Cette fiche de lecture synthétise 4 chapitres de l’ouvrage collectif Une histoire globale des révolutions (2023). Ils ont été sélectionnés parce qu’ils sont en rapport étroit avec la question d’agrégation interne et apportent une vision précise de l’approche globale du sujet des « révolutions atlantiques » ou de « l’âge des révolutions ».
Boris GOBILLE, « Comparer les révolutions » (p. 89-111)
Une énigme pour les sciences sociales : pourquoi comparer ?
La révolution, en tant que transformation brutale de l’ordre établi, échappe aux définitions simples. Pour certains, elle serait une rupture si absolue qu’elle en devient inexplicable. Pour d’autres, elle ne constituerait qu’un changement superficiel, recyclant les structures de l’ordre préexistant. Dans L’ancien régime et la révolution, A. de TOCQUEVILLE met en évidence des continuités politiques, sociales et administratives derrière la rupture de 1789.
L’approche comparative permet aux sciences sociales de dépasser ces lectures extrêmes – « exceptionnaliste » ou « continuiste ». Comparer les révolutions, c’est chercher des régularités sans nier les singularités, faire émerger des « airs de famille » entre événements disparates.
Les premières approches, souvent idéologiques, oscillent entre admiration (Marx) et méfiance (Tocqueville). Le marxisme conçoit la révolution comme l’ajustement politique nécessaire à un changement dans les rapports de production. La révolution française devient alors l’expression de l’ascension de la bourgeoisie. La lecture des révolutions comme maladie (Crane BRINTON, The anatomy of Revolution, 1938) a également marqué l’historiographie, en découpant les révolutions en phases (crise, radicalisation, terreur, retour à l’ordre). Mais ces modèles téléologiques, réducteurs et prédictifs, qui identifient les causes en fonction de l’issue du processus, échouent à saisir la dynamique réelle des révolutions.
Dès l’après-guerre, un tournant s’amorce : la révolution devient objet d’une sociologie comparée plus rigoureuse, interdisciplinaire, mêlant histoire, science politique et sociologie.
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