Le but de cette fiche est de proposer plusieurs aides méthodologies à la réalisation d’un croquis performant en géographie dans un temps limité propre aux concours de l’enseignement.

Jacques Bertin publie son traité fondateur en 1967 : Sémiologie graphique. Les diagrammes, les réseaux, les cartes. Il ouvre la voie de la sémiologie graphique (c’est-à-dire la science de la représentation graphique des données). La sémiologie a depuis connu une formidable postérité, reprise et développée notamment par Roger Brunet (La carte. Mode d’emploi, 1987) qui définit la chorématique comme une grammaire de l’espace, dont les chorèmes seraient la plus petite unité, « la structure élémentaire de l’espace géographique ». Plus récemment, d’autres travaux abordent le renouvellement d’une sémiologie plus en lien avec les Systèmes d’Information Géographique et la cartographie assistée par ordinateur.

La géographie des concours se veut de plus en plus exigeante. Le rapport de l’agrégation externe de 2021 précise par exemple que « trop de croquis sont par ailleurs mal réalisés et incomplets, ce qui souligne un manque de maîtrise des règles de sémiologie graphique » et ailleurs que « si certaines productions graphiques sont tout à fait pertinentes et soignées, d’autres sont insuffisantes. Des candidats oublient de mettre une échelle graphique sur leur croquis et ne respectent pas les règles élémentaires de la sémiologie graphique (emploi de la couleur bleu pour des espaces non-aquatiques, par exemple), font des erreurs de localisation et omettent des éléments majeurs (voie de chemin de fer, frontière, type de production agricole ou de paysage). La carte thématique étant au cœur des pratiques pédagogiques actuelles, le jury attend que les candidats soient capables de les analyser, de les critiquer, voire de les produire. Il n’est pas admissible que des candidats ne maîtrisent pas le b.a. ba de la cartographie et ignorent que les valeurs absolues et les valeurs relatives se représentent différemment. En aucun cas, le croquis ne doit être appris par cœur et plaqué sans lien avec le sujet ».

Dans le rapport de l’agrégation interne de 2021, il est précisé que « l’analyse s’appuie sur des réalisations graphiques spatialisées (deux ou trois schémas ou croquis), de préférence à des échelles différentes, respectant les règles de sémiologie graphique et n’omettant pas la toponymie indispensable au repérage. Il en va de même pour la carte de synthèse et sa légende, si le candidat juge pertinent d’en produire une. Les illustrations sont adaptées au sujet et ne sont pas la « simple » reproduction d’illustrations extraites de manuels. L’absence de réalisation graphique est souvent pénalisante ». Le même rapport insiste sur la présente de cartes et de croquis dans les leçons de géographie des épreuves d’admission: elles peuvent être réalisées à la main sur papier et être scannées dans la salle de préparation.

Pour le CAPES, le rapport du jury 2021 insiste sur le « geste graphique »: « La réalisation d’une production graphique commentée est attendue dans le devoir que celleci prenne place au sein de l’analyse scientifique ou dans l’exploitation adaptée. Cette illustration graphique, de niveau universitaire, doit permettre d’apprécier les compétences cartographiques et synthétiques des futurs enseignants. Elle est ainsi un élément capital de la copie. Les candidats disposent d’un fond de carte, sa mobilisation n’est pas obligatoire, des productions graphiques à une autre échelle (nationale ou locale), s’appuyant sur le corpus documentaire proposé, sont également envisageables. Il convient pour les candidats de s’interroger sur la pertinence de l’échelle par rapport au sujet et au fond de carte fourni. La légende de la production graphique doit être claire et organisée. Certaines productions graphiques demeurent inabouties, sans nomenclature, sans soin et présentent des erreurs de localisation, d’autres sont déconnectées de l’analyse scientifique et ne proposent qu’une pure localisation. Il est rappelé aux candidats qu’ils doivent veiller au soin et à la propreté de leur légende et de leur croquis : pour cela, il faut utiliser le matériel adéquat comme une règle pour réaliser les rectangles, des feutres fins pour les figurés linéaires et ponctuels, un remplissage propre au crayon pour les aplats de couleur. Ne pas oublier un titre, une orientation, une légende et une échelle. Enfin, il faut être cohérent entre l’échelle du croquis et le fond de carte fourni ».

Cette fiche met donc à disposition des candidats aux concours des techniques, des méthodes et des astuces pour travailler de façon claire et ordonnée à l’écrit.

UN RAPPEL: CARTE vs CROQUIS vs SCHEMA

« Les trois termes carte, croquis, et schéma, utilisés en géographie, désignent de manière générique les représentations graphiques appliquées aux espaces géographiques ; afin d’éviter toute confusion et de limiter les incompréhensions, en particulier dans les demandes adressées aux élèves, il convient que, sans esprit dogmatique, un accord se fasse entre enseignants sur l’usage de ces termes.
La carte, sous ses différentes formes, permet de repérer les lieux et l’extension des phénomènes géographiques plus ou moins proportionnalisés ; c’est une construction intellectuelle avec un langage propre dont il faut connaître la sémiologie, c’est-à-dire l’alphabet (les signes) et la grammaire (les règles de la cartographie, notamment la proportionnalité et la hiérarchisation). La réalisation des cartes a longtemps été l’apanage de professionnels disposant d’un outillage élaboré […].
Le croquis est une carte réalisée à la main à partir d’un fond de carte. Ce dernier est pourvu d’une échelle et, si nécessaire, d’une orientation (sur un planisphère l’orientation est superflue voire non pertinente). Le schéma désigne une production cartographique donnant des ordres de grandeur et de localisation, sans fond de carte, autrement dit « à main levée ». L’orientation et l’échelle restent nécessaires mais cette dernière est plus approximative que sur un croquis ».

Source: Géoconfluences 

Un site internet particulièrement précis: https://zestedesavoir.com/tutoriels/1298/la-cartographie-rendre-visible-linvisible/la-semiologie-graphique-donner-du-sens-a-la-carte/#2-le-fond-de-carte