni production ni consommation d’O2 ni de CO2 ; Pierre Thomas, extrait de « l’Amazonie, le « poumon de la Terre » ou le révélateur des limites de nos dirigeants ? » Planet Terre, 27/08/19