- Cédric PERRIN (IDHES), « Ce que l’industrialisation a fait aux artisans », Artefac (techniques, histoire et sciences humaines), n°13, 2020, pages 317-334.
-> Extrait de la fiche de lecture :
D’abord un bref rappel sur la différence entre industrialisation et « révolution industrielle » : renouvellement historiographique, débats sur la révolution industrielle dans les travaux de Patrick VERLEY (dont L’Echelle du monde). L’industrialisation ne fait pas disparaître les artisans d’Europe occidentale mais transforme les métiers et leurs pratiques. Pas de bouleversements soudain (d’où le rejet de l’expression canonique « révolution industrielle », laquelle était employée par Adolphe Blanqui en 1837 par contraste avec l’Angleterre).
Ce qu’entend démontrer l’auteur = Artisanat : transformations, réactions, adaptations à ces nouvelles modalités productives.
- Johann Chapoutot, Histoire de l’Allemagne (1806 à nos jours) (ch. 2, 3, 4, 5 et 6), PUF, Que sais-je ?, 2014.
-> Extrait de la fiche de lecture :
« En juin 1815, Congrès de Vienne et création de la « Confédération allemande », une alliance de 38 principautés, afin d’y appliquer la Restauration (après Empire napoléonien). Objectif est de lutter contre trouble révolutionnaire (grâce à une armée fédérale). Dans les années 1830, des troubles menés par libéraux et républicains contre la Restauration. Face à la répression, ces derniers émigrent en France ou en Angleterre (comme Karl Marx qui s’exile à Paris où il rencontre Engels en 1844).
Révolution industrielle : en particulier en Prusse, à l’est (Saxe, Silésie) et à l’ouest (vallée rhénane), industrie du chemin de fer.
- Exemple de Johann Borsig, qui ouvre à Berlin en 1836 « Chausseestrasse », son usine de construction de machines à vapeur. Borsig, plus grand constructeur européen, fête sa 1000e locomotive en 1858, dans usines de Berlin et Silésie.
Industrie de la confection textile, grâce aux métiers à tisser mécanique importés d’Angleterre.
Exemple : Engels, qui doit reprendre la firme fondée par son père en Westphalie, publie les « Lettres du Wuppertal » qui stigmatisent l’exploitation capitaliste et l’hypocrisie chrétienne, qui s’accommodent bien des maladies des ouvriers et des enfants. Envoyé en stage en Angleterre, Engels, choqué par Manchester, publie en 1845 La situation de la classe ouvrière à Manchester ».
- « Villageois occupés d’industrie en Europe occidentale 1830-1930 : des ouvriers hors champ ? » (ch. 1) dans La casquette et le marteau, nouveaux regards sur le travail en Europe occidentale (1830 – 1930) » dans Joëlle Alazard, Fabien Salesse, Xavier Vigna, La casquette et le marteau, nouveaux regards sur le travail en Europe occidentale (1830 – 1930), Bréal, Paris, 2021
-> Extrait de la fiche de lecture :
« Peut paraître paradoxal de parler des campagnes et de monde rural pour traiter d’un sujet qui porte sur le travail industriel et les ouvriers.
Pourtant tout au long période (1830-1930) les campagnes jamais exclusivement agricoles et pas à l’écart processus industrialisation car pr bcp de paysans la pluriactivité est la norme ils sont paysans-ouvriers ou ouvriers-paysans ds cadre une organisation familiale qui s’enracine ds le terroir et s’ouvre en même temps sur modes de production industrielle et pas artisanale
ce qu’ils fabriquent n’est pas artisanal car c’est destiné aux gds marchés extra-régionaux et internationaux avec arrangements productifs qui engagent parfois familles toutes entières et définissent leur mode de vie distinct de celui des artisans
une approche différente du monde ouvrier : regarder ce monde non pas depuis les fortes concentrations urbaines mais depuis les villages où ceux qui sont « occupés d’industrie » s’ajoutent aux nombreux artisans du village, à un moment où part pop rurale reste forte en Eur occidentale (avec variations selon pays)
paysans monde rural entre « faucilles et marteaux »[1], un pied ds la terre et un ds l’atelier ».
- Laure Machu « Genre, conventions collectives et qualifications dans l’industrie française du premier XXe siècle », Clio, Femmes, Genre, Histoire, Ouvrière, ouvriers, n° 38, 2013, p. 41-57.
-> Extrait de la fiche de lecture :
« réflexion autour définition de la valeur du travail exprimée par le salaire (point de départ de l’article : que représentent pour les ouvrières les grilles de salaires élaborées ds la 1e moitié du XXe s ?)
Début XXe s : les salaires échappent à la négociation syndicats ouvriers/patronat
Critères liés spécificités md’o conduisent à élaborer grilles salariales et hiérarchies salaires : âge, sexe, ancienneté ; la qualification pas forcément reconnue comme critère
Femmes = catégorie à part dont salaire dépend seulement de l’âge ds certains cas
Entre-deux-guerres : essor conventions coll qui se généralisent grilles salaires tiennent compte qualification du travailleur
Quand négociations pr la convention coll, la grille salariale est un acquis pr les travailleurs salariés dont qualification peut être reconnue (besoin recenser métiers et postes de tr existants pr déterminer salaire correspondant = long travail de recensement et classification)
Qualification = terme polysémique = fait réf au diplôme du salarié, mais aussi au degré de complexité des tâches qu’il effectue sur son poste de travail. »
- Alain Dewerpe, Le monde du travail (1800-1850) [Chapitres 1 et 2], Armand Colin, 1998
-> Extrait de la fiche de lecture :
Croissance du travail industriel va avec la société rurale et agricole : lent déclin au cours du XIX° siècle, rupture fin XIX° travail industriel autonome et « rationnel » prolétariat moderne et donc nouvelles formes sociales. « Transition de l’économie agraire à une économie industrielle et capitaliste » (Alain Dewerpe).
Référence pour le R-U: E.P. Thompson, The Making of the English Working-Class, 1963.
Question dominante pour le XIX° siècle : existe-t-il une « classe ouvrière » ou des « classes ouvrières » (= agrégat de communautés ouvrières désunies, voire antagonistes) ? Suppose des différences dans la vie sociale, la représentation, la régulation…
- Fabrice Bensimon, Guillaume Carnino, Gérard Noiriel, Michelle Perrot et alii, « L‘âge industriel. 200 ans de progrès et de catastrophes » [Dossier], L’Histoire, Les collections, n°91, avril-juin 2021
- Fabrice Bensimon, Guillaume Carnino, Gérard Noiriel, Michelle Perrot et alii, « L‘âge industriel. 200 ans de progrès et de catastrophes (v.2) » [Dossier], L’Histoire, Les collections, n°91, avril-juin 2021
-> Extrait de la fiche de lecture (v.1):
« Véritable légende moderne, la machine a vapeur est aujourd’hui l’objet de nombreuses réévaluations de la part des historiens. Ni invention géniale du seul James Watt, ni facteur décisif dans le décollage industriel du monde, elle a longtemps eu un rôle limité dans l’industrie. L’histoire de cette machine est à inscrire dans la longue durée, on a de nombreux travaux précurseurs. Watt bénéficie donc à la fois des inventions antérieures et du contexte spécifique aux Lumières écossaises, marquées par une forte mobilisation des élites locales en faveur de la science utile. Le démarrage de son invention est lent, en 1800, sur les 2 500 pompes du Royaume-Uni, 70% sont des machines de Newcomen, inventeur prédécesseur de Watt. Dans les décennies 1820 et 1830, l’énergie hydraulique est encore préférée aux machines à vapeur car elle est une énergie renouvelable et meilleur marché. Le choix final de la machine à vapeur tient moins à sa supériorité intrinsèque qu’à sa plus grande flexibilité car contrairement à l’énergie hydraulique, elle peut être adaptée sur n’importe quel support par un entrepreneur isolé. »
- JARRIGE François, « Est-il absurde de casser les machines ? » dans « 200 ans de révoltes ouvrières » [Dossier], l’Histoire, n°404, octobre 2014.
-> Extrait de la fiche de lecture:
Juillet 1789 : à Paris, renvoi de Necker, foule prend la Bastille ; à Rouen, des foules composées de paysans, ouvriers, artisans brisent des métiers récemment importés d’Angleterre. Des usines sont saccagées, machines mises en pièces. Rébellions rapidement réprimées mais leurs mémoire subsiste même au début des années 1830.
Révoltes des canuts lyonnais en 1831 et 1834 remettent la question sociale au cœur des débats politiques, les machines préoccupent l’opinion publique.
Les bris de machines sont vus comme le résultat de l’ignorance de « la classe ouvrière » agissant par « routine » influencée par des « agents provocateurs » qui fomentent les désordres (A. Lesguilliez, Notice historique, topographique et statistique sur la ville de Darnétal et les divers genres d’industrie exercés dans cette ville, Rouen, 1835.). L’auteur interprète les bris de machine comme une stratégie de l’Angleterre pour « retarder l’introduction des filatures à la mécanique en France » et affaiblir sa concurrente. Ces interprétations rendent les révoltes incompréhensibles.
- HORNE John, « La guerre au village » dans « 14-18, La Catastrophe », l’Histoire, collection n°61, octobre-décembre 2013, p. 56-59.
-> Extrait de la fiche de lecture:
L’image de campagnes « arriérées » passant brutalement à la modernité n’est pas entièrement fausse, surtout pour l’Europe de l’est et du sud. Pourtant la société rurale s’adaptait au marché et prenait goût à la culture commerciale diffusée depuis les centres urbains.
Quand la guerre éclate, les paysans sont en moissons. Départ des hommes de 20 à 45 ans passés privent les exploitations agricoles de leur chef ou de leur bras vigoureux. Restent à la ferme que les femmes, hommes âgés et enfants.
Le président du Conseil, René Viviani, exhorte les paysannes à assumer ce nouveau fardeau : « Au nom du gouvernement de la république, au nom de la nation tout entière (…) je vous demande de maintenir l’activité des campagnes, de terminer les récoltes de l’année, de préparer celles de l’année prochaine. Vous ne pouvez pas rendre à la patrie un plus grand service ».
Le travail en Europe occidentale des années 1830 aux années 1930 […], Paris, Ellipses, 2020, dir Knittel Fabien, Mariotti Nadège, Raggi Pascal.
– Chapitres 4 Affirmation de la forme salariale
et 18 Le temps libre, le sport et les ouvriers en Europe occidentale
– Chapitres 8La grève en Europe occidentale du XIXème siècle à la Seconde Guerre mondiale
et 22 Le syndicalisme révolutionnaire, des pratiques des artisans à celles des ouvriers (1890-1940)
Knittel Fabien – Le travail en Europe Occidentale, Ellipses, 2020, chapitres 8 et 22
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Histoire des ouvriers en France au XXe siècle, Xavier Vigna, Perrin Collection series Pour l’histoire 2012
Chapitre I. Un monde en mouvement (1900-1939)
Chapitre 2. Organisations, communautés et cultures ouvrières (1914-milieu des années 1930)
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Le temps des ouvriers, un documentaire en quatre épisodes Stan Neumann, Arte, 2020 produit par Les films d’ici
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Osterhammel, Jürgen, Hugues Van Besien – La transformation du monde une histoire globale du XIXe siècle, 2017, Introduction et Chapitre 1
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Industrialisation et sociétés en Europe occidentale 1880-1970, BUSSIERE Eric / GRISET Pascal / BOUNEAU Christophe / WILLIOT Jean-Pierre, Editions Armand Colin – 1998
Première partie :
Industrialisation et sociétés en Europe occidentale 1880-1970
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Olivier Marchand Claude Thélot – Le travail en France (1800-2000), Nathan Université – mai 1997 – 270 pages
Introduction et synthèse
Le Travail en Europe occidentale des années 1830 aux années 1930 : Mains-d’œuvre artisanales et industrielles, pratiques et questions sociales, Presses universitaires de Valenciennes, 2020
p51-68 La Grande Bretagne
et p107 à 120 La question sociale des travailleurs en Allemagne
La Grande Bretagne et La question sociale des travailleurs en Allemagne
Sous la direction de Marion Fontaine, François Jarrige et Nicolas Patin.
Partie « Repères », chapitre 1 – Le travail en Europe occidentale 1830-1939
Atlande, 2020, p. 36 à 79.
Par Fabrice Bensimon, Guillaume Carnino, Gérard Noiriel, Michelle Perrot et alii
L’âge industriel. 200 ans de progrès et de catastrophes
L’Histoire, Les collections, n°91, avril-juin 2021