Un exemple de contenu de dissertation sur le sujet « Peut-on parler de géographie environnementale en Arctique ? », proposé par Yvette Veyret et Richard Laganier dans le manuel de concours Ellipses.
Introduction
Espace maritime bordé de terres aux limites difficiles à fixer (astronomiques, biogéographiques). Espace perçu comme un désert blanc pourtant il a été anthropisé, peuplé sur les terres bordières par des populations peu nbx (Inuit Yakoutes, Nénetses). Rupture majeure : arrivée des européens de + en + présent dans un contexte de domination de type colonial. Territoire exploité, convoité et localement dégradé en cours de transformation sous l’effet du réchauffement climatique. Arctique objet de géographie environnementale.
I. L’Arctique soumis au changement climatique, un nouvel eldorado ?
Espace situé au Nord de la planète, marqué par le froid et la glace dont les limites sont difficiles à préciser. Océan bordé de terres : nord du Canada, Alaska américaine, nord de l’Europe. Où situer la limite sud de ces terres froides ? limite astronomique (cercle polaire), limite climatique (isotherme 10°C pour le mois de juillet), limite biogéographique celle de l’arbre.
déf. pol. Intègre les 8 états dont une partie du territoire est située au nord du cercle polaire : Canada, Danemark, EU, Finlande, Islande, Suède, Norvège, Russie. Les limites envisagées fluctuent avec le cgt climatique. L’ONU considère qu’il n’y a pas d’unité politique = régions arctiques appartenant à différents États. Pourtant facteurs d’unité : nuit polaire de six mois, froid, importance inégale de la neige, glace de mer (banquise), glacier de montagne, inlandsis groenlandais et sur les bordures continentales le pergélisol.
A. L’Arctique soumis au réchauffement
Autre facteur d’unité : le réchauffement climatique. Réchauffement quasi généralisé de l’Arctique depuis la fin du XXe siècle. L’Arctique se réchauffe plus vite que le reste de la planète : écart de 2°C entre la première et dernière décennie du XXe siècle, réduction de la banquise (2012, 3.4 millions de km carrés, soit une diminution de moitié par rapport à 1979-2000 6.5 millions). Causes : interactions entre augmentation de l’effet de serre, réduction de la banquise, réchauffement de la température de l’air, réduction de l’albédo, réchauffement des eaux.
Le réchauffement touche les bordures continentales et notamment les sous-sols gelés = pergélisol. csq = modifica°des écosystèmes et de l’hydrologie des sols, de la capacité des sols à stocker le carbone, augmentation des émissions de CO2 et de méthane (CH4). Ces processus peuvent amplifier par rétroaction positive le réchauffement climatique. csq sur le climat global qui dépend des évolutions des régions froides : csq sur l’océan et sa biodiversité, pop.autochtones et d’origine europ.
B. Les conséquences du réchauffement à l’échelle globale, un nvl eldorado ?
Intérêt pour les ressources arctiques est antérieur au constat du réchauffement (pétrole au Yukon). Chgt climatique et recul de la banquise facilitent l’accès aux gisements déjà exploités en Alaska, Russie, en mer de Norvège. 2016 Arctique = 10.5% et 25.5% de la produc°pétrolière et gazière mondiale. 84% de ces ressources étant situées offshore mais elles restent difficilement exploitables (banquise qui fait pression sur les plateformes, exportations difficiles). Ressources minières importantes : fer, uranium, or, argent, diamants, zinc, cuivre. Mais exploitation – importante en lien avec la rentabilité et des cours mondiaux
La possibilité de passages maritimes arctiques ouverts toute l’année est irréaliste. Recul de la banquise estivale a accru les possibilités de transit et de navigation dans l’océan Arctique grâce à deux passages à l’ouest et à l’est : PNO et PNE respectivement. Ces routes favorisent le transit mais pas de rejoindre l’Asie à l’Amérique. On ne peut pas parler d’autoroutes maritimes (Pic 2020)
C. L’intérêt croissant pour l’océan Arctique
Intérêt des Etats à étendre leur ZEE à 620km (350miles)
II. Des espaces + ou – anciennement occupés et colonisés, des impacts environnementaux variés
A. Une très ancienne occupation
Les pop. autochtones (Inuits du Groenland, du Canada, Sami en Scandinavie, Eskimos Yupiks du Grand Nord sibérien…) installées depuis des millénaires, sont répartis de manière inégale au Nord du cercle polaire. Nbr difficile à préciser. Ce sont des nomades, éleveurs de rennes ou chasseurs de mammifères marins. Jusqu’au XXème siècle, autarcie.
B. La rupture, découverte et colonisation de l’Arctique
-Débuts : les explorations des Vikings au Groenland et se poursuit avec des expéditions ultérieures aux XVIe et XVIIe siècles par des Européens cherchant à atteindre le Pôle Nord. Au XIXe siècle, l’exploration s’intensifie avec des expéditions russes et américaines, comme celle de Robert Peary qui prétend avoir atteint le Pôle Nord en 1909. La découverte de l’Arctique est récente.
-Les européens, russes et américains en ont fait un usage de type colonial. Bouleversements que cette exploration a causés chez les populations autochtones, notamment avec l’instauration d’un mode de vie européen (sédentarisation) après la Seconde Guerre mondiale, affectant profondément leurs pratiques traditionnelles.
-conséquences des politiques coloniales sur les peuples autochtones, en particulier dans l’Arctique et les régions environnantes comme le Groenland, l’Alaska et la Scandinavie. Ces peuples ont souvent été déplacés de force, privés de leurs terres et soumis à des politiques d’assimilation forcée, entraînant la perte de leurs cultures, de leurs langues et de leurs savoirs traditionnels. 2008 créations de la Commission de Vérité et de réconciliation du Canada dans le but d’évaluer les csq de la politique des pensionnats et de fournir un dédommagement. Les mêmes processus ont marqué les régions arctiques. Les pop. Les autochtones sont les populations les plus pauvres, affectées par des problèmes sociaux tels que le chômage, la mauvaise santé (alcoolisme, obésité, diabète) et un faible taux de scolarisation, avec des taux élevés de suicides chez les jeunes autochtones. Exposition aux pollutions. Ex presqu’île de Kora à la mer de Kara “poubelle nucléaire” (essais nucléaires, stockage de déchets radioactifs…)
Arctique = espace militaire depuis la 2nde Guerre mondiale et son importance stratégique s’est accrue pendant la guerre froide avec la présence d’outils de dissuasion et de systèmes de surveillance et d’alerte. 2000’s Arctique est une priorité pour tous les états, notamment la Russie. Renforcement de la présence militaire.
III. Des environnements régionaux multiples aux évolutions parfois spécifiques
A. L’Arctique russe
De la frontière finlandaise au détroit de Béring, façade maritime depuis la révolution soviétique, voie maritime d’est en ouest la + courte pour parcourir la Russie dès les années 1930 et navigable toute l’année dans sa partie occidentale. Après la 2nde guerre mondiale = Arctique russe = fonction stratégique majeure dans le contexte de la guerre froide. + importance économique (réserves de pétrole et de gaz naturel dans la péninsule de Yamal). Création de la ville de Sabetta pour accueillir essentiellement des ouvriers venant de toute la Russie et anciennes républiques soviétiques avec des règles de vie strictes.
La péninsule de Taïmyr, entre la mer de Kara et la mer de Laptev = ancien territoire de peuples autochtones, est fortement industrialisée. Norilsk, + grande concentration industrielle, centre minier. Les activités industrielles entrent en conflit avec celles des communautés autochtones (pertes de leurs terres, pollution, dégradation de l’activité d’éleveurs de rennes). La coopération entre les représentants des populations autochtones et l’État russe est difficile. Néanmoins, le rapport stratégique de 2008 concernant le dvpt socio-économique à long terme de la Russie souligne l’importance de la préservation environnementale dans les projets de dvpt futurs. A la réserve naturelle (42 000 km2) au nord de la péninsule de Taimyr et sur la mer de Kara s’ajoute en 2009 la création du parc national au nord de la Nouvelle Zemble.
B. L’Alaska américain
Achat aux Russes en mars 1867. Arctique américain fortement militarisé. + production pétrolière et gazière notamment en mer de Beaufort. Csq = construction de l’oléoduc transalaskain de 1280km de long pour acheminer le pétrole depuis l’Arctique jusqu’aux côtes sud de l’Etat d’Alaska. + riche en terres rares, zinc.
Les défis environnementaux en Alaska : le Parc Glacier Bay et du Parc Wrangell-St. Elias, tous deux classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, montre l’importance écologique en Alaska. La réserve Arctic National Wildlife Refuge (ANWR), une zone protégée qui a été au centre de débats intenses, notamment avec la législation sous l’administration Trump qui a tenté de permettre des forages pétroliers dans cette zone sensible. Et d’un autre côté, les 17 parcs dont le Parc Katmai cité pour sa richesse en oiseaux et sa biodiversité, illustrent l’importance des efforts de préservation. En ce qui concerne les populations autochtones, les exemples des communautés Inupiat, telles que Shishmaref et Kivalina, sont donnés. Ces communautés sont confrontées à des déplacements forcés en raison des inondations et de l’érosion causées par le changement climatique, un problème qui reste largement non résolu malgré les pressions sur les autorités pour trouver des solutions.
C. L’Arctique canadien
= 40 000 îles couvrant 1 400 000 km2, ressources abondantes (pétrole, fer, diamant, or, terres rares). 69% des Inuits du Canada vivent dans l’Inuit Nunangat (4 régions) qui s’étend du Labrador aux Territoires du NO. Accessible seulement en avion et en bateau. 2 régions sont des territoires fédérés (Nunavut et Nunavik) = accès au gvt et parlement fédéraux canadiens.
La population Inuit du Nunangat = taux + élevé du chômage que la pop. non autochtone (niveau de scolarité et de formation insuffisantes), les actifs travaillent dans la fonction publique mais aussi dans l’extraction des hydrocarbures et exploitation des carrières. Mais de nbx Inuits ont des activités liées aux ressources locales, aux œuvres artistiques et à l’artisanat.
Objet de protection : Pêches et Océans Canada a mis en place la + grande zone de protection marine de l’Arctique canadien dans la mer de Beaufort. + un total de 500 000 km2 d’aires protégées régies par plusieurs programmes administrés par le gvt du Canada.
D. L’arctique européen : le Groenland
Arctique européen : nord de la Scandinavie, Islande, Groenland.
Groenland = île de + de 2 millions de km2 recouverte par un inlandsis. Christianisés dès le XIIème siècle, occupés par des Vikings qui disparaissent au XVe siècle. Souveraineté danoise reconnue à la fin du XVIIème par les PU et la Russie. Pendant la 2nde guerre mondiale, implantation des bases aériennes militaires à Thulé et Angmagssalik. Thulé devient en 1951 une base pour bombardiers stratégiques nucléaire ce qui renforce la coopération des 2 pays dans le cadre de l’Otan. Bénéficie d’une autonomie interne en 1979, “communauté particulière”. 1985 retrait de l’UE pour protéger leur territoire de pêche. 1977 mises en place de la Conférence circumpolaire inuite (ICC), organisation politique et culturelle regroupant les Inuits de Sibérie, d’Alaska, du Canada et du Groenland pour favoriser les échanges. 2002, reconnu comme l’un des pays et territoires d’outre-mer de l’UE. 2009, nv régime d’autonomie élargie = droit de disposer de leurs propres ressources naturelles, droit à l’autodétermination. Mais aides financières du Danemark, des EU et de l’UE.
Les ressources groenlandaises sont étroitement liées à l’environnement de cette île : ressources halieutiques, ressources minérales et hydrocarbures (en cours d’exploitation), terres rares (12 à 25 % des réserves mondiales), potentiel hydroélectrique, tourisme
Le cgt climatique peut potentiellement transformer l’environnement du Groenland même si les conditions d’exploitat° en milieu polaire demandent des avancées technologiques et des coûts élevés.
Faiblesses : faible pop (60 000 hab.), départ des jeunes, enclavement, taux de suicide parmi les + élevés du monde (515 entre 2000 et 2010), destabilisation des pop.autochtones, convoitises des grandes puissances consommatrices de matières 1ères
Mais les Inuits sont très sensibles à l’environnement et se mobilisent pour protéger ce dernier. 1974 + grand parc national du monde reconnu en 1977 par l’Unesco comme réserve de biosphère.
Conclusion
L’environnement arctique conduit à envisager les pop. autochtones dans un milieu contraignant et csq de la colonisation par Occidentaux et leurs csq sur les milieux, ressources et pop. Dans les différentes régions arctiques des points communs ressortent : place des activités primaires, dégradation des paysages, pollution, atteintes à la culture des pop. autochtones. Seul le Canada apparaît avancé avec le Nunangat dans la reconnaissance des peuples autochtones. L’Arctique, espace géopolitique qui évolue rapidement et est convoité.
Possibilité de croquis sur le Groenland dans manuel de seconde.