La philosophie de l’ouvrage, écrit par un spécialiste de l’Atlantic History, correspond parfaitement à l’esprit de la question d’agrégation interne. L’ouvrage montre parfaitement les liens, les connexions et les interdépendances qui tissent la toile du monde atlantique à partir du premier Traité de Paris qui met fin à la fin de la Guerre de Sept Ans (1756-1763). Les exemples abordés traitent de tous les endroits évoqués par la lettre de cadrage (l’auteur insiste aussi sur l’Amérique latine et le Proche-Orient, deux régions du monde qui sont négligées dans cette fiche puisqu’elle ne fait pas partie du sujet d’agrégation) : Amérique du Nord, Caraïbes (Saint-Domingue + Cuba), Irlande, France, Grande-Bretagne, Républiques sœurs de la République française… Patrick Griffin montre en particulier que l’Age des révolutions est marqué par 3 émotions majeures, qu’il traite successivement en 3 chapitres, mais qui sont inséparables : l’espoir d’un monde nouveau, la peur d’une destruction de l’ordre, la diffusion de la guerre comme moyen de ramener la stabilité. La fiche est donc très complète et elle offre aux candidats un aperçu complet de ce qui doit être maîtrisé pour la dissertation d’histoire.
Le chapitre 1, le chapitre 6 et le chapitre 7 ne sont pas fichés ici parce qu’ils traitent de périodes antérieures ou postérieures à la question d’agrégation.
Prologue
New York, juillet 1776, quelques jours après la Déclaration d’Indépendance à Philadelphie. Un groupe de citoyens new-yorkais s’assemble devant l’Assemblée des Communes pour célébrer l’indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne, avant de marcher jusqu’au sud de Manhattan. Ils encerclent une statue du roi George III à cheval. Faite de plomb, la statue était dorée et reposait sur un piédestal de marbre, le tout mesurant quinze pieds de haut. L’Assemblée générale avait commandé la statue en 1766 en raison des « avantages innombrables et singuliers » que le roi avait rendus à la colonie, en particulier après l’abrogation du Stamp Act. A présent, les New-Yorkais avaient l’intention de le démolir.
Il s’agit d’un acte symbolique de régicide. Mais la scène se poursuit. Après avoir démonté la statue, la foule arrache ensuite la tête de George III (ce qui rappelle l’exécution de Charles Ier en 1469) et la place au sommet d’une pique. Plus tard, un Loyaliste est parvenu à récupérer cette tête et à l’envoyer en Grande-Bretagne, à destination de lors George Townshend, ancien Lord-Lieutenant d’Irlande. Le reste de la statue a été fondu et transformé en 42 088 balles de fusils employées par les Insurgents pour combattre les forces britanniques pendant la Guerre d’Indépendance.
Introduction
=>ce chapitre peut parfaitement faire une introduction d’une dissertation
Beaucoup de contemporains et d’historiens ont qualifié cette période d’« Age des révolutions ». En 1815, John Adams écrit « ours is the age of revolution and constitutions ». Il reprend alors la prophétie de Jean-Jacques Rousseau sur l’avènement d’un « siècle des révolutions » (1762). En 1801, Thomas Jefferson, lors de son premier discours présidentiel, se référait à la période débutée en 1776 comme d’un « age of revolution and reformation ».
Débuté à Philadelphie, cet « Age des révolutions » s’est déplacé à New York, puis en France, en Europe, dans les Caraïbes, en Irlande, en Amérique latine et en Afrique.
La conflagration qui s’ensuit a détruit des empires et a vu naître de ces cendres une nouvelle compréhension du pouvoir souverain de l’Etat. Ce nouvel Etat interdit l’esclavage, remodèle les idées dominantes de l’économie politique, bouleverse le statut des femmes et secoue le paysage politique. Dans tout le monde atlantique, des années 1760 aux années 1820, rien ni personne n’est épargné.
L’Age des révolutions est marqué par la violence et la guerre. Il a surfé sur des vagues de peur et de désordre. Il s’est déchaîné pour se propager ; mais il s’est aussi corrompu. Le pouvoir et la société ont été réorganisés, mais la transition tumultueuse d’un ordre ancien à un nouvel ordre n’a pas créé un monde de possibilités sans entraves. Malgré les espoirs inspirés de John Locke et des philosophes des Lumières, l’Age des révolutions a revitalisé l’esclavage par endroits, a utilisé la raison pour justifier la domination de quelques-uns, a imposé le libre-échange non réglementé qui a vu des parties entières de la terre marginalisées pour enrichir les autres. Il faut donc considérer cet « Age des révolutions » comme un moment où tout a basculé, mais souvent pour le pire.
Cet ouvrage porte sur les connexions, la connectedness, les circulations de personnes, de marchandises et d’idées entre les différentes rives de l’Atlantique, créant un véritable système unifié par l’idée de révolution. Patrick Griffin reconnaît son attrait pour l’histoire « croisée » ou « connectée ».
Le livre soutient que les changements qui ont transformé ce monde et fait le nôtre étaient liés aux nombreuses façons dont les hommes et les femmes ont essayé de donner un sens à un système intensément interconnecté qui changeait sous leurs yeux. Les crises qui ont provoqué la révolution ont émergé de tentatives intellectuelles, marchandes ou populaires d’améliorer le monde. Ce n’est que lorsque des Etats capables de le faire ont vu le jour que la révolution a pris fin. Au cours de ce processus, les gens se sont transformés. Cette période a illustré la capacité créative des hommes et des femmes à s’adapter à des changements déchirants et à remodeler les sociétés dans lesquelles ils vivaient.
Vous souhaitez lire la suite ?
Actifs dans le débat public sur l'enseignement de nos disciplines et de nos pratiques pédagogiques, nous cherchons à proposer des services multiples, à commencer par une maintenance professionnelle de nos sites. Votre cotisation est là pour nous permettre de fonctionner et nous vous en remercions.




