La fiche synthétise le manuel Armand Colin autour du rapport entre nature et anthropocène. Elle propose un apport épistémologique important sur les notions d’ « environnement », de « biophysique », de « paysage », d’ « Anthropocène », d’ « hybride », de « géosystème », de « géodiversité ». Tous les chapitres ne sont cependant pas traités ici.

La première partie analyse les derniers apports de la géographie physique ou naturaliste, autour des « géosystèmes », des « anthroposystèmes » et des « écosystèmes ». 

La deuxième partie réfléchit sur les modèles et les méthodes d’analyse actuelle.

La troisième partie porte sur la géoarchéologie, la géohistoire, la géodiversité, le changement climatique.

La quatrième partie développe des exemples: le fonctionnement des bassins-versants anthropisés, la végétation, les limnosystèmes, le permafrost de montagne face au changement climatique.

La cinquième partie, plus didactique, n’est pas traitée ici.

Le lecteur peut aussi lire :

Introduction

Les faits environnementaux lient des dimensions physico-chimiques (séisme, tsunami), des dimensions biologiques (diversité biologique, forêt tropicale) et des dimensions sociales (une société informée dans un pays économiquement développé et des milliers de morts et de déplacés au Japon ; des populations locales, un système politique autoritaire et des ONG internationales actives au Gabon). Ces dimensions s’articulent, s’enchevêtrent les unes avec les autres.
Ces faits modifient les sociétés et la face de la Terre.
Ils impliquent des relations spatiales qui peuvent intervenir entre différents niveaux d’échelles (rôle d’ONG internationales dans la mise en place nationale et locale d’espaces protégés) et qui peuvent se traduire par une différenciation de l’espace (zones plus ou moins contaminées par les radiations) qui en retour contribue à la constitution des sociétés.

Environnement : enjeux sociaux et scientifiques

L’environnement, un concept ambigu, mais acceptable

La Terre est constituée de plusieurs composantes biophysiques qui forment une partie du cadre de vie des sociétés:

  • l’atmosphère
  • la lithosphère
  • l’hydrosphère
  • la biosphère

L’ensemble des conditions physiques, chimiques, biologiques et sociale dans lesquelles un individu ou un groupe d’individus se développent constituent donc son environnement. Il s’agit d’éléments extérieurs aux sociétés humaines qui ont une influence sur elles et qu’elles sont susceptibles de percevoir, de modifier, de s’approprier. La notion d’Environnement renvoie à une approche anthropocentrée de la nature et, de ce point de vue, certains soulignent la proximité avec le concept de milieu tel qu’il a été développé en géographie et qu’il a tendance à remplacer.

MAIS ces éléments ne sont pas uniquement extérieurs puisque, d’une part, les conditions sociales caractérisent également l’environnement et que, d’autre part, ces éléments sont définis par un rapport dynamique, incessant, entre l’individu, la société et son environnement. Ainsi, l’environnement, en tant qu’objet d’analyse, est également une forme de problématisation du rapport d’une société à la nature qui l’entoure. 

Cette idée peut être mise en rapport avec la transformation de l’agentivité écologique de l’être humain: alors qu’il vivait plutôt dans une symbiose participative avec son milieu durant la période de l’Holocène (depuis 11 000 ans), l’Homme devient un agent géologique (Dipesh Chakrabarty) qui transforme son environnement depuis la révolution industrielle et le début de l’ère de l’Anthropocène.

L’Anthropocène, un héritage et une condition

Nous sommes bien rentrés dans une nouvelle ère caractérisée par l’influence majeure de l’espèce humaine sur le système Terre.

  • 80  %  de  la  surface  terrestre  est directement impactée par les activités humaines
  • 50 % de la surface des zones humides a disparu en France entre 1960 et 1990
  • la concentration de CO2 dans l’atmosphère a augmenté de 31 % depuis 1750 (un rythme sans précédent depuis 20 000 ans)
  • la température moyenne de surface de la Terre a augmenté de  0,6 °C au cours du XXe siècle et elle augmentera probablement entre 2 et 4°C d’ici 2100
  • 6 tonnes de sol et roches par habitant sont annuellement déplacées directement par les activités humaines dans le monde (soit 10 fois plus par habitant que dans l’Antiquité, avec une population 100 fois plus nombreuse)
  • l’estimation du rythme d’extinction actuel des espèces est au moins 100 fois supérieure à celle  du  rythme  naturel  alertant  sur  la  crainte  d’une  6e  phase d’extinction à l’échelle géologique

=>Le concept d’Anthropocène est utile pour exprimer la nouvelle condition de l’humanité. Il s’agit, en effet, d’une façon de s’interroger sur le rôle des humains au sein du système Terre en soulignant le haut niveau d’interdépendance et en posant la question de la responsabilité de l’espèce humaine face au reste du vivant, responsabilité différenciée selon les groupes sociaux et les contextes spatio-temporels considérés (Christophe Bonneuil, Jean-Baptiste Fressoz, Les révoltes du ciel, Une histoire du changement climatique (XVe-XXe siècle), Seuil, 2020).

De quelle science a-t-on besoin ?

D’abord d’approches interdisciplinaires! Mais aussi d’une alternance entre études de cas et études systémiques. Il faut aussi manipuler à la fois des exemples locaux et une approche environnementale globale, aujourd’hui ou bien dans la longue durée.
L’interdisciplinarité a fait ses preuves. Elle a révélé les géosystèmes, les anthroposystèmes, les socio-écosystèmes, fait entrer du social (qu’il soit culturel, ou politique) dans du naturel et légitimé l’approche par les sciences sociales des questions environnementales et des structures.

Aujourd’hui sur des méthodes et des dispositifs d’observation qui associent de plus en plus souvent sciences naturelles et sciences humaines et sociales.

Quelle géographie de l’environnement ?

Approches naturalistes et constructivistes

L’environnement possède au moins deux dimensions : matérielle et idéelle. Cela a entraîné le développement d’une approche biophysique et d’une approche sociale.

=>La traditionnelle « géographie physique » est appelée par les auteurs « géographie biophysique ». C’est une approche naturaliste.

=>Le pôle social renvoie à des approches principalement constructivistes. Ce développement plus récent coïncide avec l’appropriation par les géographes des enjeux sociaux associés aux dynamiques du militantisme environnemental dans les années 1970-1980 (plateau du Larzac…) et a donné naissance au terme de « géographie de l’environnement » ou « des environnements » (pour souligner la diversité des thèmes et des relations). Plus récemment, Denis Chartier et Étienne Rodary (Manifeste pour une géographie environnementale: Géographie, écologie, politique, Presses de Sciences Po, 2016) ont invité à parler de « géographie environnementale ».

Cette double vision (géographie biophysique versus géographie de l’environnement), masque en réalité la diversité des pratiques. Les deux pôles constituent plutôt des centres de gravité autour desquels et entre lesquels se positionne une large gamme de pratiques.

=>Les auteurs du livre choisissent de parler de « géographie de l’environnement ». Celle-ci regroupe ainsi toutes les approches précédemment citées.

 

PREMIERE PARTIE : Positions et concepts

Voir Philippe Sierra (dir.), La Géographie : concepts, savoirs, enseignements, Armand Colin, 2e édition (2017)

Chapitre 1: La nature de l’Anthropocène : nature anthropisée, nature hybridée

L’anthropisation de la nature

La géographie pose la question du rôle des activités humaines dans le façonnement de leur environnement. Autour des notions de paysage, de ressource, de contrainte et de risque qui sont toujours d’actualité. En géographie biophysique, cette question s’est développée, en particulier, autour du concept d’anthropisation.

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