ACADEM : un tournant dans les recherches stratégiques françaises ? Comment alimenter et promouvoir efficacement une réflexion stratégique française ? Quels sont les enjeux réels autour de ces questions ?

 

Les défis des études stratégiques françaises

 

Depuis de trop nombreuses décennies les études stratégiques françaises semblent vouées à rester dans la double ombre des études étrangères, essentiellement anglo-saxonnes, et de la recherche universitaire. Les premières imposent leurs concepts et solutions, de la révolution dans les affaires militaires (ou RAM) à la contre-insurrection en passant par le AirSea Battle. L’OTAN, que la guerre en Ukraine a largement renforcé là où certains, au plus haut niveau, pensaient y voir un objet en « état de mort cérébrale », permet aux réflexions américaines d’infuser et de largement structurer la pensée au sein des armées occidentales.

 

 

D’un autre côté les études stratégiques en France se sont longtemps heurtées à des postures idéologiques ou politiques qui ont eu pour effet de laisser ce champ d’étude à la périphérie d’autres travaux plus reconnus, médiatiques et valorisés. Les études stratégiques ont souffert, malgré le dévouement, entre autres, de chercheurs comme Hervé Coutau-Bégarie à travers l’Institut de Stratégie Comparée, d’une non reconnaissance universitaire dramatique, comme le soulignait , en 2018, Jean-Vincent Holeindre lors d’une interview pour France 24 à l’occasion de la sortie de son livre « La ruse et la force », paru chez Perrin.

 

 

L’ACADEM : un projet ambitieux et nécessaire

 

C’est fort de ce constat que le 26 octobre 2023 a officiellement été lancée l’ACADEM, l’Académie de défense de l’École militaire.

Cliquer sur l’image pour retrouver l’article

 

En réunissant 21 organismes, privés et publics, civils et militaires, l’ACADEM a pour ambition de devenir incontournable dans le débat stratégique national et international, en favorisant les échanges de tous horizons, en soutenant la recherche stratégique française. À terme il est permis d’espérer que la France puisse proposer à son tour des concepts innovants, pertinents, à ses alliés, afin de conserver la nécessaire autonomie stratégique. Sans capacité de pensée, de réflexion, il n’est pas possible de pouvoir véritablement défendre nos intérêts et de pouvoir éclairer efficacement les décideurs, au-delà de concepts passe-partout et médiatiques qui, hélas, s’imposent trop souvent de nos jours. Faire rayonner nos réflexions, ne pas dépendre exclusivement des normes étrangères, sont autant de leviers de puissance et d’indépendance décisifs.

 

 

Bien entendu il ne s’agit pas de défendre l’idée de ne plus s’intéresser aux analyses étrangères, pour promouvoir uniquement des approches françaises. Ce serait un non-sens majeur  ; les études stratégiques ne connaissent pas de frontières et doivent se nourrir des réflexions de tous horizons. C’est d’ailleurs dans cet esprit que j’ai partagé ici des lectures comme l’essai de  Anthony King, Urban warfare in the twenty-first century.

 

Les RESMED 2023 au service de la réflexion stratégique

 

Parmi les invités à la table ronde de lancement de ce beau projet, aux côtés de Béatrice Heuser, Olivier Zajec, Delphine Allès et du général Castres,  se trouvait Xavier Pasco, directeur de la FRS, la Fondation pour la recherché Stratégique.

L’occasion de rappeler ici que dans quelques jours, du 9 au 10 novembre, se tiendront à Toulon les Rencontres Stratégiques de la Méditerranée, organisées par la FRS. L’occasion assurément de creuser le sillon de ces recherches décisives en ces moments d’incertitude et de tensions géopolitiques majeures.

 

Cliquer sur l’image pour retrouver l’article