Cette quinzième fiche de lecture porte sur le chapitre 14 du manuel de concours dirigé par Yvette Veyret et Richard Laganier. Les auteurs montrent la question centrale de l’environnement en géographie, en croisant éléments physiques et anthropologiques, sur des territoires où se côtoient de nombreux acteurs. Ce chapitre porte plus particulièrement sur la question du rapport entre environnements et santé.

Yvette Veyret est une géographique spécialiste de la question de l’approche géographique de l’environnement. Elle a dirigé l’Atlas du développement durable aux éditions Autrement.

Les autres chapitres:

INTRODUCTION. Environnements : approches géographiques (Yvette Veyret, Richard Laganier)

CHAPITRE 1. Environnement, développement durable, transition au prisme du changement climatique (Yvette Veyret et Richard Laganier)

CHAPITRE 2. Les temps de l’environnement et des paysages: géohistoire des relations Nature/Société (Philippe Valette)

CHAPITRE 3. Environnements et population : Sommes-nous trop nombreux sur Terre ? (Gilles Pison)

CHAPITRE 4. Environnement(s) et ville(s) (Anne-Lise Humain-Lamoure, Antoine Laporte)

CHAPITRE 5. Environnements et industrie (Bernadette Mérenne-Schoumaker)

CHAPITRE 6. Environnement et agriculture, l’agriculture aux prises avec l’environnement : nouvelles alliances, nouvelles révolutions ? (Monique Poulot, Pascal Baud)

CHAPITRE 7. Environnements et ressources minières et énergétiques (Bernadette Mérenne-Schoumaker)

CHAPITRE 8. Géographie de la ressource en eau (Mathilde Resch)

CHAPITRE 9. Environnements et forêts (Jean-Pierre Husson)

CHAPITRE 10. Géographie et environnements des mers et des littoraux (Yvette Veyret et Richard Laganier)

CHAPITRE 11. Environnements, humains et animaux, des relations interspécifiques sociales, culturelles et politiques (Clara Lyonnais-Voutaz)

CHAPITRE 12. Géographies intégrées des risques et des environnements : justifications, défis et solutions (Patrick Pigeon)

CHAPITRE 13. Environnement et conflits armés (Philippe Boulanger)

CHAPITRE 14. Environnements et santé : approches géographiques (Gérard Salem, Florence Fournet)

Attention croissante des spécialistes de l’environnement (GIEC, PNUE, Unicef) aux questions sanitaires, pollution de l’environnement et les autres risques environnementaux sont à l’origine de 24% des décès dans le monde.

Les préoccupations environnementales sont désormais au cœur de l’actualité, parfois directement à travers des questions sanitaires (Covid) ou indirectement (dérèglement climatique…) révèlent les U entre les mesures sanitaires (interdiction de pesticides…) et csq eco. Et sociales.

I. Santé et environnement : des concepts à partager, une démarche géographique à construire

A. Des concepts pas si bien partagés

Le concept de santé environnementale, qui n’a pas toujours été bien compris ou partagé à travers l’histoire. Il remonte à des réflexions anciennes, comme celles d’Hippocrate dans la Grèce antique, qui établissaient des liens entre les conditions de vie, la pauvreté et la santé. Des études plus récentes, comme celle de John Snow (1813-1858) sur le choléra à Londres, a mis en évidence le lien entre l’approvisionnement en eau et la propagation de la maladie. Le concept de santé environnementale a aussi des racines dans les médecines traditionnelles chinoise et ayurvédique.
Complexité du terme, qui combine à la fois des dimensions environnementales et de santé, et qui est interprété différemment selon les disciplines scientifiques.
Évolution du terme environnement : terme d’environnement est l’héritier de l’ancienne notion de milieu. Le terme de « milieu » était initialement utilisé pour combiner des facteurs physiques, sociaux et culturels en géographie, ainsi que dans d’autres disciplines comme la sociologie et la psychologie. Il avait une portée large et était très populaire dans la littérature réaliste, notamment chez Balzac.
Cependant, ce concept a été progressivement remplacé par celui d’« environnement », considéré comme plus précis et moins ambigu. Le terme « environnement » s’est ensuite élargi pour inclure des dimensions variées (physique, social, culturel, affectif, etc.), ce qui a parfois rendu la notion complexe et difficile à définir. Aux États-Unis, par exemple, « environnement » recouvre une multitude de significations, ce qui montre la difficulté de garder une définition unifiée du concept.
Ce changement terminologique a-t-il vraiment été bénéfique, étant donné la complexité accrue du terme « environnement ».
Le terme de santé est aussi complexe. Autrefois associé uniquement à l’absence de maladie, la santé est désormais définie par l’OMS comme un état de bien-être physique, mental et social. Cette définition élargie inclut des aspects de la santé environnementale, qui prend en compte les facteurs physiques, chimiques, biologiques et sociaux susceptibles d’affecter la santé humaine. Cette conception globale de la santé a pris de l’ampleur, notamment lors de la conférence d’Helsinki en 1994, où la santé environnementale a été définie comme englobant la qualité de vie et les aspects psycho-sociaux. Ce changement de paradigme montre que la santé ne se limite plus à la simple absence de maladie, mais inclut aussi le bien-être général et les interactions avec l’environnement.
La santé environnementale, nécessite une approche multidisciplinaire pour comprendre les interactions entre les facteurs sociaux, territoriaux et environnementaux. Mais difficultés méthodologiques pour évaluer les parts attribuables à ces différents facteurs dans la morbidité et la mortalité.
L’OMS souligne l’importance de facteurs environnementaux tels que la qualité de l’air et de l’eau dans les maladies. Les facteurs environnementaux peuvent se combiner pour aggraver les risques de maladies, comme la pollution et les vagues de chaleur qui touchent particulièrement les populations vulnérables (insuffisance respiratoire/surpoids).
L’épidémie de Covid-19 est utilisée pour illustrer comment les interactions entre les facteurs naturels et anthropiques exacerbent les effets de la maladie, montrant ainsi l’importance de prendre en compte ces synergies pour une meilleure gestion de la santé publique.
On retrouve les clivages historiques en géographie, notamment entre les approches déterministes, qui lient directement les traits sociaux et sanitaires à la nature d’un espace, et les approches possibilistes, qui reconnaissent que les conditions naturelles n’entraînent pas nécessairement des conséquences inévitables, comme l’endémicité d’une maladie. Ces distinctions sont importantes, surtout dans le domaine de la géographie de la santé, mais restent souvent méconnues des spécialistes de la santé environnementale.

B. L’approche géographique des relations entre environnement et santé

La santé est le résultat d’une combinaison complexe de facteurs individuels (comme le sexe, l’âge, et les gènes) et collectifs (comme le climat, les habitudes alimentaires, et les droits sociaux). Beaucoup de ces facteurs interagissent de manière à la fois indépendante et interdépendante, créant des inégalités en matière de risques pour la santé, souvent liées au statut socio-économique. Par exemple, à consommation de tabac égale, les risques varient en fonction de l’exposition à des risques professionnels, à un air pollué, ou à un accès limité aux soins.
L’approche géographique de la santé environnementale, en se basant sur un diagramme proposé par Dahlgren et Whitehead en 1991: met en évidence l’importance de prendre en compte l’interaction entre les différents éléments d’un environnement mais à reconfigurer selon chaque cas spécifique. L’approche consiste à adapter, reconfigurer et analyser les effets éventuels d’une exposition à un environnement dangereux pour la santé.

Les Clionautes multi-écran

Vous souhaitez lire la suite ?

Actifs dans le débat public sur l'enseignement de nos disciplines et de nos pratiques pédagogiques, nous cherchons à proposer des services multiples, à commencer par une maintenance professionnelle de nos sites. Votre cotisation est là pour nous permettre de fonctionner et nous vous en remercions.