Cette composition de plusieurs fiches est proposée pour les candidats qui souhaitent une synthèse complète, chronologique et multi-thématique sur la Révolution française, de 1789 à 1804. Chaque fiche est crée à partir de la lecture d’un ensemble d’ouvrages généraux ou de monographies sur des sujets comme la Terreur, le mythe de Robespierre-roi, la place des femmes en Révolution, le coup d’Etat de Bonaparte, la Contre-Révolution, le rôle de la presse… Elles tiennent également compte de l’historiographie classique, mais aussi et surtout des débats historiographiques récents et des nouveaux champs de recherche actuels. Cette troisième fiche porte sur les difficultés de la Première République sous le Directoire.
Les autres fiches du dossier:
La Révolution française (1): Les débuts de la Révolution française
La Révolution française (2): Les débuts chaotiques de la Première République
La Révolution française (4): Les nouvelles expériences électorales
La Révolution française (5): Les femmes dans la Révolution
La Révolution française (6): Etat et religions
La Révolution française (7): La Contre-Révolution
La Révolution française (8): Le symbole révolutionnaire
III. La République perpétuellement en crise
A. Le Directoire (1er octobre 1795-10 novembre 1799)
Le Directoire hérite d’une situation économique désastreuse. Dès février 1796, le choix est fait de rompre avec les assignats, créés en novembre 1789 pour financer la vente des biens nationaux, mais très rapidement dépréciés. L’assignat est remplacé par le franc en mars suivant. Le régime a besoin d’argent et doit emprunter. Pour rembourser sa dette, il met en place de scandaleuses tractations financières : des remboursements en bons du trésor, valables pour l’acquisition des biens nationaux. C’est ainsi que 2/3 de la dette du pays sont effacés ; le dernier tiers seulement est payé en numéraire. Il s’agit en fait d’une banqueroute masquée qui, certes, épure la dette, mais ruine les rentiers et les propriétaires d’assignat et ne profite qu’à des entrepreneurs performants, peu scrupuleux, aux spéculateurs et aux grands propriétaires fonciers qui acquièrent de nouveaux biens réels, source de leur notabilité pour le siècle suivant.
Le Directoire décide également de réorganiser la perception des « quatre vieilles » (la contribution foncière, la contribution personnelle immobilière, la patente, l’impôt sur les portes et fenêtres) et d’étendre les taxes indirectes à d’autres secteurs (poste, enregistrement des actes, pêche, chasse, navigation sur les canaux, douane, papier, cartes à jouer, affiches…) et surtout les contributions de guerre : les pays occupés par les armées de la République sont ponctionnés. Les Républiques-sœurs créées à partir de 1795 au-delà du Rhin (République Batave, République Cisrhénane) puis en Italie (République Transpadane, Cispadane, Cisalpine, Ligurienne) et en Helvétie (République Helvétique) doivent être exploitées et leur économie matérielle mise au service de la République française.
La réussite de quelques poignées d’individus bien intégrés dans les milieux d’affaire et de pouvoir est alors flagrante, et contraste avec la misère généralisée que connaît la majorité des français à la fin du XVIIIe siècle. La criminalité demeure élevée, tout comme le taux de mortalité. Les routes sont mal entretenues et les transports sont irréguliers. Pendant que la population souffre de privations, les propriétaires de maisons de jeu ou de prostitution, les fournisseurs de l’armée, les grands négociants, ont rapidement su comment se rendre indispensables. Cette société fastueuse, qui entend libérer les mœurs après la Terreur, se retrouve dans les salons particuliers, à l’Opéra, dans le quartier Saint-Lazare ou au faubourg Saint-Honoré. Des personnages comme Barras, mais aussi les Reines de la nuit (les « Merveilleuses » comme Mme Tallien, Mme de Récamier ou Joséphine de Beauharnais) entretiennent la réputation de débauche de la période du Directoire.
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Bibliographie :
- BIARD Michel, DUPUY Pascal, La Révolution française, enjeux, débats, tendances historiographiques, 1787-1804, Armand Colin, 2004
- BIARD Michel, DUPUY Pascal, La Révolution française Dynamique et ruptures, 1787-1804, Armand Colin, 2008
- BIARD Michel (dir), La Révolution française. Une histoire toujours vivante, Tallandier, 2010
- BIARD Michel (dir), 1792. Entrer en République, Dunod, 2013
- BIARD Michel, BOURDIN Philippe, MARZAGALLI Sylvia, Révolution, Consulat, Empire (1789-1815), Belin, 2014
- BIARD Michel, La liberté ou la mort, Tallandier, 2015
- BOULAN Antoine, La Révolution française. Vérités et légendes, Perrin, 2023
- DUPUY Roger, MORABITO Marcel (dir), 1795. Pour une république sans révolution, PUR, 1996
- LIGNEREUX Aurélien, L’Empire des Français (1799-1815), Seuil, 2012
- LIGNEREUX Aurélien, L’Empire de la paix. De la Révolution à Napoléon : quand la France réunissait l’Europe, Passés Composés, 2023
MARTIN Jean-Clément, La Révolution française, une histoire socio-politique, Belin, 2004 - MARTIN Jean-Clément, Nouvelle histoire de la Révolution française, Perrin, 2012
- SERNA Pierre, Que demande le peuple? Les cahiers de doléance de 1789, Textuel, 2019
- SERNA Pierre, La Révolution Française, La Documentation Photographique, n°8141, 2021
- WAHNICH Sophie, L’impossible citoyen. L’étranger dans le discours de la Révolution, Albin Michel, 1997
- WAHNICH Sophie, La longue patience du peuple. 1792. Naissance de la République, Payot, 2008
- WAHNICH Sophie, La Révolution française : un événement de la raison sensible (1789-1799), Hachette, 2012
- VOVELLE Michel, Nouvelle histoire de la France contemporaine. Vol. 1. La chute de la monarchie : 1787-1792, Seuil, 1999
- VOVELLE Michel, La Révolution française, Armand Colin, 2015 (3e édition)