L’Empire colonial français: métropole et colonies, sociétés coloniales, de la conférence de Berlin (1884-1885) aux Accords d’Évian de 1962

Bibliographie

 

Cette bibliographie est une proposition élaborée afin d’aider les candidats dans le choix de ressources à proposer à la mutualisation. Elle n’est pas exhaustive.

 

AGERON Charles-Robert, « L’Exposition coloniale de 1931 – mythe républicain ou mythe impérial ? », dans NORA Pierre (dir), Les Lieux de mémoire, tome 1, La République, Paris, Gallimard, 1984, p. 561-591.

Un article ancien mais utile sur l’événement, dans un ouvrage marquant de l’historiographie française.

**AGERON Charles-Robert, MICHEL Marc (dir), L’Afrique noire française : l’heure des indépendances, Paris, CNRS, 2010 (lère édition 1992).

Un gros volume (729 pages) de recueils d’actes d’un colloque tenu en avril 1990. Le colloque a ouvert la voie à de nouvelles recherches, autour de l’espoir qui anime l’Afrique décolonisée après que lui soit rendue sa liberté de décision. Des articles qui peuvent être anciens : la préface de la nouvelle édition annonce des compléments qui se trouvent la fin des articles. Plan en 6 parties : le rôle des forces intérieures dans la marche aux indépendances ; l’attitude française face aux indépendances ; la communication indépendantiste vue d’Afrique ; l’environnement international ; l’océan Indien ; des réflexions plus variées sur les symboles des indépendances, le self-government ou les nouveaux statuts des anciens colonisés.

ALAZARD Joëlle et BELLA Sihem (dir), Nouveaux regards sur l’Afrique coloniale française, 1830-1962, Paris, Bréal, 2021.

Une collection de regards neufs (en 280 pages) sur l’histoire de l’Afrique coloniale française, à jour, d’autant que l’historiographie sur ce sujet se renouvelle constamment. La lecture de l’ouvrage fournit des études de cas complètes sur la colonisation au village, l’occupation et l’exploitation de l’Afrique centrale, la conférence de Brazzaville (1944), l’économie, la médecine, les savoirs scientifiques, les voyages, le métissage, les tirailleurs sénégalais sur la longue durée (1830-1962), les harkis…

BALLANTYNE Tony et BURTON Antoinette (dir), Bodies in Contact: Rethinking Colonial Encounters in World History, Durham, Duke University Press, 2005.

Une approche renouvelée sur l’histoire coloniale à partir de l’histoire globale. Sont rassemblés 21 articles (tous ne portent pas sur l’Afrique) portant sur la New Imperial History, projet né de la rencontre entre les histoires impériales vues des métropoles, et du processus de décolonisation. Les études abordent les processus transnationaux, les pratiques politiques hybrides qui en naissent. Un ouvrage qui apporte un éclairage différent sur l’histoire de l’Afrique en la connectant au reste du monde.

**BANCEL Nicolas, Décolonisations ? Élites, jeunesse et pouvoir en Afrique occidentale française (1945-1960), Paris, Éditions de la Sorbonne, 2022.

Une analyse politique et institutionnelle de l’AOF, qui aborde également la question de la politisation des jeunes élites ouest-africaines. Après 1945 (mais avant les indépendances), cette jeunesse devient l’avant-garde de l’anticolonialisme, celle que les autorités ne parviennent pas à contrôler. Au cours des années 1950, cette avant-garde permet l’éclosion des syndicats et la jeunesse bouillonne et a soif de liberté. Le livre étudie la formation de cette menace contre l’ordre colonial. Le second attrait de l’ouvrage est qu’en s’intéressant à la formation intellectuelle de l’élite anticoloniale en AOF, il montre qu’un processus d’hybridation culturelle est en cours : les élites africaines ingèrent des valeurs, des normes et des conduits qui les rapprochent de leurs adversaires français. Inspirés par l’Occident, ils s’engagent dans une concurrence avec lui. C’est là toute l’ambiguïté de la décolonisation.

X https://clio-prepas.clionautes.org/decolonisations-elites-jeunesse-et-pouvoir-en-afrique-occidentale-francaise-1945-1960.html
BARJOT Dominique, FRÉMEAUX Jacques (dir), Les sociétés coloniales à l’âge des empires, des années 1850 aux années 1950, Paris, SEDES, 2012.

Un manuel de concours.

BARTHÉLÉMY Pascale, Sororité et colonialisme. Françaises et Africaines au temps de la guerre froide (1944-1962), Paris, Éditions de la Sorbonne, 2022.

Des portraits de femmes qui se sont engagé dans les syndicats, les associations, les partis politiques, pour participer aux mouvements de décolonisation. Ecrit par une spécialiste de la Gender History française.

*BAT Jean-Pierre et COURTIN Nicolas (dir), Maintenir l’ordre colonial : Afrique et Madagascar (XIXe-XXe siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012.

Un thème longtemps négligé : le maintien de l’ordre dans les colonies. Au cours des années 2010, un renouveau s’est fait autour des questions d’ordre et de police, en particulier en situation coloniale. Les auteurs soulignent l’omniprésence de cette question dans le fonctionnement quotidien de l’Etat colonial. Une riche introduction programmatique et historiographique. Une étude précise de la police et de l’Etat à Madagascar. La deuxième partie dresse une série de portraits de policiers coloniaux.

*BLAIS Hélène, DEPREST Florence, SINGARAVELOU Pierre (dir), Territoires impériaux. Une histoire spatiale du fait colonial, Paris, Publications de la Sorbonne, 2011.

Il s’agit d’explorer les liens entre la construction des savoirs géographiques et l’appropriation coloniale des espaces. L’introduction dresse un tableau historiographique très complet. Puis, 11 études sur la cartographie et les savoirs en situation coloniale dans le cas français (l’Afrique du Nord, l’Afrique subsaharienne française) mais aussi un chapitre sur les cartes de l’empire dans les atlas britanniques. Un livre inégal, mais qui donne des exemples sur l’implication culturelle des Européens sur l’Afrique colonisée.

*BLAIS Hélène, Mirages de la carte : l’invention de l’Algérie coloniale XIXe-XXe siècles, Paris, Fayard, 2014.

Un ouvrage novateur qui place la carte au cœur de la démarche de recherche. La dimension spatiale de la colonisation est bien restituée. Deux histoires et deux chronologies sont ainsi croisées : celle de l’histoire de la colonisation et celle de l’histoire des savoirs. Cela permet de mieux comprendre l’attitude des différents acteurs de la colonisation. L’auteure montre comment la constitution de la carte affirme l’autorité du pouvoir colonial sur le territoire colonisé et ses habitants. Il montre aussi que le projet colonial ne se résume pas à ses aspects politiques, économiques et militaires. Les savoirs, la géographie, la cartographie, sont aussi des instruments de l’impérialisme à ne pas négliger.

BLANC Guillaume, Décolonisations. Histoires situées d’Afrique et d’Asie (XIXe – XXIe siècle), Paris, Points, 2022.

Une vision comparative des décolonisations du point de vue des pays du Sud. Des cartes claires et des extraits de document sont ajoutés, pour fournir une synthèse complète des recherches récentes sur l’histoire des sociétés coloniales. L’Afrique n’est pas le seul continent concerné, mais les chapitres bien différenciés montrent la diversité des formes de résistance anticoloniale en AOF, au Congo belge. Il montre aussi comment les Africains ont vécu la Seconde Guerre mondiale, insiste sur le rôle moteur des grands leaders africains du panafricanisme, les débuts des nouveaux Etats indépendants, les conflits postcoloniaux, l’apartheid… Un ouvrage utile pour commencer à préparer la question, qui fournit aussi un état de la recherche à jour.

BLANCHARD Pascal (dir), Décolonisations françaises. La chute d’un empire, Paris, La Martinière, 2020.

Un livre de synthèse, appuyé sur de nombreux documents d’époque reproduits (plus de 250). Une histoire de la décolonisation est passée en revue, de manière un peu rapide parfois (240 pages au total).

*BLANCHARD Pascal et LEMAIRE Sandrine (dir), Culture impériale. Les colonies au cœur de la République, 1931-1961, Paris, Autrement, 2004.

Un atlas Autrement qui fournit une série d’éclairages sur la vision des colonies et de l’empire français au sein du territoire métropolitain de la République. La question coloniale est d’ailleurs, pour les auteurs, le seul continuum entre la IIIe République, le Front Populaire, le régime de Vichy, la France gaulliste et la IVe République. L’utopie républicaine qui se met en place est éclairée par de nombreuses cartes et documents, avec une grande place à l’Exposition de 1931.

*BLANCHARD Pascal, LEMAIRE Sandrine (dir), Culture coloniale. La France conquise par son empire, 1871- 1931, Paris, Autrement, 2003.

Un atlas Autrement qui montre comment la IIIe République a changé la relation entre la France et le monde. La culture coloniale y devient une imprégnation populaire. Il s’agit d’observer l’empire colonial français non sous l’angle de la conquête, de la possession et du contrôle, mais sous l’angle de ses apports civilisationnels au sein de la culture métropolitaine. la IIIe République a volontairement conçu, organisé, exposé, relayé cette culture coloniale (parfois inventée) dans le cinéma, le théâtre, la littérature, l’école, la chanson, l’armée, la publicité… L’Exposition coloniale est alors vue comme une « superproduction républicaine où le zoo devient humain ».

**BONIN Hubert, L’empire colonial français : de l’histoire aux héritages, XIXe-XXIe siècle, Paris, Armand Colin, 2018.

Un spécialiste de l’histoire de l’outre-mer propose une synthèse sur l’empire français à l’époque contemporaine. L’ouvrage débute sur « les héritages de la première colonisation », avant de s’interroger sur les moyens de contrôler l’empire (l’emprise sur la mer, la stratégie globale et le maintien de l’ordre). Il développe ensuite la mise en valeur économique (un domaine de spécialité de l’auteur). La 4e partie s’intéresse à la culture immatérielle, et notamment aux effets retours de l’empire dans la culture métropolitaine (forme d’histoire des représentations). La dernière partie est novatrice : elle porte sur les aspirations émancipatrices et leur réception dans la France de la IVe République. C’est ici le trait principal de la réflexion sur « l’héritage », le débat entre histoire et mémoire et l’entrée de l’Afrique dans l’histoire.

**BOUCHENE Abderrahmane (dir), Histoire de l’Algérie à la période coloniale, 1830-1962, Paris-Alger, La Découverte & Barzak, 2014.

Un livre important dans l’histoire de l’Algérie coloniale, à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Sous la forme d’une encyclopédie, il rassemble les articles de 79 auteurs français, algériens et d’autres nationalités. L’ensemble fournit une lecture agréable sur l’histoire de l’Algérie en 5 périodes. L’ouvrage donne une histoire partagée et critique de l’Algérie coloniale, sans tabous, avec une volonté de mise à distance (en particulier de la guerre d’Algérie), ce qui explique parfois la sécheresse de certains passages. Mais il s’agit d’une lecture accessible et nécessaire.

**BROCHEUX Pierre (dir), Les décolonisations au XXe siècle. La fin des empires européens et japonais, Paris, Armand Colin, 2012.

Une synthèse sur l’histoire des décolonisations, facile à lire. Toutes les parties ne concernent pas l’Afrique. Un ouvrage utile pour commencer à préparer la question.

***BUTLIN Robin A, Geographies of Empire. European Empires and Colonies c.  1880-1960, Cambridge University Press, 2009.

Une approche globale de l’impérialisme européen. Le 1er chapitre est historiographique ; le 2e propose une approche générale et chronologique ; le 3e sur les mouvements de population ; le 4e retrace l’impact des migrations dans les territoires colonisés ; les chapitres 5 à 7 traitent de l’exploration, des connaissances géographiques et de la création des sociétés de géographie ; le chapitre 8 étudie l’impact intellectuel, culturel et physique des missions civilisatrices européennes ; les chapitres 9 à 12 s’intéressent à l’environnement, aux transports, aux communications, à l’urbanisme, aux relations économiques avec les métropoles. Il se termine sur les histories de la décolonisation. Une sorte de manuel très vaste, très riche en connaissances, avec une approche attentive à la géographie.

BUTON Philippe, MICHEL Marc, (dir), Combattants de l’Empire. Les troupes coloniales et la Première Guerre mondiale, Paris, Vendémiaire, 2018.

Sur l’expérience des soldats des colonies dans la guerre. Principalement à propos du cas français, mais les autres empires ne sont pas oubliés. De nombreux articles courts écrits par une vingtaine d’auteurs rassemblés autour de 3 thèmes : « Combattre », « Politique et polémiques », « Mentalités et représentations ». Paru pour le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale.

*CHAFFER Tony et SACKUR Amanda (dir), Promoting the Colonial Idea: Propaganda and Visions of Empire in France, New-York, Palgrave, 2002.

Les auteurs s’intéressent au concept de « l’impérialisme populaire » développé par John Mackenzie, en l’appliquant au cas français. Contre l’idée que l’impérialisme n’ait été qu’une affaire de l’élite, à laquelle les masses n’auraient jamais eu accès. Au contraire, l’impérialisme est considéré comme un « nouveau patriotisme ». A comparer avec Britons. Forging the Nation de Linda Colley.

***CLAVé Yannick (dir), L’empire colonial français en Afrique: métropoles et colonies, sociétés coloniales, de la conférence de Berlin (1884-1885) aux Accords d’Evian (1962), Ellipses, 2022.

Manuel de référence sur ce programme, particulièrement complet, avec toutes les méthodes des épreuves et de nombreux sujets corrigés.De la conférence internationale de Berlin (1884-1885) aux accords d’Evian qui officialisent l’indépendance de l’Algérie (1962), la France est une importante puissance coloniale en Afrique. C’est l’objet du programme en histoire contemporaine au CAPES d’histoire-géographie, au CAPLP de lettres-histoire et à l’agrégation externe de géographie. Présente dès 1830 avec le début de la conquête de l’Algérie, la France accentue son impérialisme dans les années 1880 et 1890, moment de la « course au clocher » et du« partage » de l’Afrique entre les principales puissances européennes. Un véritable Empire colonial africain se construit, essentiellement par la guerre mais aussi par la diplomatie, faisant intervenir une multitude d’acteurs, tant en métropole qu’en Afrique. Au nom même de ses valeurs universalistes, la République élabore un projet colonial à la fin du XIXe siècle et forme progressivement un État colonial, outil essentiel à la mise en œuvre d’un ordre colonial, que les Français tentent de pérenniser sur la durée. Mais il faut aussi compter avec les Africains et les Africaines, acteurs à part entière des sociétés dans lesquelles ils vivent et de cet ordre colonial. Ils montrent, à de multiples reprises, leur capacité à s’organiser, se mobiliser et lutter, y compris à de vastes échelles dans le cadre de circulations continentales, impériales voire mondiales. Ces luttes s’accroissent particulièrement au lendemain des deux guerres mondiales, alors que la France semble incapable de rénover son projet colonial et de repenser ses relations avec les populations colonisées.

***COOPER Frederick, Décolonisation et travail en Afrique : l’Afrique britannique et française, 1935-1960, Paris, Karthala, 2004.

L’un des grands spécialistes et des auteurs à connaître et à utiliser abondamment pour la preparation de la question au concours. Une somme en 578 pages. 10 gros chapitres développent une histoire sociale comparative de l’Afrique français et britannique, de l’entre-deux guerres à la décolonisation. Il débute en 1935, à la date de la plus grande grève de travailleurs noirs africains dans les mines de Copperbelt, en Rhodésie du Nord ; en 1936, la France connaît les mêmes grèves. L’auteur pose la même question pour les deux cas, pourtant très éloignés : s’agit-il d’une révolte d’esclaves à réprimer ou faut-il reconnaître les mêmes droits à tous les travailleurs, Européens ou Africains ? C’est toute la question de la conflictualité du travail qui est interrogée. La question est d’autant plus importante que de nombreux dirigeants africains des Indépendances ont fait leurs premières armes politiques dans le syndicalisme !

***COOPER Frederick, Français et Africains ? Être citoyen au temps de la décolonisation, Paris, Payot, 2014.

L’un des grands spécialistes et des auteurs à connaître et à utiliser abondamment pour la preparation de la question au concours. Traduction d’une vaste synthèse menée en 10 ans. L’ouvrage offre une relecture des chemins de la décolonisation de l’Empire français de 1944 aux années 1960 sous l’angle des modes de citoyenneté. L’auteur s’intéresse avant tout aux débats, propositions et réformes relatifs au statut des personnes, dans le mouvement des indépendances. Un ouvrage de sociologie historique centrée sur les enjeux de citoyenneté. Il insiste sur « l’appartenance multiple » qui rappelle que la relation entre l’individu et l’Etat se decline à plusieurs échelles et qu’il n’existe pas une seule manière de la comprendre. Il montre ainsi tous les problèmes entre les principes et leur application concrète, liés à l’extension de la citoyenneté dans l’empire colonial après la Seconde Guerre mondiale.

***COOPER Frederick, STOLER Ann Laura (dir), Tensions of Empire. Colonial Culture in a Bourgeois World, Berkeley, University of California Press, 1997 (traduction française : Repenser le colonialisme, Paris, Payot & Rivages, 2013).

L’un des grands spécialistes et des auteurs à connaître et à utiliser abondamment pour la préparation de la question au concours. Une perspective globale qui veut renouveler l’histoire du « nouveau colonialisme » depuis la deuxième moitié du XIXe siècle. Il vise à renouveler l’épistémologie des études coloniales en associant les métropoles et les colonies dans un nouveau champ : l’espace impérial. L’ouvrage collectif part du principe que l’Europe a été faite par ses projets impériaux, et que les rencontres coloniales ont été façonnées par les événements survenus en Europe. Cela permet d’analyser les relations entre les métropoles et les colonies sous un nouvel angle. Les auteurs critiquent les façons de faire l’histoire postcoloniales qui négligent la complexité de la rencontre et la fabrique des identités. Ils préfèrent une approche culturelle à l’approche d’économie politique et mettent en lumières les « tensions d’Empire » qui émergent dans les discours produits par les Européens. 15 articles sur les « missions civilisatrices » permettent de mettre en évidence l’affirmation d’un « nouvel ordre bourgeois » du XVIIIe au XXe siècle. Ils proposent de repenser les catégories d’analyse du colonialisme, en lien savoir et pouvoir (influence de Michel Foucault). Ils montrent finalement comment de nouvelles définitions de la modernité ont été développées et comment de nouveaux discours et de nouvelles pratiques d’exclusion ont été élaborés. Un déplacement de la focale qui permet de renouveler la recherche. Un ouvrage d’historiographie à connaître et auquel il faudra souvent faire référence.

COQUERY-VIDROVITCH   Catherine, «   Nationalité et citoyenneté en Afrique occidentale française :  Originaires et citoyens dans le Sénégal colonial », Journal of African History, vol. 42, n°2,2001, p. 285-305.
***COQUERY-VIDROVITCH Catherine, MONIOT Henri, L’Afrique noire de 1800 à nos jours, Paris, PUF, 2005 (1ère édition 1974).

Une synthèse sur les populations noires de façon globale, d’un point de vue non événementiel, mais thématique et problématisé. La question des sources disponibles est au cœur des réflexions tout au long de l’ouvrage.

***COQUERY-VIDROVITCH Catherine, GOERG Odile (dir), L’Afrique occidentale au temps des Français. Colonisateurs et colonisés, 1860-1860, Paris, La Découverte, 1992.

Un ouvrage collectif (des historiens français et africains) qui s’intéresse à la façon dont les Africains ont réagi à cette période de l’histoire, en se concentrant sur l’Afrique de l’Ouest. Les contributions apportent un éclairage sur la réalité du vécu des Africains entre 1860 et 1960. Une introduction par Catherine Coquery-Vidrovitch qui fait état des grandes mutations occasionnées par la période coloniale. La première partie énumère et analyse les éléments de processus de changements sociaux, éducationnels, militaires, géopolitiques, économiques, religieux. La deuxième partie compte 8 études sur 8 colonies ou « Etats coloniaux ».

COQUERY-VIDROVITCH Catherine, Le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires (1898-1930), Paris, Éditions de l’EHESS, 2001.

La thèse de l’auteure, l’une des grandes spécialistes du sujet, à connaître absolument pour la préparation du concours. Elle aborde l’histoire d’une vaste colonie sous l’angle de leur appropriation par les grandes compagnies concessionnaires.

***COQUERY-VIDROVITCH Catherine, Les Africaines : histoire des femmes d’Afrique subsaharienne du XIXe au XXe siècle, Paris, la Découverte, 2012 (1ère édition 1994).

L’auteure, l’une des grandes spécialistes du sujet, à connaître absolument pour la préparation du concours, se penche sur le destin mouvementé des femmes africaines. Elle ne parle pas de la femme africaine, mais utilise de très nombreux exemples pour illustrer la diversité des modes de vie des femmes du continent. Elle découvre ainsi ce qui a souvent été occulté par les récits des colonisateurs et des missionnaires. Une étude de gender history qui comble un vide.

***D’ALMEIDA-TOPOR Hélène, L’Afrique au XXe siècle, Paris, Armand Colin, 2013 (4e édition).

Un ouvrage classique depuis sa première publication en 1999. Chaque nouvelle édition apporte ses compléments. L’ouvrage évoque surtout « les » Afrique grâce à des comparaisons entre les empires. Tout est dit dans le 1er chapitre : la colonisation aboutit à l’assujettissement des colonisés au sein d’un ordre colonial réglementaire, administratif, statutaire et humain. C’est dans ce cadre que se développe l’économie ultra-dépendante des métropoles. Une synthèse très complète.

***D’ALMEIDA-TOPOR Hélène, L’Afrique du XXe siècle à nos jours, Paris, Armand Colin, 2013 (lère éd. 1993).

Un manuel classique, plus fois réédité. Il fournit des repérages très clairs et peut être utile pour commencer la préparation de la question. L’auteure fixe le cadre de la colonisation (l’assujettissement des colonisés et le développement d’une économie très dépendante des métropoles. Les quatre parties chronologiques montrent un continent « dominé », « exploité » puis « émancipé » et « entre ouverture et cloisonnements ». Le chapitre 13 intègre l’Afrique dans le XXIe siècle. Il permet de poursuivre l’histoire de l’Afrique à notre époque.

***DORIGNY Marcel, KLEIN Jean-François, SUREMAIN Marie-Albane de, PEYROULOU Jean-Pierre et SINGARAVÉLOU Pierre (dir), Grand atlas des empires coloniaux : des premières colonisations aux décolonisations (XVe – XXIe siècles), Paris, Autrement, 2019 (2e édition).

Un regroupement de 3 atlas des éditions Autrement : Atlas des premières colonisations, Atlas des empires coloniaux, Atlas des décolonisations. Il fournit ainsi, en un seul volume de 288 pages, une vaste couverture du sujet. Il se compose de 12 chapitres et de 370 cartes ou infographies. L’ouvrage permet également une mise à jour sur les études des sociétés coloniales. De nombreux exemples sont présents. Un outil très utile.

**DROZ Bernard, Histoire de la décolonisation au XXe siècle, Paris, Éditions du Seuil, 2006.

Une présentation des empires coloniaux dont, selon l’auteur, l’apogée contient déjà les germes de sa future désorganisation. C’est ce qu’il nomme « les contradictions coloniales ». Puis, une série d’études régionales sur les décolonisations. Il s’efforce de montrer les limites de la décolonisation, parce que les nouveaux Etats ont rarement offert au peuple l’exercice de sa souveraineté.

ECHENBERG Myron, Les Tirailleurs sénégalais en Afrique occidentale française (1857-1960), Paris, Karthala, 2009.

La traduction française de Colonial Conscripts, paru en 1991 par un spécialiste de l’histoire africaine. L’étude cherche à définir la place des soldats français issus des colonies (qui ne sont pas seulement sénégalais) depuis la création du régiment par Louis Faidherbe en 1857. Il met en valeur l’histoire militaire, tout en analysant les tirailleurs comme une métaphore du colonialisme : ils ont une forte place dans l’imaginaire français, mais les historiens ne s’y intéressent que depuis peu. L’ouvrage traite de 4 périodes : les débuts de ces troupes et leur place dans la conquête coloniale ; l’armée d’occupation entre 1905 et 1919 ; le recours à la conscription et ses conséquences migratoires entre 1918 et 1945 ; la professionnalisation et la participation aux guerres coloniales de 1946 à 1960.

**EL MECHAT Samia (dir), Coloniser, administrer, pacifier, XIXe-XXIe siècle, Paris, CNRS Éditions, 2014.

Une étude étendue sur deux siècles, qui regroupe 22 articles pointus et sur le monde entier. Il s’agit d’une succession d’exemples et d’études de cas autour de la « pacification » et de « l’administration » dans le cadre colonial.

ETEMAD Bouta, La possession du monde. Poids et mesures de la colonisation, Bruxelles, Complexe, 2000.

Une approche économique de la domination coloniale.

FARGETTAS, Julien, Les tirailleurs sénégalais.  Les soldats noirs entre légendes et réalités :  1939-1945, Paris, Tallandier, 2012.

Une monographie issue d’une thèse de doctorat. Elle retrace l’engagement des soldats africains de l’empire français dans la Seconde Guerre mondiale. Un éclairage sur ce qui précède la décolonisation : mobilisés en masse à partir de 1939 dans les Forces Françaises de Libération, ils vivent une condition militaire spécifique, faite de nombreux privilèges. A la fin de la guerre cependant, des promesses faites envers ces engagés ne sont plus tenues par l’Etat français, ce qui entraîne des manifestations de mécontentement lors des démobilisations en 1944-45. Les soldats sont rapatriés en Afrique et réprimés quand ils s’expriment (exemple du massacre du camp de Thiaroye, près de Dakar).

***FERRO Marc, Le livre noir du colonialisme (XVIe-XXIe siècle) : de l’extermination à la repentance, Paris, Robert Laffont, 2003.

Un ouvrage historiographique à connaître. Une approche critique et postmoderne de la colonisation.

FOGARTY Richard, Race and War in France. Colonial Subjects in the French Army, 1914-1918, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2008.

Etude de l’intégration des soldats africains dans l’armée française pendant la Première Guerre mondiale. Les Africains (Noirs, musulmans…) ont combattu aux côtés des métropolitains. Cette histoire est connue. En revanche, l’auteur étudie le racisme multiforme dont ont été victimes les « troupes indigènes » tout au long du conflit, et les oppose aux valeurs républicaines qu’ils s’acharnent à défendre malgré tout. C’est une interrogation importante (et provocante, par un historien américain) sur les relations qu’entretient la France et son empire.

***FRÉMEAUX Jacques, De quoi fut fait l’empire ? Les guerres coloniales au XIXe siècle, Paris, CNRS Éditions, 2014.

Le spécialiste de la question militaire coloniale. Un ouvrage de grande qualité et très érudit d’analyse comparative de la guerre coloniale au XIXe siècle, qui est abordée ici comme une histoire globale. Selon lui, toutes ces guerres lointaines ne peuvent se comprendre que par la comparaison des unes avec les autres. L’ouvrage invite à découvrir les armées coloniales dans leur complexité, en 576 pages. De nombreuses explications très denses.

***FRÉMEAUX Jacques, Les colonies dans la Grande Guerre. Combats et épreuves d’outre-Mer, Saint-Cloud, SOTECA, 2006.

Le spécialiste de la question militaire coloniale. Un ouvrage très érudit de 393 pages. C’est une synthèse des recherches à jour (2006) sur la participation des soldats de l’outre-mer français à la Première Guerre mondiale. De nombreux points abordés.

FREMIGACCI, Jean, État, économie et société coloniale à Madagascar (fin XIXe siècle – 1940), Paris, Karthala, 2014.

Une monographie sur Madagascar, qui cherche à expliquer les raisons de l’instabilité de l’Etat malgache dans ses racines coloniales. L’Etat royal du XIXe siècle, puis l’Etat colonial et post-colonial ont mis en place un Etat autoritaire et bureaucratique, qui a monopolisé le pouvoir et les richesses du pays. En excluant les populations et en exploitant le territoire au service d’une minorité ou d’une population lointaine en métropole, ils ont accru le fossé entre les gens du pouvoir et la population, aboutissant à l’insurrection de 1947.

**GINIO Ruth, The French Army and its African Soldiers. The Years of Decolonization, Lincoln and London, Nebraska University Press, 2017.

Une spécialiste de l’histoire coloniale traite de l’histoire des soldats originaires d’Afrique subsaharienne qui combattent pour la France, à une période où l’empire colonial français se disloque pourtant : 1945-1962. L’ouvrage est centré sur les soldats coloniaux transportés en Indochine puis en Algérie, menés par la puissance française pour préserver ses intérêts impérialistes. Elle étudie les raisons qui ont poussé ces soldats à continuer à se battre pour la France.

GOEBEL Michael, Paris, capitale du tiers monde. Comment est née la révolution anticoloniale (1919-1939), paris, La Découverte, 2017.

Une approche qui prend le contre-pied des travaux célèbres de Frederick Cooper. Pour Cooper, les mouvements indépendantistes sont nés dans les colonies dans la décennie 1950 (après le sacrifice de la Seconde Guerre mondiale). Pour Goebel, les nationalismes des années 1960 ont été inspirés par les mouvements communistes et anti-impérialistes formés à Paris dans l’entre-deux guerres. A Paris, la co-présence de personnes originaires de tout l’empire français aurait fait prendre conscience à cette élite que l’impérialisme est un véritable système de domination mondiale. Un livre à connaître pour le débat, mais qui a aussi été très critiqué.

***GOMEZ-PEREZ Muriel (dir), Femmes d’Afrique et émancipation. Entre normes sociales contraignantes et nouveaux possibles, Paris, Karthala, 2018.

Un ouvrage de gender history grâce à 14 études qui explorent la situation des femmes africaines sous l’angle de l’émancipation et du poids des contraintes. Les auteurs, de disciplines variées (histoire, science politique, anthropologie) abordent les notions d’empowerment et d’agency des femmes (une forme d’history from below, qui part des actrices et de leur agentivité dans l’histoire, plutôt que de partir des structures imposées). Il faut comprendre par agency « le processus selon lequel des individus comme des collectivités prennent conscience de leur situation de dominés et parviennent à faire des choix pour s’extraire de leur situation », mais aussi comme « la capacité des individus à faire des choix et à agir en conséquence ». Dans ce livre, les femmes ne sont pas des sujets passifs, mais de réelles actrices de leur existence : des militantes, des personnes qui s’extraient des normes sociales, des héroïnes émancipées.

GUERASSIMOFF Éric, MANDE Issiaka (dir), Le travail colonial. Engagés et autres mains-d’œuvre migrantes dans les empires (1850-1950), Paris, Riveneuve Éditions, 2015.

Une approche des Subaltern Studies. Les différentes contributions (toutes ne concernent pas l’Afrique) étudient alors le travail colonial du point de vue des travailleurs subalternes, souvent anonymisés, en faisant référence aux progrès de la recherche en histoire des migrations internationales et en histoire globale du travail.

**GUYON Anthony, Les tirailleurs sénégalais. De l’indigène au soldat. De 1857 à nos jours, Paris, Perrin, 2022.

Un ouvrage très récent par un spécialiste des tirailleurs sénégalais. L’ouvrage invite à suivre des parcours individuels et quotidiens, tout en les intégrant à l’histoire globale des sociétés coloniales, de 1857 aux années 1960. Chaque chapitre se termine par un portrait d’un soldat. Un ouvrage très intéressant et vivant.

HARBI Mohammed et STORA Benjamin (dir), La Guerre d’Algérie. 1954-2004, la fin de l’amnésie, Paris, Robert Laffont, 2004.

Un ouvrage collectif écrit 50 ans après le déclenchement de l’insurrection d’Algérie. Les 25 meilleurs spécialistes sont rassemblés pour proposer une histoire dépassionnée et objective de la guerre d’Algérie. Une approche thématique plutôt que chronologique, et une analyse des mémoires.

***HUGON Anne (dir), Histoire des femmes en situation coloniale. Afrique-Asie (XXe siècle), Paris, Karthala, 2004.

Un ouvrage qui fait suite à une journée d’étude organisée par la revue Clio en septembre 2002. Les contributions traitent d’expériences coloniales dans plusieurs parties de l’empire colonial français (pas uniquement en Afrique). Il commence avec trois chapitres historiographiques. Une approche clairement féministe, africaine et postcoloniale.

**HUGON Anne, L’Afrique des explorateurs. Vers les sources du Nil, Paris, Gallimard, 1991.

Une histoire des aventuriers/scientifiques partis à la découverte du continent noir.

**HUGON Anne, Vers Tombouctou. L’Afrique des explorateurs II, Paris, Gallimard, 1994.

Une histoire des aventuriers/scientifiques partis à la découverte du continent noir.

JENNINGS Eric, « Le poids des empires coloniaux dans   la guerre », dans AGLAN Alya et FRANK Robert, La Guerre- monde, Paris, Gallimard, 2015.
JOLY Vincent, Guerres d’Afrique. 130 ans de guerres coloniales. L’expérience française, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009.

Une synthèse des guerres coloniales françaises de la prise d’Alger en 1830 à la guerre d’indépendance algérienne entre 1954 et 1962. Le livre suit une logique chronologique qui présente les différents théâtres d’opération de l’armée française, surtout avant 1914.

*KILLINGRAY David, RATHBONE Richards (dir), Africa and the Second World War, Londres, James Curey, 2010.

Le livre examine l’importance militaire, économique et politique de l’Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale. Les essais présentent de nouvelles recherches et des approches innovantes de l’historiographie de l’Afrique et mettent en évidence les questions de race, de genre et de travail pendant la guerre, des sujets qui n’ont pas encore reçu beaucoup d’attention critique. Ils explorent les expériences des combattants, hommes et femmes, des producteurs paysans, des commerçantes, des missionnaires et des travailleurs du sexe. La première section propose trois essais introductifs qui donnent un aperçu à l’échelle du continent de la façon dont l’Afrique a soutenu l’effort des Alliés grâce à la main-d’œuvre et aux ressources. Les six sections qui suivent offrent des études de cas individuelles de différentes parties du continent. Les contributeurs offrent une vue macro et micro des multiples niveaux sur lesquels les contributions de l’Afrique ont façonné la guerre ainsi que la façon dont la guerre a affecté les individus et les communautés et transformé le paysage politique, économique et social de l’Afrique. Un ouvrage qui propose des études de cas précises d’une forme d’intégration des colonies africaines au monde pendant la guerre.

KLEIN Jean-François, LAUX Claire (dir), Les sociétés coloniales à l’âge des empires, des années 1850 aux années 1950, Paris, Ellipses, 2012.

Un manuel de concours.

LAUX Claire, RUGGIU François-Joseph, SINGARAVELOU  Pierre (dir.), Au sommet de l’empire. Les élites européennes dans les colonies (XVIe-XXe siècles), Bruxelles, Peter Lang, 2009. X https://clio-prepas.clionautes.org/au-sommet-de-lempire-les-elites-europeennes-dans-les-colonies-xvie-xxe-siecles.html
« Les sociétés coloniales du côté des femmes », L’Histoire, n° 371, janvier 2012. X https://clio-prepas.clionautes.org/les-societes-coloniales-du-cote-des-femmes.html
LE CROM Jean-Pierre et BONINCHI Marc (dir), La chicotte et le pécule. Les travailleurs à l’épreuve du droit colonial français, XIXe – XXe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2021.

Une recherche sur la répression et la protection de la main d’œuvre coloniale. Il traite certes de l’esclavage, mais aussi des transformations permanentes du travail en milieu colonial sous l’effet des mouvements de résistance des travailleurs, des évolutions politiques en métropole ou des institutions internationales. C’est un droit du travail original (différent de celui de la métropole) qui est ainsi mis en évidence. Les 13 contributions apportent une synthèse utile sur l’histoire du droit du travail dans l’empire colonial français.

LEFÈBVRE Camille, « Combattants, travailleurs, prisonniers : les Africains dans la guerre », dans AGLAN Alya, FRANK Robert, La Guerre-monde, Paris, Gallimard, 2015.
LEFÈBVRE Camille, Des pays au crépuscule. Le moment de l’occupation coloniale. Sahara- Sahel, Paris, Fayard, 2021.

L’auteure examine comment quelques dizaines de soldats ont imposé la domination coloniale dans les deux villes de Zinder et d’Agadez, au Niger. Elle redonne vie aux militaires français, aux tirailleurs, aux sultans et leur cour, aux lettrés et aux savants de la région, ainsi qu’à la masse de la population. Elle retisse alors les fils des mondes enchevêtrés de la colonisation.

LEJEUNE Dominique, Les sociétés de géographie en France et l’expansion coloniale au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 1993.

Le livre étudie l’essor de la géographie universitaire (la première société de géographie est créée à Paris en 1821) en lien avec l’aventure coloniale de la IIIe République. Issu de la thèse de doctorat de l’auteur. Il voit trois périodes : les efforts de la Société de Géographie de Paris (la seule au monde) s’occupe d’abord de l’exploration du globe par curiosité d’esprit, plutôt que par goût du voyage (1821-1864) ; entre 1861 et 1880, elle s’oriente vers une géographie utilitariste et commerciale en soutien de l’expansion coloniale dès le Second Empire ; à partir de 1890, les conquêtes coloniales touchant à leur fin, la fièvre pour la géographie retombe et les sociétés de géographie perdent peu à peu leurs adhérents. La géographie est donc une science qui s’est développée grâce à l’aventure coloniale.

*LEVISSE-TOUZÉ Christine, L’Afrique du Nord dans la guerre (1939-1945), Paris, Albin Michel, 1998.

La première synthèse exhaustive sur le sujet. L’auteure retrace les faits et tire au clair la situation politique qui succède au débarquement des troupes alliées en novembre 1942. Elle montre également comment cette situation de participation du Maghreb à la victoire contre les forces de l’Axe ont constitué un élément déterminant dans la chute des empires coloniaux dans les années suivantes.

LEVRAT Régine, Le coton en Afrique occidentale et centrale avant 1950 : un exemple de la politique coloniale de la France, Paris, L’Harmattan, 2008.

A partir d’un thème limité (la culture du coton), cette étude apporte un éclairage sur l’histoire pré-coloniale de l’Afrique Occidentale et Centrale, et sur la politique coloniale de la France dans cet ensemble. Il s’agit d’une approche de la longue durée. Les Français ont cherché à diffuser la culture du coton en Afrique Occidentale et Centrale dès le début de la colonisation, afin de ravitailler leur industrie textile alors en pleine expansion, et de limiter sa dépendance vis-à-vis des Etats-Unis. Les résultats furent décevants, sauf en Oubangui et au Tchad dans les années trente, où l’Administration fit appel à des sociétés à charte établies au Congo belge. La dramatique pénurie de fibre durant la Seconde Guerre mondiale amena un revirement de la politique française, et la création, grâce à l’expérience acquise, de deux organismes publics chargés l’un de la recherche, et l’autre de l’organisation de la culture du coton, qui assureront son succès ultérieurement.

**LORIN Amaury, TARAUD Christelle (dir), Nouvelle histoire des colonisations européennes. XIXe-XXe siècles, Paris, PUF, 2013.

Une histoire comparée autour de certains thèmes débattus depuis longtemps autour de la diversité des passés de la colonisation. Différents chapitres sur de nombreux thèmes, très variés. Ce sont autant de « scènes » de l’histoire coloniale et anticoloniale qui se succèdent.

**LOVEJOY Paul, Une histoire de l’esclavage en Afrique. Mutations et transformations (XIVe – XXe siècles), Paris, Karthala, 2017.

L’ouvrage rappelle que l’esclavage est aussi une institution centrale de nombreuses régions d’Afrique. C’est une synthèse globale très complète de 442 pages qui retrace une histoire chronologique de l’esclavage en Afrique.

MANCHUELLE François, Les diasporas des travailleurs soninkés, migrants volontaires (1848-1960), Paris, Karthala, 2004.

La thèse de l’auteur (1997) enfin traduite. L’étude retrace la genèse d’une migration dont les membres constituent l’un des plus importants courants migratoires subsahariens en France. L’ouvrage contredit ainsi l’image préconstruite du migrant africain pauvre. Les Soninkés sont les premiers commerçants itinérants d’Afrique. A la fin du XIXe siècle, ils savent profiter des opportunités coloniales : ils parcourent la Sénégambie, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Congo, pour travailler et commercer. La marine marchande les emploie massivement. Le livre remet en cause l’idée selon laquelle seule la coercition coloniale serait au fondement des migrations de travail. Ce sont au contraire les plus riches Soninkés qui se déplacent pour renforcer leur statut social. Les migrants deviennent les acteurs de leur propre histoire, non des victimes déracinées d’un sous-développement colonial.

***M’BOKOLO Elikia (dir), Afrique noire. Histoire et civilisations. T. II. Du XIXe siècle à nos jours, Paris, Hatier-AUF, 2008 (1ère édition 1993).

Un manuel pour étudiant, à la fois thématique et chronologique. L’Afrique noire y est considérée dans sa globalité, au travers de typologies et d’approches thématiques claires.

MESSAOUDI Alain, Les arabisants et la France coloniale. Savants, conseillers, médiateurs (1780-1930), Lyon, ENS Éditions, 2015.

La thèse de doctorat de l’auteur. Une mise au point des rapports entre la vie savante et la politique coloniale. L’Algérie est au centre de l’ouvrage, qui porte sur l’édification de l’orientalisme français et de ses conséquences politiques, sociales et culturelles.

MICHEL Joël, Colonies de peuplement : Afrique (XIXe-XXe siècle), Paris, CNRS Editions, 2018.

Une approche des colonies de peuplement et des colons volontaires, plutôt que des indigènes soumis à un ordre supérieur. La poussée démographique du XIXe siècle entraîne une européanisation du monde, au travers de la figure du pionnier. C’est la question de la situation des colons, de leur rapport à la terre, à la richesse, aux indigènes et à leur propre métropole qui est interrogée.

**PERVILLÉ Guy, Atlas de la guerre d’Algérie. De la conquête à l’indépendance, Paris, Autrement, 2011 (1ère édition 2003).

Un Atlas Autrement qui fournit une approche claire de la guerre d’Algérie grâce à 70 cartes et graphiques.

***REID Richard, A History of Modem Africa: 1800 To the Present, Oxford, Wiley-Blackwell, 2019 (3e édition).

Le livre explore deux siècles d’histoire économique, politique et sociale du continent africain. Il explique de manière synthétique les processus qui ont modelé l’Afrique contemporaine, en mettant l’accent sur les conséquences de l’ordre colonial pour la période des indépendances. Un spécialiste du sujet. La 3e édition se focalise sur l’agency africaine, particulièrement au cours de la période coloniale, et met à jour les débats sur la période post-coloniale. Ecrit par un spécialiste.

**ROCHEBRUNE Renaud (de) et STORA Benjamin, La guerre d’Algérie vue par les Algériens, 2 volumes, Paris, Gallimard, 2016.

Les auteurs veulent raconter autrement la guerre d’Algérie, en proposant un récit lisible par tous telle qu’elle a été vue et vécue par les Algériens (et en premier lieu par les militants et les combattants indépendantistes). L’objectif est de se détacher d’une historiographie fabriquée par le colonisateur d’une part et recomposée par le nationalisme algérien d’autre part. Par une approche directe auprès des témoins, les auteurs rédigent une histoire désinstitutionnalisée, avec la chronologie au cœur de leur approche. Le sujet dépasse donc largement la guerre d’Algérie pour s’intéresser aux racines et aux cultures algériennes. Le premier volume court de 1830 à 1957 ; le second de 1957 à nos jours.

*SAÏD Edouard, L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Paris, Seuil, 1978.

Un ouvrage à connaître absolument. Edward Saïd est un historien palestinien qui s’intéresse au discours de l’Occident sur le Proche et le Moyen-Orient. Il démonte tout l’argumentaire occidental sur l’orientalisme, en démontrant que l’Orient est une invention des Occidentaux à partir de leurs propres mirages. Il est alors essentialisé afin de correspondre aux discours civilisationnels des savants occidentaux depuis le XIXe siècle. L’auteur invite donc à redécouvrir le vrai Orient à partir de vraies recherches et de vraies sources afin de « désoccidentaliser » les représentations.

SIBEUD Emmanuelle, Une science impériale pour l’Afrique ? La construction des savoirs africanistes en France, 1878-1930, Paris, Éditions de l’EHESS, 2002.

L’ouvrage décrit et analyse le parcours épistémologique de l’africanisme français tel qu’il s’est construit à l’époque coloniale, de la création du musée permanent d’ethnologie au Trocadéro jusqu’à l’Exposition Universelle de 1930 (marquée par la création de la Société des Africanistes). En 9 chapitres, l’auteure montre que les explorations et les missions scientifiques construisent un savoir européen sur l’Afrique, sous un angle ethnographique. Elle montre aussi que la domination coloniale n’a pas suscité la création d’une science nouvelle dévouée à la colonisation (l’ethnographie n’est pas mise uniquement au service de la colonisation, comme l’a été la géographie).

**SINGARAVÉLOU Pierre (dir), L’Empire des géographes. Géographie, exploration et colonisation, XIXe – XXe siècle, Paris, Belin, 2008.

Un ouvrage collectif de 18 spécialistes lors d’un colloque tenu en octobre 2005. Les articles cherchent à définir la « géographie coloniale » et le colloque est une réponse au courant des Postcolonial Studies qui condamnent l’implication de la science géographique dans la colonisation. Quatre thèmes : les lieux de production du discours géographique en France ; les usages politiques et militaires de la géographie en situation coloniale ; les géographies littéraires et leurs manières de produire des savoirs ; le passage de la géographie coloniale à la géographie tropicale.

SINGARAVÉLOU Pierre (dir), Les empires coloniaux (XIXe – XXIe siècle), Paris, Points, 2013.

Une synthèse collective et historiographiquement à jour. L’idée centrale est que les empires coloniaux ne sont pas que des espaces de domination uniformes : ils ont aussi été des cadres d’adaptation à cette domination, des lieux d’interaction (violente le plus souvent, mais pas toujours) et de négociations asymétriques. Les chapitres ne sont pas événementiels : ils offrent une approche comparative des empires coloniaux européens, états-uniens et japonais. Ce sont des approches contextualisées qui offrent une vision synthétique et globale du sujet.

SINGARAVÉLOU Pierre, Professer l’Empire. Les « sciences coloniales » en France sous la IIIe République, Paris, Publications de la Sorbonne, 2011.

Un ouvrage issu de la thèse de doctorat de l’auteur. Il y étudie l’élaboration et la diffusion d’un savoir colonial en plein essor pendant la période d’expansion outre-mer de la IIIe République (en lien avec le développement des universités, de l’école et de la science positiviste). Il montre le lien entre le monde savant et la mouvance colonialiste républicaine.

STAM Anne, L’Afrique, de la colonisation à l’indépendance, PUF, 2003.

Un Que Sais-Je ? qui peut servir d’introduction au sujet.

X https://clio-prepas.clionautes.org/lafrique-de-la-colonisation-a-lindependance.html
STORA Benjamin, Histoire de l’Algérie coloniale, 1830-1954, Paris, La Découverte, 2004 (1ère édition 1991).

Un petit livre facile à lire. L’histoire d’un Pied-Noir qui veut expliquer ce que fut le passé proche de l’Algérie. Il pose la question (un peu téléologique) : comment en est-on arrivé là ? Une approche très personnelle et engagée.

STORA Benjamin, Histoire de l’Algérie depuis l’indépendance, 1962-1988, Paris, La Découverte, 2004.

La suite du premier ouvrage de Benjamin Stora. Celui-ci se concentre plutôt sur la période qui suit la guerre et l’indépendance, et la construction de l’Algérie en tant qu’Etat, jusqu’à l’effondrement du FLN comme parti unique en Algérie.

SURUN Isabelle (dir), L’empire colonial français en Afrique : métropole et colonies, sociétés coloniales, Paris, Atlande, 2022.

Un manuel de concours.

X Introduction et historiographie: https://clio-prepas.clionautes.org/historiographie-histoire-empires-societes-coloniales-1884-1962.html
SURUN Isabelle (dir), La France et l’Afrique (1830-1962), Paris, Atlande, 2020.

Un manuel de concours.

SURUN Isabelle (dir), Les sociétés coloniales à l’âge des empires, des années 1850 aux années 1950, Paris, Atlande, 2012.

Un manuel de concours.

THÉNAULT Sylvie, Violence ordinaire dans l’Algérie coloniale.  Camps, internements, assignations à résidence, Paris, Odile Jacob, 2012.

Ecrit par une spécialiste de la question, engagée dans une histoire critique des systèmes de répression du colonialisme français en Algérie. Cette lecture de l’internement de 1830 à 1962 illustre comment l’administration française a tenté, de manière « ordinaire », d’imposer un ordre colonial sur une population qui rejetait sa présence.

URBAN Yerri, L’indigène dans le droit colonial français, 1865-1955, Paris, Fondation Varenne, 2010.

Une thèse de doctorat qui étudie l’histoire du droit de la nationalité propre aux colonisés. Le texte met en évidence les degrés d’adhésion des juristes à la culture raciale de la IIIe République et la complexité des rapports entre « race » et « république », pour comprendre l’importance de la logique raciale dans les théories et les pratiques de la IIIe République.

URFER Sylvain, Histoire de Madagascar. La construction d’une nation, Paris, Hémisphères/ Maisonneuve & Larose, 2021.

Une étude à jour de l’histoire malgache sur la longue durée, problématisée autour de la création de l’identité du pays.

WESSELING Henri, Les empires coloniaux européens 1815-1919, Folio histoire, 2009 (1ère édition 2003).

Une grande synthèse d’histoire comparative, très utile pour commencer la préparation de la question (même si l’ouvrage s’intéresse surtout au XIXe siècle).

X https://clio-prepas.clionautes.org/les-empires-coloniaux-europeens-1815-1919.html