Introduction
Parler d' »internationale fasciste » peut paraître paradoxal. En effet, à la différence de la sphère communiste, il n’y eut jamais de tentative sérieuse d’unifier au niveau mondial les divers mouvements fascistes. Bien plus, l’hostilité au « cosmopolitisme », l’ultra-nationalisme, la xénophobie et, souvent, le racisme furent des composantes intrinsèques de ceux-ci, ce qui aurait dû empêcher toute solidarité autre qu’opportuniste entre fascistes de diverses nationalités. Et cependant ils développèrent des discours et des méthodes tout à fait comparables, se connurent bien les uns les autres, eurent des relations en tous genres (y compris de financement), et ceux qui parvinrent au pouvoir (en particulier les fascistes italiens et les nazis) exercèrent une véritable fascination sur leurs « petits frères » du monde entier.
Il y eut en tout cas, à l’échelle mondiale, un « moment fasciste » d’une vingtaine d’années, largement achevé en 1945 avec l’effondrement des puissances de l’Axe. Le fascisme avec le communisme constitua l’autre grand défi au capitalisme libéral – défi certes ambigu en matière économique puisque les entreprises furent davantage domestiquées qu’étatisées -, et fut même seul à assumer le rejet de la démocratie en assumant son caractère totalitaire (en Italie en particulier: « Etat total »). En tout cas le fascisme fit effectivement la guerre aux grandes puissances libérales (Etats-Unis et Grande-Bretagne en particulier), pas le communisme.
I – Qu’est-ce que le fascisme?
1 Une question complexe.
Il n’y a jamais eu de « bureau de certification » du fascisme, au sens où Moscou, voire Pékin, exercèrent ce magistère pour le communisme. Et la terminologie par laquelle les fascistes se désignèrent fut des plus variée. Le fascisme proprement dit n’exista guère qu’en Italie et un peu en Angleterre British Union of Fascists, BUF (on connait aussi un petit Parti fasciste russe, créé à Harbin (Mandchourie) dans les années 1920 dans les milieux de l’émigration russe blanche). En Allemagne on s’intitula « nationaux-socialistes », appellation reprise dans quelques pays, comme les Pays-Bas… ou les Etats-Unis. Mais on eut également en Hongrie les Croix fléchées, la Garde de Fer en Roumanie, le Parti populaire français (PPF), et aujourd’hui Aube Dorée en Grèce.
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