Cette fiche apporte un résumé très précis de l’histoire révolutionnaire qui frape les colonies de l’empire français dans les Antilles. C’est le lien entre révolution et colonies, entre l’Assemblée nationale à Paris et les zones de révolte dans les territoires serviles, qui est développé ici.

Voir aussi Paul Butel, La Révolution aux Antilles françaises, Perrin, 2007 (2e édition) et La révolution haïtienne des esclaves de Saint-Domingue, L’Histoire – n°531, mai 2025

Introduction

Le domaine colonial du roi de France s’étend sur quatre continents quand débute la Révolution en 1789 malgré les pertes suite à la guerre de Sept Ans (1756-1763) : St Pierre-et-Miquelon en Amérique du Nord, dans les Antilles Saint-Domingue, la Guadeloupe, la Martinique, Marie-Galante, la Désirade, Sainte-Martin, Sainte-Lucie, Tobago et la Guyane. Dans l’océan Indien, les Mascareignes comprennent l’île Bourbon (Réunion en 1793), l’île de France (actuelle Maurice) et les Seychelles, et enfin cinq comptoirs indiens.

Décalages chronologiques

2 à 3 mois selon les saisons pour faire le voyage aller-retour entre les ports français et les Antilles. Ex : l’abolition de l’esclavage proclamé par Sonthonax en août 1793 n’est appris par la Convention qu’en février 1794

Décalages politiques

On peut être révolutionnaire (contre le despotisme) en métropole et esclavagiste aux colonies et on peut être un esclave révolté et se proclamer royaliste en 1792 en se tournant vers le roi d’Espagne (qui possède la partie orientale de l’île d’Hispaniola). Et les libres de couleur combattent la législation raciale mais pas forcément le système esclavagiste.

Décalages géographiques

Révolution radicale à St Domingue, insurrection en Martinique mais réprimée et passage sous le contrôle de l’Angleterre, abolition de l’esclavage en Guadeloupe.

Quel découpage chronologique ?

1/ 1789-1794 : révolution blanches des colons, combat des libres de couleurs pour l’abolition de la législation ségrégationniste, révolte des esclaves noirs pour la liberté générale à St Domingue
2/ 1795-1799 : le Directoire, maintien de la liberté générale mais reconstitution du parti colonial, idée d’une nouvelle colonisation sans esclavage
3/ 1800-1804 réaction coloniale sous le Consulat, projets brisés par la guerre d’indépendance d’Haïti, premier État noir en Amérique

Quel ancrage historiographique ?

 Attention, pas de vision diffusionniste mais une histoire connectée et croisée des interactions entre la Révolution de France et les colonies. Différentes questions : celle es mutations du commerce colonial en période révolutionnaire, celle du lien colonial, celle des circulations humaines (commerçants, esclaves, marins, soldats, émigrés, réfugiés, prisonniers…), celles des idées et de leurs supports (rumeurs, imprimés, modèles politiques…), celle du mouvement antiesclavagiste et ses ennemis. On peut envisager les révoltes et révolutions coloniales à toutes les échelles : locales (tensions au sein des sociétés esclavagistes et ségrégationnistes), à l’échelle régionale (monde atlantique, Antilles, océan Indien), à l’échelle impériale (lien avec la métropole) et à l’échelle globale (vague révolutionnaires de la fin du XVIIIe jusqu’aux années 20)

1. L’empire colonial français à la veille de la Révolution

Les Clionautes multi-écran

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